Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La mort dans la peau (The Bourne Supremacy)


USA / 2004

08.09.2004
 



A MORT ET AMNESIE





"- Tu parles de ça comme si tu savais tout."

Le premier épisode des aventures de J.B. (Jason Bourne, pas James Bond) nous avait bluffé, réconciliant l'action, la psychologie, une direction artistique singulière et un hommage aux films du genre des seventies. La franchise s'avère dans la même veine, louchant sérieusement du côté de Franckenheimer.
Pourtant le second opus est un cran en dessous. Pas la faute du réalisateur, qui a su insuffler l'énergie et la nervosité nécessaire à ce thriller haletant. Pas la faute des acteurs, à l'aise dans leur mauvaise conscience. Damon est davantage crédible que son compère Affleck dans le même registre (La somme de toutes les peurs). Et Joan Allen apporte ce qu'il faut d'arrogance, de distance, d'intelligence pour apporter toutes les nuances qui feront évoluer son personnage. Pas la faute à l'aspect esthétique du film, qui s'imbrique parfaitement avec le précédent, dans ses tons grisés et durs, froids et déshumanisés.
Alors, la faute à qui, la faute à quoi? Le scénario, sans aucun doute. Trop attachés à ne pas perdre leur héros de vue, les producteurs ont oublié de lui donner ce qui faisait le charme du premier : une réflexion psychologique, dans le sens de reflet. Le rôle de Potente avait une réelle importance, permettant à Bourne de se confronter à lui-même et au monde, de lui donner un but à sa quête d'identité. Ici, le film ressemble davantage à une simple vendetta. De l'alter on est passé à l'ego.
Si le film franchit les frontières aussi allègrement qu'un oiseau migrateur (Goa, Naples, Berlin, Moscou, Amsterdam, New York, Washington, ...), le scénario a ses limites. Dans ce jeu de chat et de souris, nous n'évitons pas les plans inutiles (le cortège de voitures arrivant à tel endroit, sans doute pour nous montrer que la CIA arrive en force) et les dialogues ridicules (Damon aurait pu faire réécrire son mea culpa à la jeune russe).
Cependant, le plaisir est, paradoxalement, intact. D'abord parce que Bourne, contrairement à Bond, est complexe. Son amnésie est à elle seule un moteur de recherche suffisamment intéressant pour cliquer sur les scènes suivantes. Un héros qui a la mémoire qui flanche, qui recompose les souvenirs par bribes, c'est autre chose qu'un espion mélangeant vodka et viagra. Ici, les visages sont émaciés, fatigués. Le tour du monde n'a rien de glamour. Les voitures (plutôt "vintage") ne se pilotent pas avec un téléphone cellulaire. La malédiction qui frappe Bourne ce n'est pas d'assouvir une quelconque puissance, mais bien de retrouver une forme de sérénité. Enfin, le véritable intérêt se situe du côté de ses ennemis. La CIA dévoile ici toutes ses querelles internes. Véritable reality-show humiliant "l'intelligence" américaine (et l'actualité nous en fournit tous les jours la preuve). A partir de quelques indices, il est passionnant de voir comment on peut aboutir à une fausse conclusion, et en avoir la certitude. cela devient de l'arrogance. Cette critique s'inscrit dans la veine des récents opus de type Spy Game, où la CIA et le FBI n'ont plus l'admiration d'Hollywood d'antan.
Ce film est, par conséquent, une suite tout à fait logique à l'épisode original. En reprenant les personnages du premier et en créant de nouveaux pour le troisième, cette Suprématie n'a rien de surprenant, ni de dominant au milieu de cette série, mais sauve l'honneur. Trait d'union entre deux films, ce Bourne ne devra pas, quand même, passer son temps à s'échapper d'immeubles ou fuir, pour trouver sa vérité. Cela risquerait de lasser. Cette chasse animale et cérébrale ne pourra pas se reposer sur de simples prouesses (poursuites automobiles) pour construire sa propre identité cinématographique. Mais, supérieur à la plupart des produits actuels, malgré quelques clichés, le thriller maintient notre intérêt de bout en bout.
 
vincy

 
 
 
 

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