Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Gemini  



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Ordo


France / 2004

15.09.04
 



ORDONNANCE SUR L'AMOUR





"- J'ai besoin d'alcool. J'ai passé une journée à embrasser un pédé."

Ordo est un film entre deux eaux. Stagnantes et inquiétantes, à l'instar d'un polar où les identités sont troubles. Et puis vivaces, rafraîchissantes, salées, comme ces répliques qui visent droit là où ça fait mal. Non sans humour. Quant à Ordo, le personnage c'est une "flaque" si on en croit le personnage de Pisier (magnifique de cruauté). Une flaque qui lui règle ses comptes dans la piscine. Toujours cette histoire d'O.
Le mélange des genres va bien à Ferreira Barbosa. Comme ce mélange des sangs. Un acteur d'origine nord africaine et une comédienne québécoise pour incarner deux de ces français aux origines très métissées. Simple discours sur l'identité. Ce n'est que ça Ordo, et c'est déjà pas si mal. Une quête de soi, entre ses racines, ses origines et son devenir. Il y a ceux qui renient leur passé, d'autres qui n'assument pas leur avenir. Ordo semble étranger à tout, y compris à lui-même, et il court après après un leurre, un fantasme. Sa naïveté et son honnêteté contrastent fortement avec ces gens grotesques qui l'entourent, de sa maîtresse à cette troupe de cinéma.
Avec un scénario bien écrit, à la fois comique et psychologique, entre rire gras et sourire hypocrite, ce long métrage s'infiltre dans l'observation du 7ème Art. Factice et superficiel, dangereux et vertigineux, à part évidemment, mais surtout coupé du monde. Le regard n'est pas complaisant. Il s'amuse aussi à être absurde, comme le cinéma (en cela la réalisatrice maîtrise bien mieux son médium qu'une Lvovski par exemple). Cet improbable Monsieur Wang est l'une des trouvailles burlesques les plus réussies de ces derniers mois. Il peut (en fait elle, puisque c'est une femme qui interprète l'homme à tout faire) faire rire avec une démonstration de stores. Les acteurs, justement. Zem, rien à dire. Parfait dans ce rôle d'homme bien ordinaire, catapulté dans un autre monde ("- Y a un mec dans le champs!"). Croze, qui ne fait pas la même erreur que Jaoui dans Le Rôle de sa vie, se métamorphose en blonde vedette tout au long du film. Le glamour elle n'en manque pas. Mais il lui manque une certaine froideur pour nous la rendre davantage désirable, si ce n'est crédible dans son statut de star.
Ce paumé parmi les bizarres ridiculisent donc le cinéma, où parfois il se noie. Mais le parfum de mystère qui entoure cet objet filmique permet aussi de nous maintenir à flot. Bien sûr, les clichés ont la vie dure et nous empêche d'être totalement surpris. Il manque ici et là quelques grains de sable. Malgré ses failles et sa vanité, le personnage de l'actrice est trop entendu. "Tu dis que t'as appris à te maquiller, à t'habiller mais est-ce que t'es devenu quelqu'un? T'es juste devenu le fantasme de n'importe quel pauvre type." Une coquille vide, sans souvenirs, à l'image de sa chambre, austère et vide. De quoi se nourrissent les actrices, alors, pour alimenter nos désirs?
C'est la question à laquelle la cinéaste échoue à nous répondre. Mais elle sait pratiquer l'art de la rupture, entre les genres, comme les bons comédiens, pour nous faire plaisir.
 
vincy

 
 
 
 

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