Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Land Of Plenty


Allemagne / 2004

22.09.04
 



NE UN 11 SEPTEMBRE





« - En Palestine, la dernière chose dont veulent entendre parler les gens, c’est des pauvres d’Amérique.
- A la Maison Blanche, c’est la dernière chose aussi.
»

Road-movie presque sans road, film politique presque sans opinion, Land of Plenty est avant tout le film d’un grand photographe. C’est une simple image prélevée à une époque, à un temps qui nous préoccupe, le nôtre. Dès la très belle introduction, la vision attentive du spectateur est saturée de la redoutable présence de la ville de Los Angeles. Rarement une cité, scrutée dans ses endroits les plus misérables, n’avait eu le charisme et la grâce distante que ces gigantesques masses métalliques juxtaposés aux cartonnages les plus douteux offrent à la vue et à l’objectif du passant toujours motorisé. A L.A., personne ne marche et lorsque l’on regarde la ville c’est, toujours au moins, à travers le cadre vitreux d’une portière, à défaut de caméra.
L.A., méga-pôle ciné-télé, média souverain entre le monde et le monde, est filmée dans ses recoins indépendants – parce que rejetés – et crie à qui veut l’entendre qu’à force de pointer une loupe sur quelque chose, on la brûle. Si Land of Plenty n’assène aucun message (si ce n’est la dénonciation convenue de la paranoïa nord-américaine), il nous montre un état de fait, la vie et l’organisation des gens des rues. Le film est construit autour de ces deux personnages, Lana et Paul, qui tentent, chacun à leur manière, de faire le bien. Elle sert les plus pauvres avec l’enthousiasme de la foi la plus sincère tandis que lui, patriote à l’extrême, traque le traître avec la même loyauté. Ce sont des démarches, au fond, très analogues par la constance et la verve qu’elles ont à mettre leur volonté au service d’une transcendance. Deux angles qui se mettent mutuellement en lumière, illustrant qu’au milieu de ce dénuement, la nécessité d’une instance supérieur régissante se fait sentir d’avantage. Les deux personnages, soutenant d’abord indépendamment les deux pôles du récit et sa forme, se rejoignent bientôt pour lancer la deuxième partie du film.
Alors, hors de la ville, à la recherche désordonnée d’une réponse à leur enquête, les paysages désolés de la vallée, les bidonvilles des patelins éteints succèdent aux buildings de la côte. C’est aussi une atmosphère plus chargée qui s’installe. Toujours avec une bonne humeur certaine et une ironie souvent lourde, Wenders adopte un filmage moins détaché, moins retenu et finit par montrer la poésie allogène de l’Amérique profonde. Avec l’une des plus belles lumières de la courte histoire du cinéma DV, on retrouve, dans Land of Plenty, un peu de la beauté formelle de Paris, Texas. Tandis que Paul et les quelques pesanteurs du scénario finissent d’épuiser le pathétisme de sa paranoïa, Lana arpente la terre fumeuse et orange comme l’agent pour taper à la porte du très accueillant frère de l’homme assassiné. Alors, dans un plan magnifique, pas explicable, à la sérénité fulgurante, Wenders surpris comme tout le monde par une certaine apparition va laisser la caméra filmer un imprévu, jusqu’à un certain malaise (le surgissement de l'inopiné dans une machine d’intentions) : un colibri surprend Michelle Williams (qui se retourne fascinée) et ondoie curieusement dans l’air durant une trentaine de secondes.
Au bout du compte, le film manque d’un réel projet et se fait légèrement déborder par son sujet. D’autre part, la psychologie relativement invraisemblable de l’ex-Marine Paul, la complaisance et le caractère parfois très prévisible du récit font de Land of Plenty, un Wenders chargé de regrets. Réalisé d’un point de vue d’Européen en exil américain et avec un sens implacable de la mise en scène, le film était plein de promesses. Le spectateur aurait pu sortir grandi de ces images, dans un film mieux écrit mais il est à craindre, qu’en l’occurrence, il ne s’en souvienne pas longtemps.
 
Axel

 
 
 
 

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