ecran noir, le ciné zine de vos nuits blanches

City of Angels
de Brad Silberling

Affiche

Courrier

Visionné le 10.04.98, Quartier Latin, Montréal
par VinCy

City of Angels

Bande Originale
U2, Alanis Morissette, Jimi Hendrix, Paula Cole, John Lee Hooker, Sarah McLachlan, GooGoo Dolls, Peter Gabriel, Jude, Eric Clapton
et Gabriel Yared

Contact Story

Après les extra-terrestres et avant les frontières du réel, Hollywood verse dans l'angélisme.
En prenant l'idée de Wim Wenders et de son magnifico-lyrique Les Ailes du désir, les producteurs cherchaient à calquer une magie - indicible - sur une histoire d'amour - impossible.

Car il s'agit bien là d'un film de producteurs. Même si le réalisateur Brad Silberling évoque ses thèmes de prédilections (le surnaturel et l'évasion du réel), le film a tout d'un produit, avec ses élans du coeur et ses défauts majeurs.
On regrettera ainsi la surutilisation de tubes musicaux à des moments inopportuns (le silence existe-t'il dans le cinéma américain?), ce qui transforme certaines scènes en vidéo-clips, et surtout un final qui s'étire, s'éloigne du ton général du film, et dramatise inutilement le scénario.
Paradoxalement, on ne peut que souscrire aux choix musicaux, au casting, à la qualité technique de l'ensemble. Los Angeles est ici filmée comme jamais: belle, séduisante, sophistiquée.

Un an après Contact et L.A. Confidential, Warner (75 ans cette année) continue de livrer ses meilleurs films à travers des sujets ambitieux, et des scripts sensibles, intelligents.
Reste que City of Angels est un film bancal. Tel un ange déchu. A la fois beau et brisé, capable de s'envoler et maintenu au sol.
Car, si son influence européenne est certaine, si l'on reconnait ses origines "art et essai" durant les deux premiers tiers du film, le chapitre final se noie dans une rivière de larmes et d'eau de rose. Hollywood a repris le contrôle de la machine, passant d'une histoire sensorielle à un amour exhibé. De l'invisible aux gros sabots.

Ainsi le charme - qui se rompt forcément - du film provient de deux éléments: Los Angeles esthétisée au maximum et le couple Cage-Ryan. Lui superbe en ange serein et tourmenté. Elle toujours craquante dans sa quête de l'amour idéal.
Ce drame romantique s'ancre dans notre époque. Comme Contact, il y a la rencontre de la science (certitude, preuve), et de la foi (croyance, irréalisme). Mais ici la science-fiction s'efface au profit de la poésie.
Typiquement américain, le film ne remet pas en cause l'existence de Dieu. Pire, il l'impose. Il fait aussi l'éloge de la vie, et embellit la mort. Bref, il positive. Typiquement californien.
C'est agréable pour les vacances. Mais si vous souhaitez vous enrichir vraiment, intellectuellement et culturellement, je vous conseille un voyage à Berlin, en noir et blanc...


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