ecran noir, le ciné zine de vos nuits blanches

The Avengers
de Jeremiah Chechik

Affiche

Courrier

Visionné le 14.08.98, Eaton Center, Montréal
par VinCy

Chapeau Melon & Bottes de Cuir

Opération Tonnerre

"Nothing is impossible" clame Sir August de Wynter à Emma Peel. Ni une mission, ni une adaptation d'une série TV au ciné.
Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux rumeurs, et ne croire que ce que l'on voit.
The Avengers version grand écran n'est donc pas le ratage annoncé. En reprenant les règles principales de la série, le film possède un design unique, des situations surréalistes et une intrigue apocalyptique.

Certes, le scénario a subit quelques modifications; des effets spéciaux prévus n'ont pas eu lieu, quelques scènes ont complètement changé, et on sent un montage au ciseau. Le script subit son déséquilibre entre un sujet européen (bavard) et une formule américanisée (action).
Mais, conséquence de tous ces rafistolages, le film gagne en originalité. Ce qu'on nous dévoilait comme un James Bond (clins d'oeil à l'appui vers la fin) devient un Mission: impossible, sans la virtuosité de De Palma et avec un look à la Batman.
L'esprit décalé made in TV est fidèlement repris dans ce film, sans avoir ni le goût nostalgique, ni la fraîcheur mythique de la série.

Toute la différence réside dans le casting. On ne peut pas demander au beau dandy Ralph Fiennes de sourire comme Patrick Macnee. Il est impossible pour la charnelle Uma Thurman d'incarner la demoiselle Diana Rigg.
Les acteurs correspondent aussi à leur époque. Et le film est une sorte de prolongement de la série dans les années 90. Il est tout aussi difficile de comparer une chimie entre deux comédiens qui ont tourné des dizaines d'épisodes ensemble, avec 2 acteurs qui n'ont eu le droit qu'à un film.
Partant de ce constat, les acteurs se sont pris au jeu (distingué et élégant) avec des dialogues superficiels et légers, des personnages bien écrits, des duels sucré-salés.

Dans ce contexte hollywoodien actuel, The Avengers semble autant insolite que dérivé: un OVNI déjà imaginé. Un mix de déjà vu et de très attendu.
Il n'y a rien d'exceptionnel, aucune surenchère, aucun record. Les scènes d'action pure n'ont rien d'incroyable.
En revanche il y a de l'humour. Celui des décors (dédales sans fin), des costumes (le conseil des ours en peluche), des situations (l'ouverture du film) et des dialogues...

Le film reprend donc les éléments du culte cathodique: rues désertes, peu de personnages, plans de travers (trop rares), psychédélisme, savant fou, ou encore l'ambiguïté sexuelle entre Steed et Peel. Pas de quoi satisfaire un fan(atique) de la série, qui sera forcément déçu.
On aurait pu rêver à un film plus noir et plus poétique (Burtonien). Warner a préféré un visuel plus coloré, légèrement kitsch, mais très soigné.
Mais cela reste un agréable moment, un divertissement léger et stylisé, une oeuvre aussi consistante qu'une tasse de thé (with a twist of lemon), et aussi délicieuse qu'un macaron.
Un rêve de producteur à défaut d'une vision d'auteur. Le spectateur? Comme Steed juge un baiser: technique, pas forcément convaincu, mais irrésistiblement attiré.


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