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Good Will Hunting
de Gus Van Sant

Affiche Good Will Hunting

Courrier

Visionné le 07.08.98, Cineplex Berri, Montréal
par VinCy

Good Will Hunting

Carpe Diem

Il y 9 ans, un film tentait d'ouvrir les esprits de jeunes élèves conditionnés par une rigueur morale: Le Cercle des poètes disparus.
Les élèves de Good Will Hunting ont donc assimilé le politically correct (tolérance, impertinence, ...), mais restent emprisonnés par leur destin, leur passé, leurs faiblesses.
Tout le monde est une victime dans ce film de Gus Van Sant. Victime de son caractère, de sa vie, de ses défauts. Et en même temps, tout le monde est clean. Quasiment irréprochables, les personnages sont tous exceptionnels.
Ce qui rend l'oeuvre aseptysée, sans cynisme, et typiquement issue de l'American Dream. Il suffit de croire en sa bonne étoile.

Evidemment, cela peut paraître foncièrement agaçant. La critique ne porte jamais très loin (mais tombe souvent juste) et on sortira affligé du portrait de la jeunesse américaine.
Cependant, Van Sant signe là un film volontairement "grand public". Dans sa filmographie, il s'agit même de son oeuvre la plus accessible, narrativement la plus hollywoodienne.
On pourrait le considérer comme un défaut majeur puisque l'originalité est inexistente. Mais on peut aussi admirer avec quel style et quelle maîtrise il a réussi à retranscrire la force de cette histoire.
Car GWH est réellement émouvant. De l'émotion brute. Certes cette émotion est appuyée par la musique, parfois par la voix basse de Robin Williams, ou encore par les tares psychologiques des personnages (orphelin, veuf, carriériste...).

Le résultat final obtenu est une oeuvre académique, très bien interprétée, au scénario un peu convenu, et aux personnages bien étudiés.
Van Sant y ajoute de temps en temps sa touche personnelle (homoérotisme, tirades lyriques, ...). Beaucoup moins poétique que My Own Private Idaho, et beaucoup moins ironique que To Die For, GWH apparaît à la fois consensuel et sérieux.
Une belle histoire écrite par et pour les 2 acteurs Damon & Affleck (même si Williams et Skarsgard volent la vedette).
Morale de l'histoire: rien ne sert d'apprendre si on ne vit pas les choses. Il ne suffit pas de les voir autrement donc, il faut les vivre. Finie l'insolence de Peter Weir et de ses apprentis poètes. Voici venu le temps des génies désillusionnés, en mal de vécu.


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