ecran noir, le ciné zine de vos nuits blanches

Return to Paradise
de Joseph Ruben

Couloir de la mort

Courrier

Visionné le 06.08.98, Quartier Latin Montréal
par Vincy

S.O.F.

L'Enfer des remakes

En lisant la profession de foi de Polygram Entertainment lors de sa création, on aurait pu s'attendre à des films audacieux, originaux, ambitieux.
En voyant Return to Paradise, on ne peut que s'étonner de la fadeur d'un produit mal emballé.
Ce remake du drame psychologique français Force Majeure (de Pierre Jolivet) accumule les défauts.

D'abord la mise en scène, plate, vulgaire, sans intérêt. Parfaite pour la télé, il n'y a rien qui vaille la transposition de ce script - banal - sur le grand écran.
Et là où Jolivet se concentrait sur le dilemme moral, Ruben nous montre tout: la Malaysie, la relation sexuelle, les médias qui s'intercalent, les prisons, le jugement, la pendaison... Jolivet était érotique, Rubben est pornographique.

Ensuite le scénario. Clichés après clichés, tout y est prévisible, téléphoné, rien ne ménage le suspens, ou n'implique même faiblement le spectateur.
On est loin des horreurs de Midnight Express; le film est trop voluptueux, trop clean, trop soft.
Cela tient aussi au casting. Les deux amis devant se sacrifier sont trop beaux, rasés de près, shampouinés au jojoba, et parfaits pour être des modèles de Joe Boxer (merci le placement produit).
Au lieu d'un Cluzet moralement tourmenté, nous avons un transparent Vince Vaughn.

Il y a bien sûr Joaquin Phoenix, héritant avec évidence du sale rôle, ce qui le sauve. A trop engager les acteurs ayant la tête de l'emploi, on ne voit que des caricatures. Comme cette insupportable journaliste arriviste incarnée par Jada Smith.
Enfin, il reste la mignone Anne Heche qui sonne étonnament juste dans cette partition mal composée. Elle mérite bien mieux que les derniers films où elle a été imposée.

Dommage tout ce gachis. Le sujet est d'une force morale incroyable, totalement gachée par un excès d'Hollywoodisme. Cela aurait mérité un traitement moins romanesque, plus dérangeant.
Beaucoup trop explicite, Return to Paradise n'entraîne avec lui aucune émotion. Inutile de faire appel.


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