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FILMO
2000 - La Candide Madame Duff Achats en ligne... |
BIOgraphie
par Christophe Train "Il serait odieux de ne pas dire ce qui est quand on sait que ce qui est, est". C'est par ces mots que débute Y a-t-il un Français dans la salle ? (1982), le meilleur film de Jean-Pierre Mocky, le Ravachol du cinéma français. Ce réquisitoire rageur - contre une police pourrie, une presse vendue et une classe politique corrompue, nourries de la désespérance d'un corps social qui "necroit plus à rien" (*) - est à peine tempéré de fugitifs éclairs de tendresse. A cinquante-quatre ans, Horace Tumelat, le cynique président d'un parti de droite, dont "la bannière est la SOFRES" (*) et "la patrie, la télévision" (*), tombe amoureux fou de Noelle Reglisson, dix-sept ans, angélique rejeton d'un grotesque cheminot communiste. Cet amour impossible donne au politicien le courage de dénoncer la lâcheté de ses pairs. Mais la conjuration des médiocres a tôt fait de rétablir l'ordre : Noelle est assassinée. Tumelat, éperdu de douleur au pied de l'HLM - "ces horribles donjons de l'an de merde" (*) - où vivait sa bien-aimée, entend monter des entrailles de la France, grosse d'un avenir menaçant, les gémissements de la multitude. Gauche, droite ? "Moi, mon parti précis, c'est de faire éclater la vérité partout, de foutre les pieds dans le plat", a déclaré Mocky. Pour être libre de dénoncer les scandales, il a choisi d'être en marge de la production traditionnelle, finançant lui-même ses films dont le tournage privilégie la rapidité et l'efficacité. Mocky filme en urgence, sous l'empire de la colère pour frapper vite et fort. Au "Chamboule Tout" du cinéaste, les cibles sont de taille : l'administration et ses tracasseries, Les Compagnons de la Marguerite (1967) ; la télévision qui décervèle, La Grande lessive ! (1968) ; les spéculations financières, Chut ! (1972) ; la presse aux ordres, Un linceul n'a pas de poches (1975) ; la crédulité et le fanatisme des foules, A mort l'arbitre ! (1984), Le Miraculé (1987) ; la pourriture politicienne, Snobs (1962), Solo (1970), L'Albatros (1971), Le Piège à cons (1979), Une Nuit à l'Assemblée nationale (1988) ; le déferlement d'une sexualité bestiale : tous les titres ou presque! Des trente films réalisés en trente ans, certains paraissent bâclés ou frapper bas. D'autres, comme Le Témoin (1978) et Y a-t-il un Français dans la salle ?, sont des oeuvres maîtrisés, complexes, puissantes même dans le ton de Céline de Voyage au bout de la nuit. (*) : Extraits des dialogues de Y a-t-il un Français dans la salle ? |
(C) Ecran Noir 1996-2000