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Les Enchaînés, Ingrid Bergman, Cary Grant

Cameo : Une heure et quelques d'attente pour voir Alfred Hitchcock boire une coupe de champagne...

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LES ENCHAINES
(NOTORIOUS)

22 août 46, sortie du film aux USA

    Scénario de Ben Hecht
    Avec Ingrid Bergman (Alicia Huberman), Cary Grant (T.R.Devlin), Claude Rains (Alexander Sebastian), Louis Calhern, Leopoldine Konstantin, Reinhold Schünzel....
    Musique de Roy Webb
    Photo de Ted Tezlaff
    Montage de Theron Warth
    Produit par RKO Radio Pictures / Selznick International Pictures

Ingrid Bergman est la première actrice, et aussi la première star, avec qui Hitchcock va tourner plusieurs films, signe d’une passion commune entre ses deux tempéraments. Notorious est considéré comme leur chef d’oeuvre. C’est elle qui éclaire, illumine ce film. Cary Grant, utilisé à la perfection, n’est qu’un second rôle. Bergman joue tout à tout une ivrogne, une amoureuse, une droguée, ...
Il y sublime sa comédienne, avec un noir et blanc tout en clairs-obscurs, ultra-esthétique. Ingrid Bergman n’a jamais été aussi faillible, aussi désirable, sensuelle. Et vraie (elle livre une performance très moderne pour l’époque).
C’est un des plus beaux films, artistiquement, d’Hitchcock. On notera le travelling entre le balcon et la main d’Alicia serrant une clé, plan vertigineux durant la réception chez Sebastian. Et puis ce final, où Grant descend l’escalier, en soutenant Bergman, et en négociant avec Rains. Une scène sans fin, où le metteur en scène prend le prétexte d’une Bergman malade pour ralentir le rythme et augmenter le suspens.
Autre scène admirablement maîtrisée : ce premier plan sur la tasse de café (on comprend que le poison est dedans) avec Bergman en train de divaguer. En quelques plans Hitchcock montre que Bergman a compris qu’elle était empoisonnée, que son mari savait son rôle d’espionne, ... le mari et la mère (bibelot passif et venimeux) apparaissent alors comme deux ombres en contre jour, diaboliques.

C’est aussi un des plus beaux plans romantiques et même amoureux du 7ème Art. Cary Grant y sauve l’héroïne, la caméra se colle aux deux visages - s’enroule autour - totalement aimantés l’un par l’autre. Tout est inamovible, immuable. Rien ne peut séparer la caméra et les deux visages. Alors qu’à tout moment, l’ennemi peut débarquer. Presqu’insoutenable. Magnétique, il ne reste plus que les lèvres pour se toucher.
Et cet aveu : « Vous m’aimez! vous m’aimez! » comme un murmure (avec en écho un aveu tout aussi troublant : « Depuis longtemps, depuis le premier jour »). L’amour, l’harmonie d’un duo qui crie victoire sur le Mal, le doute et ses ombres. Du début du film (où Grant est filmé de dos, en ombre chinoise) à la fin (où l’acteur est enfin « actif »), Hitchcock ne voulait raconter que ça: une histoire d’amour entre une femme prête à tout, amoureuse contrariée mais déclarée, et un homme plus distant, amoureux inavouable, prêt à la sauver.

Le film est évidemment intéressant pour d’autres raisons : il traite du nazisme, de l’angoisse et des peurs vaincues, d’un héritage lourd à porter. On vient juste de sortir de la guerre. C’est une femme en quête de rédemption, ui cherche sa voie, une nouvelle vie. Une femme qui a cet confidence terrible sur son nazi de père : « ce fut un père très gentil. » Elle ne veut se souvenir que de cet amour paternel, et renie l’idéologie qu’il défendait. Même un nazi peut être un bon père.
Il n’y a que des gris clairs et des gris foncés dans ce film : tous paient le prix de sa trahison, de ses sentiments. Chacun ayant exposé sa zone d’ombre : Grant ment, Bergman se marie avec un homme qu’elle déteste, Rains tue...

Anecdote :
La publicité annoncait le plus long baiser du cinéma (2 minutes 30 secondes) entre les deux sex-symbols (Grant/Bergman). Evidemment, le baiser en question est entrecoupé de dialogues (on y parle de dîner). Sinon, la scène aurait été coupée par la censure, puisque celle-ci interdit tout baiser supérieur à 30 secondes.



(C) Ecran Noir 1996-1999

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