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Soupçons, Joan Fontaine, Cary Grant

Cameo : 3/4 d'heure après le début du film, Alfred Hitchcock poste une lettre... suspecte?

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SOUPCONS
(SUSPICION)

Oscar meilleure actrice (Joan Fontaine)

    Adapté du roman de Francis Iles
    Scénario de Samson Raphaelson, Joan Harrison, Alma Reville Hitchcock
    Avec Joan Fontaine (Lina McLaidlaw Aysgarth), Cary Grant (Johnnie Aysgarth), Nigel Bruce (Beaky), Leo G.Carroll (Captain Melbeck), Auriol Lee, cedric Hardwicke, Dame May Whitty...
    Musique de Franz Waxman
    Photo de Harry Stradling
    Montage de William Hamilton
    Produit par RKO Radio Pcitures

« Et comment va mon petit ouistiti? »

Il s’agit de l’adaptation du roman noir de Francis Iles.Une histoire simple. Une jeune femme de la bonne société tombe amoureuse et se marie avec un homme apparemment désoeuvré. Après quelques mois de vie commune, elle soupçonne (d’où le titre) son mari de vouloir la tuer.
Hithcock crée ici son premier couple américain, en engageant Joan Fontaine, désormais star, et Cary Grant, à contre-emploi.
Cary Grant, plus habitué à des comédies, joue ici un personnage inquiétant (Hitchcock utilise à merveille son ambiguïté), et probablement criminel.

La force du film est la montée de la parano de Joan Fontaine. Elle en devient presque folle. Du premier mensonge de son mari, elle en vient à avoir peur et le soupçonne d’être un meurtrier. D’ailleurs son inconscient créé le mot au cours d’une partie de Scrabble. Il y a aussi ses titres de romans policiers qui l’obsèdent. Titres qui forment comme une expression de la pensée de Joan Fontaine.
De l’autre côté, Hitchcock manipule l’attention et la tension du spectateur en rendant chacun des absences (plus ou moins longues, mais constantes) de Cary Grant insupportables : on en vient à douter de lui, malgré nous. A imaginer le pire. On ne croit déjà plus à ses propos parce qu’il a été pris en flagrant délit de mensonge. Les coïncidences deviennent présomptions, les phrases banales se transforment en doutes criminels.
Cary Grant en rajoute avec son personnage grand enfant, naïf, maladroit, joueur, menteur, paumé. A force de tout dissimuler et ne rien assurer, il en est inquiétant. On partage le point de vue, l’inquiétude de sa femme.

Mais on ne sait rien. Tout le suspens tient en un seul point de vue, celui de la femme, qui alimente sa propre parano. On ne connait jamais les motifs de Cary Grant.
La tension culmine avec cette scène mémorable du verre de lait (empoisonné ou pas) où Cary Grant monte un escalier et où la question qui se pose au spectateur est : le boira-t’elle ou pas?

Une fin controversée
La RKO, le producteur du film, avait imposé une fin optimiste au réalisateur. La première version du scénario était cependant différente. Grant tuait Fontaine, justifiant ainsi toutes les angoisses de la mariée. Et donnant à Grant, son premier personnage noir. Hitchcock était cynique avant d’être moral, européen et non pas américain. Maintenant, Grant en criminel, c’était aussi un risque commercial que personne ne voulait prendre, pas même l’acteur.
Cela explique une scène finale un peu paradoxale, et même très controversée. Une sorte d’aveu « précipité », révélant les failles du couple. Les soupçons sont dissipés, des deux côtés. On aurait facilement expliqué le meurtre dans le ravin (les vagues qui fouettent donnent des sueurs froides et le vertige).
Il y a, cependant, des éléments du film qui contredisent la fin choisie. Mais les invraisemblances sont atténuées par la portée de leurs aveux : la parano qui s’entretient toute seule (ou par des signes qu’on interprète soi-même), la fierté qui empêche un homme de livrer ses faiblesses, et au final une morale sublime sur la force d’un couple uni. D’un film initialement dramatique et criminel, en ressort une histoire romantesque sublime. Moins forte que Rebecca et Les Enchaînés, cependant....

C’est un résumé en deux scènes qui se font écho. La première au début du film où le couple est seul. Il veut l’embrasser. Elle refuse. De loin, on sent la rixe. Pas l’étreinte. Sentiment ambigüe accentué par la désolation du paysage (deux arbres frêles sans feuille, la crête d’une colline, le vent qui fait voler le chapeau). La scène finie romantiquement.
La seconde scène est à la fin du film. Le couple est de nouveau seul. Elle le fuit, il la course. Il y a là encore malentendu. Conflit. Le mari et la femme se soupçonnent mutuellement. Ils sont au bord de la falaise. Deux arbres se battent en duels, sans feuilles. Le vent souffle puissamment. Ils se chamaillent et se confient.
C’est à la fois esthétique, symbolique et émotionnel. Le suspens s’efface au profit des sentiments. Un soupçon renvoie à la présomption d’innocence.



(C) Ecran Noir 1996-1999

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