Production : Warner Bros
Scénario : Sam Hamm et Warren Skarren
Photo : Roger Pratt
Son : Scott Brose, Eddy Joseph
Musique : Danny Elfman et Prince
Montage : Ray Lovejoy
Durée : 126 minutes
Jack Nicholson (Le Joker/Jack Napier)
Michael Keaton (Batman/Bruce Wayne)
Kim Basinger (Vicki Vale)
Robert Wuhl (Alexander Knox)
Pat Hingle (le commissaire de police)
Michael Gough (Alfred)
- Site sur l'univers de Batman
 
SYNOPSIS

A Gotham City règne la pègre dirigée par le machiavélique Jack Napier. Un homme chauve-souris s'oppose à celle-ci : Batman.

LE FILM

Après le succès public de Pee-wee Big's Adventure et Beetlejuice, Tim Burton était en position de force vis-à-vis de ses producteurs, heureux de posséder un tel talent sous contrat. Dès 1979, la Warner Bros avait acquis les droits de l'adaptation du comics Batman écrit par Bob Kane. Le scénario écrit et récrit n'attendait que le réalisateur qui saurait respecter l'âme de la bande-dessinée tout en réactualisant le mythe. Ivan Reitman et Joe Dante avait été pressentis mais finalement le projet allait échoir à Tim Burton sous réserve d'offrir à la Warner Bors un deuxième succès commercial avec Beetlejuice.
Dès cette condition remplie, Tim Burton se jeta donc corps et âmes dans l'adaptation du comics le plus célèbre et le plus populaire du patrimoine américain. Tim Burton n'est pas un grand fan de comics en général mais il adore les personnages ambigus et schizophrénique que sont Batman, l'homme chauve-souris et son ennemi de toujours le Joker. Les travaux de Frank Miller (Dark Knight) et Alan Moore (Souriez) sont sa principale inspiration pour un Batman très sombre et aux confins de la folie.
La production du film ne se fait pas sans difficulté. Le choix de Michael Keaton pour enfiler le costume de Batman est notamment très contesté, le comédien de Beetlejuice étant alors considéré comme un acteur comique. Les fanatiques du comics inondent le studio de lettres de protestation mais cela n'empêchera pas le film d'être un énorme succès avec près de 413 millions de $ de recettes (ce qui équivaudrait aujourd'hui avec l'augmentation du prix du billet à plus de 600 millions de $ de recettes. ).

Au diable, les super héros lisses à la Superman, le côté kitsch et happy de la série télévisée, le Batman de Tim Burton est sombre, profondément désenchanté et c'est en cela qu'il est intemporel. Tim Burton impose un Batman sensible, presque aussi fou que son adversaire le Joker. Les deux constituent la face d'une même pièce - le bien et le mal, l'introverti et le délirant, le sérieux et l'extravagant. Chacun a envie d'attirer le regard de l'autre sur soi et ne vit que par et pour leur affrontement. " Tu m'as fait Batman ", crie le Joker lors de la scène finale au sommet d'une cathédrale qui peut évoquer Vertigo d'Alfred Hitchcock, autre grand film sur la dualité entre le bien et le mal, " Non c'est toi qui m'a fait " réplique Batman. Frères de folie au caractères opposés, amoureux de la même femme réduite à un rôle de potiche, en un enjeu pour démontrer la supériorité de l'un sur l'autre, Batman et Le Joker sont les archétypes des personnages de Tim Burton. Des êtres solitaires qui cherchent à retrouver l'innocence de leur enfance - par le jeu et la bouffonnerie pour le Joker, en tuant l'assassin de ses parents pour Batman. Comme Le Joker, Bruce Wayne est un personnage en marge de la société, un homme-enfant chouchouté par un père de substitution, Alfred le majordome et qui ne sait pas vivre parmi les humains. Reclus dans un château isolé au delà d'une forêt inquiétante, marqué par la mort de ses parents et avide de vengeance, il n'est un justicier masqué qu'en guise de thérapie.
Bien sûr et c'est là que réside le talent de Tim Burton, cette thématique du double n'empêche pas le film d'être extrêmement divertissant. Il déploie toute la panoplie de gadgets attendus dont la célèbre Batmobile et offre un savant mélange de romance, d'humour, d'aventure et d'action. L'humour macabre est bien évidemment présent grâce à la personnalité du Joker et le film s'autorise même quelques envolées de non-sense comme la destruction d'un musée à la bombe (de peinture) sur la musique rythmée de Prince ou le faux spot de pub du Joker.
Loin des envolées gothiques du second volet, Batman Le défi, le graphisme est néanmoins très réussi, créant une ambiance bd et une ville Gotham City avec un look très marqué année 30 -période prohibition. La réalisation de Tim Burton est moins impressionnante que dans ses œuvres suivantes mais quelques séquences - le meurtre des membres de la mafia par Joker et son équipe déguisées en pantomime (hommage à Orange Mécanique ?), les scènes avec la Batmobile , sont toujours aussi jubilatoires aujourd'hui, preuve que le film a bien vieilli.

Batman est donc une authentique réussite, le film de studio-type, la grosse machine transformé en film d'auteur. Avec ce film, Tim Burton entre définitivement dans la cour des grands.

Yannick- 

 

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