Wes Craven
   
2000
Scream 3

1999
Music of the Heart "La musique de mon coeur"

1997
Scream 2

1996
Scream

1995
Vampire in Brooklyn "Un vampire à Brooklyn"

1994
Wes Craven's New Nightmare "Freddy sort de la nuit"

1992
The People Under the Stairs "Le sous-sol de la peur"

1989
Shocker

1988
The Serpent and the Rainbow

1986
Deadly Friend

1985
The Hills Have Eyes Part II "La colline a des yeux II"

1984
A Nightmare on Elm Street, "Les griffes de la nuit"

1982
Swamp Thing "La créature des marais"

1981
Deadly Blessing

1978
"The Hills Have Eyes" "La colline a des yeux"

1972
"Last House on the Left" "La dernière maison sur la gauche"
 

  
1 - Scream 2
2 - Scream
3 - Scream 3
 
 
 
 
 
 
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  La griffe de l'horreur

Wes Craven est à l'horreur ce que John Ford est au western : un cinéaste culte, roi d'un genre autrefois florissant, aujourd'hui renaissant. Freddy, SA créature, fait désormais partie des mythes du septième Art, monstre onirique des plus terrifiants, vedette des cauchemars adolescents des années 80.
  Spécialiste du fantastique gore, Wes Craven n'est pourtant pas tombé tout petit dans la marmite de l'horreur. Ancien professeur de philosophie, il passe au cinéma comme monteur de documentaires. Le hasard frappe à sa porte dans sa vingtième année, sous les traits de son ami et futur réalisateur de "Vendredi 13 ", Sean S. Cunningham : "il était prêt à me produire un scénario, à condition que ce soit le plus diabolique et effrayant possible. J'ai donc écrit une histoire violente et dégueulasse, "La Dernière Maison sur la gauche ". On l'a monté comme une plaisanterie, persuadés que personne n'irait le voir. Le film est sorti dans quelques drive-in jusqu'à ce qu'une grosse compagnie le repère et nous propose une sortie nationale. Tout à coup, j'étais considéré comme un réalisateur de films d'horreur qui n'avait plus aucun problème pour trouver des financements. Pourquoi, alors, ne pas continuer ? " (1) D'autant plus qu'avec 50 000 petits dollars et en seulement trois semaines de tournage (y compris dans la cour du producteur et chez sa mère !), Wes Craven provoque un vrai scandale : "malsain ", "monstrueux ", "ignoble ", les critiques se déchaînent contre ce film hyperréaliste, à la violence autant physique que morale.

  Les séries B s'enchaînent alors sans répit, mais pas n'importe lesquelles: "Un film est dit de série B parce qu'il a un petit budget. Il suffit qu'il cartonne au box-office pour qu'on le considère comme un gros film. Réaction aussi bête que de limiter la série B à des films stupides "(2). Il faut dire que Wes Craven ne se contente pas de réaliser des produits à la chaîne, il imprime une vraie réflexion au genre, qu'il voit comme une façon idéale de filmer le présent. Il s'inspire d'ailleurs des documentaires sur la guerre du Vietnam qu'il a travaillés étant jeune pour rendre compte de la violence aux Etats-Unis, omniprésente dans le meilleur de son oeuvre, comme "La colline a des yeux " (1977) et sa suite (quasiment inévitable dans le genre) "La colline a des yeux II " (1987). Les amateurs ne sont pas déçus : le film, ultra violent, est adapté de l'histoire vraie d'une famille écossaise anthropophage, qui tendait des embuscades aux voyageurs de la région. Wes Craven avoue, pour ce film, avoir recruté des "gens à l'air particulièrement vicieux et pervers " : le cinéaste le plus efficace du genre est né.

  Très vite, les hommages aux classiques du fantastique prennent place dans la filmographie de Wes Craven : dès 1981 et "La créature des marais ", les références sont à peine déguisées, en l'occurrence "Dr Jekyll et Mr Hyde ". Très vite, le chef d'țuvre s'impose, "Les griffes de la nuit ", lauréat en 1985 du prix de la Critique au Festival d'Avoriaz. Le visage brûlé, des lames de rasoir au bout des doigts, Freddy Krueger entre dans la légende, Johnny Depp au cinéma et Wes Craven bouleverse le film d'horreur de son monde onirique. Décidé à se renouveler et explorer toutes les facettes du genre ("Shocker ", "Le sous-sol de la peur "), Wes Craven laisse à d'autres le soin de ramener Freddy dans les chambres adolescentes, pour une "saga du cauchemar " longue de sept épisodes. Pourtant, dix ans plus tard, il ne peut s'empêcher de récupérer la créature qui lui avait échappé pour un retour ambitieux, dans lequel il se met en scène : "Freddy sort de la nuit " : "J'ai fait ce film parce que le genre "épouvante " me semblait complètement épuisé Ce qui m'intéressait dans le phénomène Freddy, c'était l'effet qu'il avait provoqué, le fait que Freddy fasse désormais partie de nos vies, et la manière dont il les avait à la fois améliorées et compliquées "(3) . Le film est un échec commercial, tout comme "Un vampire à Brooklyn " l'année suivante. Les années 90 semblent faire fi de Wes Craven, déconsidéré, démodé.

  En 1996, Wes Craven travaille pour Miramax sur un projet de remake de "La maison du diable " de Robert Wise. Le studio abandonne finalement l'idée mais propose autre chose au réalisateur : le scénario d'un jeune inconnu, fou d'horreur, Kevin Williamson. Convoité par Oliver Stone, "Scream " arrive finalement entre les mains de Wes Craven, qui le transforme en mine d'or : " le scénario de Scream étaittrès hot. C'est l'un de ces scénarios dont on se dit en le lisant : "Mon Dieu, c'est vraiment sensationnel ". Le film dépasse les 100 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis, révèle une génération d'acteurs issue de la télé et ne tarde pas à faire des petits ("Souviens-toi l'été dernier " 1et 2, "The Faculty "·tous écrits par Kevin Williamson). Avec ce film, Wes Craven révèle toutes les ficelles de l'horreur, en détourne les règles et réalise une véritable anthologie du genre. Initié ou non, adulte ou adolescent, chacun peut se laisser prendre à ce qui ressemble plus à un thriller qu'à un vrai film d'horreur : la carrière de Wes Craven est relancée, une suite immédiatement mise en route, et tous les rêves du réalisateur accessibles.

  A commencer par la biographie qui lui tient à cțur, envisagée avec Madonna, finalement tournée avec Meryl Streep, "La musique de mon cțur ", tournée entre les deux derniers épisodes de "Scream ". Fort du succès d'une trilogie déjà culte, Wes Craven peut aujourd'hui tout se permettre, y compris refuser un quatrième "Scream ", sans pour autant renoncer au genre : "je ne pense pas avoir mis un terme à ma carrière dans le film d'horreur, j'ai trop d'affinités avec ce genre pour m'en tenir là. Mais il est certain que je souhaite également m'investir dans d'autres registres, je vais donc louvoyer entre les deux. Je ne sais pas si je reviendrai au concept spécifique du tueur en série armé d'un couteau et masqué, relancé par "Scream ". Je pense avoir fait le tour de la question dans ce genre. Lors de mes entretiens, j'ai souvent dit que pour moi, Polanski était le parfait exemple d'un cinéaste capable de faire un film terrifiant, puis de passer à un genre totalement différent. C'est ainsi que j'aimerais pouvoir travailler : des films de genre lorsqu'un projet me séduit, et d'autres choses, aussi diverses que possibles, par ailleurs. On verra bien· " . Comme ses créatures, Wes Craven se réveille toujours au moment où l'on s'y attend le moins.

Mathilde  
(1) Première, août 1997
(2) Première, août 1997
(3) Les Cahiers du cinéma, n°515, 1997

 
  Né le 2 août 1949 à Cleveland (Ohio)
Etudes à l'Université Johns Hopkins de Baltimore : Maîtrise en écriture et en philosophie
Professeur de sciences humaines, guitariste, monteur
Auteur d'un roman, "The Fountain Society "
Prix de la critique au Festival Fantastique d'Avoriaz, 1985
Grand Prix au Festival Fantastique de Gérardmer, 1996
 
  
Dur, dur les suites, in L'Ecran Fantastique, avril 2000 :
" C'est une expérience intéressante que d'enchaîner plusieurs films, mais c'est plus éprouvant. Le travail de réalisateur est un exercice très physique, ce que beaucoup de gens ignorent. Il faut rester debout de longues heures en ayant très peu dormi, marcher, courir, déambuler dans tous les sens. C'est la nature même de cette activité "
***

Le sens du détail, in Studio, juillet-août 1997 :

"J'arrive le matin avec une liste qui décrit de façon très détaillée les plans du jour, en soulignant les problèmes d'accessoires ou d'effets spéciaux, et je fais le point avec l'équipe, de manière à ce que chacun sache ce qu'il a à faire. C'est moins stressant. C'est pourquoi je vire les emmerdeurs, ceux qui trimballent leur ego sur les plateaux et passent leur temps à mentir ou créer des problèmes. Ce métier est déjà suffisamment dur".
***

La violence à l'écran, in L'Express, juillet 1998 :

"Selon les chiffres, près de 10 millions de personnes ont vu "Scream ". Le calcul est simple : si 0,05% d'entre elles avaient commis un meurtre après l'avoir regardé, il y en aurait eu 5000 ! Depuis vingt-cinq ans que je mets en scène des films d'épouvante, on a fait une seule fois référence à l'un de mes longs métrages au cours d'un procès pour homicide volontaire. En revanche, il est de ma responsabilité de ne pas montrer une forme de violence complaisante et séduisante. Dans chacune de mes histoires, les assassins sont des malades, des givrés complets. Et puis je m'intéresse beaucoup plus aux personnages qui tentent de survivre et qui affrontent avec une grande dignité une situation dangereuse. Sidney est une jeune femme très courageuse. Que ceux qui dénoncent la violence au cinéma se penchent sur celle du monde qui nous entoure ".
***

Les acteurs de télévision, in VSD, juillet 1998 :

"Je préfère travailler avec des comédiens de télé parce qu'ils tournent un film complet chaque semaine. Ils ont une expérience énorme, connaissent tout d'un tournage, les marques au sol, le placement devant la caméra·Alors qu'au même âge, avec les acteurs qui ont une petite expérience du cinéma sans avoir fait de la télé, c'est la galère ! On perd un temps fou à leur inculquer les bases. "
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Scream and co, in L'Ecran Fantastique, juillet 1998 :

"Il ne s'agit pas d'une énième résurrection de Freddy, Jason ou Michael Myers. C'est une continuation de ce qui arrive à un personnage central et à ceux qui gravitent autour de lui. Je n'avais pas à repartir de zéro avec de nouveaux protagonistes, les mettre à nouveau à l'épreuve pour regagner la confiance du spectateur. Il est également très rare de voir une suite réalisée et jouée quasiment par les mêmes individus, du scénariste jusqu'aux acteurs. Autant que de voir la maison de production investir d'avantage d'argent alors que d'ordinaire, c'est le contraire qui se passe. C'est presque une recette immuable à Hollywood : une suite ne faisant que deux tiers des entrées du premier film, il est prudent d'investir moins dans sa réalisation. "

 
 
 
   (C) Ecran Noir 1996-2000