Eraserhead - Elephant Man - Dune - Blue velvet - Wild at heart - Twin Peaks: Fire walk with me - Lost highway - The Straight story - Mulholland drive
 
 Production : Steve Golin
 Scénario : David Lynch, d’après un roman de Barry Gifford
 Photo : Frederick Elmes
 Musique : Angelo Badalamenti, David Lynch et Chris Isaak
 Durée: 124 mn
 
 
 Nicolas Cage (Sailor)
 Laura Dern (Lula)
 Willem Dafoe (Bobby Pern)
 Isabella Rossellini (Perdita Durango)
 Harry Dean Stanton (Johnnie Farragut)
 
Wild at heart
USA/ 1990
 
Sailor vient de sortir de prison après y avoir croupi deux ans, injustement condamné pour homicide volontaire. Pour échapper à ce cauchemar, il part sur les routes avec Lula, sa petite amie, en quête d’un ailleurs improbable. Mais Marietta, la mère de Lula, décidée à les séparer à tous prix, persuade son amant, le détective privé Johnnie Farragut, de se mettre à leur poursuite et d’éliminer Sailor.
 
 
Pour contrecarrer l’univers figé puisque cyclique de « Blue Velvet », Lynch s’impose comme toile de fond pour son nouveau long-métrage le road-movie à l’américaine. Le décor est planté : routes cahoteuses de l’ouest, décapotable et rencontres étranges dans de chouettes contrées isolées. Pimenté par un rythme effréné, « Sailor et Lula » cumule les personnages décalés et la perversité camouflée désormais inséparables de la thématique Lynchienne, pour les noyer dans une intrigue policière saccadée, épique, et incroyablement romantique.
Résultat : un parcours en zigs zags diablement contrôlés, inversement aussi bien maîtrisé que ce feu d’artifice d’hallucinations délirantes, de musique folle furieuse, et de performances d’acteurs inoubliables (l’un des meilleurs rôles jamais conçu pour Nicolas Cage). Davantage chargé en émotion que « Blue Velvet », volontairement plus froid, « Sailor et Lula » déploie également un panel impressionnant de références à des genres cinématographiques particuliers et diamétralement opposés (on passe du film de gangster « Scorcesien » au « Magicien d’Oz »). Lynch sait enrichir comme personne son film d’une intensité dramatique visuelle extrême, fascinante et bouleversante.
Certaines séquences arrachent les larmes par leur beauté tragique (l’accident nocturne).
« Sailor et Lula », pour qui est capable d’en supporter les excès, est le film le plus spectaculaire de Lynch, le plus baroque, et le plus foudroyant.
Le jury Cannois ne s’y est pas trompé et accorda au metteur en scène la Palme d’Or 1990 lors du célèbre festival. Cannes, qui, on le sait, apprécie le regard (clairvoyant ?) d’un film américain qui expose son pays d’origine et sa population présentant les symptomes évidents d’une démence caractérisée (« Barton Fink », « Apocalypse Now », « Taxi Driver »).
A noter également lors du final hallucinatoire de « Sailor et Lula », le clin d’œil affectueux de David Lynch à l’actrice Sheryl Lee, alias Laura Palmer dans la série « Twin Peaks », qui incarne la gentille fée venant mettre de l’ordre dans les idées de Sailor et transformant une situation tragique en happy-end surréaliste et coloré.

Romain
 

 Dossier: PETSSSsss + Romain
(C) Ecran Noir 1996-2001