David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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L’INSOUMISE





Elle n’est pas de ces actrices qui sont en tête d’affiche des gros succès de cinéma, néanmoins Valeria Bruni Tedeschi est une comédienne populaire. Tragédienne magnifique, sur les planches ou au cinéma, comique à l’italienne, avec ce zest de burlesque qui produit un charme irrésistible, la Valeria est bien née mais a su se faire sa place. Elle s’est détachée de sa famille, ses parents musiciens, sa sœur mannequins et chanteuse (tsss tsss, pas de mauvais esprit), en conservant son nom complet et en s’attachant à une autre famille de saltimbanques. Si l’on revient aux racines, elle a du affronter l’exil (son père fuyait les Brigades rouges) et la mort (son frère est mort du sida). Très vite, elle suit les cours de théâtre à Nanterre, ceux de Patrice Chéreau, son pygmalion, aux côtés de Jaoui, Perez et tutti quanti. A peine 20 ans, elle tourne déjà, s’attaque à Tchekhov sur scène. Chéreau la met en scène et lui offrira en 1987 son premier grand rôle au cinéma, dans Hôtel de France.

Sa beauté n’est alors pas évidente. Elle se déploiera avec l’âge, assumant son corps charnel, son rire éclatant, son regard mélancolique. Capable de faire frissonner avec une larme ou provoquer l’hilarité dans des situations cocasses. Une quinca qui n’a plus rien à prouver. Une parisienne d’origine italienne, qui aime glander aux terrasses des cafés près du Parc du Luxembourg. Une fille pressée également. Déterminée même. Mais qui fait rarement des concessions.

Valeria Bruni Tedeschi réalise des films qui ont des airs de Woody Allen transposés dans des sketches italiens. Elle filme l’intime, sa vie, ses douleurs, ses amours, ses souffrances, ses névroses. Impudique. C’est sans doute de Chéreau que lui vient cette impudeur, d’ailleurs. Elle se livre corps et âme au spectateur. Se réincarne à chaque fois sous nos yeux. Elle filme ainsi son amoureux du moment, sa meilleure amie (Noémie Lvovsky), sa mère. Sa vie est un roman, en images.

Sa filmographie n’en est pas moins très variée. Jacques Doillon, Pierre Etaix, Diane Kurys, Alain Tanner, Philippe Garrel, Marion Vernoux côtoient Cédric Klapisch, Bertrand Blier, Elie Chouraqui. Dans le Blier, Mon Homme, elle porte le beau nom de Sanguine. C’est en 1992 que les cinéphiles la repèrent définitivement. Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa. Tout un titre. Manière de vouloir être normale tout en se sachant peu ordinaire. Elle remporte un César. Elle s’offre quelques allers et retours en Italie, chez Mimmo Calopresti ou Marco Bellochio (La nourrice). Elle reste fidèle à Chéreau (La Reine Margot, Ceux qui m’aiment prendront le train). A chaque fois elle est elle-même, et différente. Elle accepte tout : les petits tôles et les plus grands. Chez Claire Denis (Nénette et Boni) ou chez Patrick Braoudé (Amours et confusions). Chabrol en fait même une commissaire dans Au cœur du mensonge.

Car son talent c’est d’être crédible aussi bien dans le polar que dans le drame, dans la comédie loufoque que dans la romance un peu cérébrale.A partir des années 2000, elle devient incontournable dans le cinéma français. Cela ne l’empêche pas de tourner dans un court métrage de Bernardo Bertolucci, de s’intégrer dans le casting de Munich de Steven Spielberg, de s’aventurer dans l’univers de Nobuhiro Suwa (Un couple parfait), de poursuivre sa collaboration avec Calopresti. Mais c’est en France qu’elle trouve ses plus beaux personnages, chez Dominique Cabrera (Le lait de la tendresse humaine), François Ozon (5x2), Romain Goupil (Les mains en l’air), Pascal Bonitzer (Le grand alibi), Cédric Kahn (Les regrets) ou encore Ducastel et Martineau (Crustacés et coquillages).

Son génie cinématographique c’est de nous être familière même lors d’une apparition. Mais de manière moins perceptible, et cependant plus grandiose, ce qui frappe c’est son audace. Une effrontée qui se fout du jugement des autres. A l’approche de la cinquantaine, elle enchaîne encore les tournages : des jeunes cinéastes comme des vétérans, des apparitions (Saint Laurent de Bonello) ou des personnages « bigger than life » (Les opportunistes de Paolo Virzi, qui lui a valu son 3eme Donatello de la meilleure actrice). Elle refuse d’être figée dans un style ou dans un genre. La meilleure preuve réside dans ces trois réalisations : Il est plus facile pour un chameau (prix Louis Dellic), Actrices (Prix spécial du jury Un certain regard à cannes) et Un château en Italie. Trois facettes de sa vie assemblées comme un bric-à-brac où tout se fracasse et se percute, le passé et le présent, l’égoïsme et les relations humaines, son métier et le quotidien.

Audacieuse elle l’est aussi au théâtre, mise en scène par Pierre Romans et Patrice Chéreau, jouant du Jon Fosse, minimaliste, ou du von kleist. Valeria Bruni Tedeschi expurge ses angoisses par son métier. Mais qu’on ne se trompe pas, elle aspire à la sérénité. Femme libre et agitée, comédienne magnifique, citoyenne progressiste, mère tardive, précise et confuse : la plus italienne des françaises essaie d’être drôle dans la fiction pour atténuer ses inquiétudes dans la réalité. Mais elle prévient : « Un film ne guérit rien ».

vincy


 
 
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