David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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EDOUARD BAER, LE ROI DE L’UNDERGROUND





Edouard Baer est partout : à la radio, à la télévision (dans ses propres émissions ou celles des autres), au cinéma, sur la scène des Césars et dans les soirées mondaines. Le trublion libre des ondes et du tout Paris est de toutes les parties. Et ça tombe bien car chacune de ses apparitions est un régal.

Mais commençons par le début. Le petit Edouard naît le 1er décembre 1966. Pas n’importe où : dans le VIIème arrondissement et dans un milieu plutôt aisé. Sa famille, qui fréquente quelques intellectuels notoires, lui donne le goût de l’esprit. Très jeune, Edouard Baer pense à la politique et fréquente assidûment les débats de l’Assemblée Nationale. Il a une dizaine d’années et est déjà atypique et curieux.
Six ans plus tard, ayant changé d’idée, il s’inscrit au cours Florent pour devenir comédien. Il fait la connaissance d’Isabelle Nanty. C’est le début d’une grande amitié. Il sera d’abord son assistant et jouera ensuite dans son film Le Bison. Isabelle Nanty, quant à elle, aura un rôle dans La Bostella, le premier film qu’il réalise en 2000. Parallèlement, avec son côté fêtard, drôle et décalé, il devient un personnage incontournable des nuits parisiennes. Des récits de cette vie nocturne écrits pour les magazines Globe et Femme le font vivre. C’est lors d’une de ces soirées qu’il rencontre Ariel Wizman. Etant de la même trempe, le courant passe tout de suite.
Au début des années 90, le duo anime une émission sur Radio Nova, La Grosse Boule. Les deux animateurs, entre deux délires mémorables, y disent n’importe quoi. Le ton y est surréaliste et l’humour dévastateur. Très vite, le rendez-vous radiophonique devient culte. C’est la grande époque de Radio Nova, fondée quelques années plus tôt par Jean-François Bizot. La radio concentre tout ce qu’il y a de plus libre et inventif. L’esprit est définitivement branché et nouveau. On n’est pas loin de l’univers Canal de l’époque avec un côté frondeur et impertinent. D’ailleurs, on en est tellement proche qu’Edouard Baer et son comparse Ariel Wizman sautent le pas. En 1994, ils interviennent dans C’est pas le 20 heures. Très vite, c’est Trois minutes ou presque. Pas plus sages, on les voit hurler soudainement, monter sur la table ou encore pousser l’éclairage à la manière d’une balançoire. Bref, le grand n’importe quoi est toujours là et c’est tant mieux. Après avoir animé encore tous les deux A la rencontre de divers aspects du monde contemporain, le duo se sépare. Edouard Baer reste sur Canal + et y anime son fameux Centre de visionnage. La personnalité de son créateur se précise et sa troupe se forme : l’inénarrable professeur de Palace François Rollin (avec qui il fondera plus tard Le Grand Mezze), le Deschien Atmen Kelif… L’esprit de tribu est là.

Mais Edouard Baer n’en reste pas là. Le cinéma le titille et, en 1994, il joue dans La Folie douce de son copain Frédéric Jardin. Détail. Viennent ensuite des rôles plus ou moins importants dans L’Appartement de Gilles Mimouni, Héroïnes de Gérard Krawczyk, Rien sur Robert de Pascal Bonitzer…
En 2000, il passe derrière la caméra et réalise son premier long-métrage. C’est La Bostella, d’après le nom d’une danse des années 60. Le film est à son image : lunaire, irrésistible, original, sans queue ni tête et profondément libre. On y voit Edouard, jeune animateur de télévision en mal d’inspiration, partir avec sa troupe dans le sud de la France afin d’y préparer une émission pour la rentrée.

L’année suivante, il s’essaye au théâtre avec la pièce Cravate Club écrite par Fabrice Roger-Lacan qu’il joue aux côtés de Charles Berling. La pièce rencontre un tel succès qu’elle est plus tard adaptée au cinéma par Frédéric Jardin (c’est la troisième fois que ce dernier fera jouer son ami Baer puisque, outre La Folie douce, ils auront tourné ensemble Les Frères sœur). Il prend goût aux planches et quelques temps plus tard, il créé avec son complice François Rollin Le Grand Mezze. Le système est simple. Il s’agit de recevoir sur la scène du théâtre des Champs Elysées des artistes dont beaucoup frôlent l’absurde et la poésie, chers aux deux fondateurs.

Cinq ans après son premier film, Edouard Baer revient à la réalisation avec Akoibon. Là encore, la troupe du comédien est présente. Autour des anciens (François Rollin, Atmen Kelif) se joignent quelques nouveaux illustres : Jean Rochefort, Chiara Mastroiani, Benoît Poelvoorde, Jeanne Moreau, Léa Drucker… Comme d’habitude, l’ensemble est déjanté, hautement jouissif et férocement poétique.

Qu’il parte en goguette avec sa bande de copains chez Castel, sur un tournage de film ou sur un plateau de télévision, Edouard Baer est comme un poisson dans l’eau. Il fait ce qu’il aime et le fait bien. L’air de rien, il entraîne son monde dans des aventures farfelues et parvient à constituer un univers bien à lui où l’insolite, la fantaisie et la poésie sont rois. Un peu comme l’ont fait Francis Blanche et Jean Yanne à une époque, le dandy lettré Baer est de tous les fronts auxquels il administre une forte dose de liberté, d’humour décapant et de simplicité. Aucun doute, Edouard Baer a un point commun avec la chanson de son frère Julien : il est bien Le Roi de l’underground.

laurence


 
 
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