David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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K à NU





On a souvent une image fausse de ces playboys hollywoodiens, pas forcément excellents acteurs, mais idéaux pour faire des couvertures de magazines. Keanu Reeves n’étonnera personne si on affirme qu’il est un joueur de hockey et un fou de vitesse en moto. Plus surprenant, son fanatisme pour les échecs (le jeu) et son goût sincère pour le théâtre.
Acteur physique, corporel, à l’aise dans les scènes de nu, il a une réserve toute asiatique lorsqu’il s’agit d’afficher ses sentiments. Cette contradiction se retrouve dans sa carrière avec des films à fleur de peau (My Own private Idaho) et d’autres totalement d’action (Speed).
Il a commencé dans une pièce homoérotique à Toronto (Wolfboy). Icône gay par excellence, Reeves maintient une ambiguité veine et devient culte du cul avec le film de Gus Van Sant. Mais Keanu est avant tout proche des personnages de Shakespeare, et de leurs tourments sentimentaux. Roméo et Juliet, Hamlet, Beaucoup de bruit pour rien, ... que ce soit sur scène ou au cinéma, il aura souvent incarné un tragi-romantique. C’est aussi dans l’adaptation très libre faite par Van Sant qu’il donnera sa meilleure interprétation à date, et ce qui deviendra un de ses meilleurs films. C’est dans ces rôles qu’il a convaincu quelques cinéphiles qu’il était autre chose qu’un torse bien musclé et une belle gueule.
Sa popularité viendra des comédies (Bill and Ted, où finalement il joue Ted alors qu'il avait été enrôlé pour être Bill), des films d’action (Point Break, Speed) et de grosses productions mystico-gore (Dracula, L’Avocat du diable). Naif ou sombre, amateur ou pseudo-intelligent, victime ou héros, ses personnages sont toujours à double face dans des univers un peu surréalistes. Cela donne des ovnis incongrus absolument kistch. Excès d’eau de rose (A walk in the clouds), excès de gadgets (Johnny Mnemonic), excès de rebondissements débiles (Chain reaction)...
Il aura évité de jouer les Val Kilmer dans Heat et les Jason Patric dans Speed 2, malgré des cachets plutôt tentants. Mais l'argent n'a jamais fait son bonheur. Il a même reversé une grande partie de ses cachets de Matrix aux techniciens des effets spéciaux. Il préféra des choix « suicidaires » mais plus personnels, à la façon d’un bouddha cherchant sa voie du milieu. Tout un symbole. Car d'Agresti à Bertolucci, ce citoyen du monde n'a jamais hésité à tourner avec des cinéastes d'ailleurs. Révélé par Frears dans Les Liaisons Dangereuses, ne l'oublions pas, en rival un peu jeune de Valmont. Au sommet chez Van Sant, de ses propres mots « nul » dans le Coppola, et plutôt séduisant chez Branagh (en méchant), il n’aura rien tourné de bien depuis son méga hit avec le bus.
C’est son retour en avocat pactualisé avec le diable Pacino qui le remettra sur la bonne voie. Le summum est atteint avec The Matrix, cyberpolar noir et flinguant. Keanu est de nouveau en train de voler au dessus des sommets, du Box Office. Il signe pour une trilogie qui fait date et devient Néo pour l'éternité, l'un des rares héros de cinéma complètement inventé ses vingt dernières années.
Pourtant, Keanu Reeves meuble son planning avec des films médiocres, des rôles encore plus noirs, des personnages toujours plus cyniques, en compagnie des jolies dames d'Hollywood. Rien de marquant dans sa filmo donc, et aucun choix qui ne permette de le détacher du lot. Il n'est plus courtisé par les plus grands cinéastes. Il tourne dans des séries B, des produits bons pour la vidéo.
Car Keanu Reeves reste avant tout Néo. Jésus superstar des mondes cyber. Aveugle et sacrifié. Jeune et puissant. Une trilogie phénomène (un peu gâchée sur la fin) qui lui permet d'avoir son étoile à Hollywood. D'être à part, sur une autre planète que les autres stars. A la fois transparent, invisible et complètement évident car androgyne, ambiguë, adolescent et adulte, les yeux bridés et la mâchoire occidentale, un métisse du futur, un homme hybride, un comédien qui se laisse disparaître dans un costume aussi noir que ses tourments. Il semble détaché, pas forcément impliqué, à l'écart du star système, comme il joue des mecs "élus" malgré eux pour jouer les sauveurs d'un monde qu'il respecte à peine.
Sa carrière est digne d'un grand huit, avec quelques pics et de nombreuses coulées. Pendant qu'il recharge ses batteries matriciennes, il tourne avec son groupe, il roule avec sa moto, et il soigne plaies et bobos. Sa vie privée n'a rien eu de calme.
Après Matrix, Keanu s'est amusé à jouer un second rôle, aux côtés de monstres sacrés. Prétendant de Keaton et coq concurrent de Nicholson. S'il perd au jeu de l'amour, il gagne à être dans un hit comique et romantique. Profil bas. Une fois la révolution des Wachowski achevée, la star essaie de se renouveler. Dans les bras de Diane Keaton, et en rival amoureux de Jack Nicholson dans le succès Tout peut arriver. Dans des seconds rôles (Thumbsucker, Ellie Parker). Dans un mélo (Entre deux rives) ou dans un héros de comics (Constantine, son dernier gros succès à date, en 2005). Il joue ainsi avec Tilda Swinton, Naomie Watts, Rachel Weisz, Sandra Bullock. Il y a pire générique. Mais Reeves cherche, explore, prend des risques. Ainsi il est transformé en personnage d'animation très réaliste dans l'expérimental A Scanner Darkly, il s'aventure dans le deuxième film d'un cinéaste prometteur, David Ayer (Au bout de la nuit, scénario de James Ellroy tout de même) et essaie malgré tout de renouer avec l'univers de Matrix (Le jour où la terre s'arrêta) ou les comédies romantiques (Les vies privées de Pippa Lee). il se cherche. Mais le public le perd. En 2008, il a perdu toute sa gloire, fait déjà figure de has-been. Il n'a que 44 ans. Tourne un film en 2010. On ne le reverra plus avant 2013. Quasiment cinq ans de disette. Sans doute à regretter qu'un Scorsese ou un Coppola ne lui proposent rien. A voir passer les rôles de super-héros de Marvel devant lui. Il est désormais très loin le temps où il gagnait 15M$ et 15% des recettes pour un film de Matrix.
Il a aussi des tragédies à digérer: la mort de sa fille à sa naissance en 19999, l'accident de voiture de la mère deux ans plus tard. Alors il passe à autre chose. il produit une série de documentaires, la séries TV Rain, un docu, Side by Side, sur la mutation du 35mm vers le numérique (avec Nolan, Scorsese, Cameron en professeurs/témoins). Il s'intéresse de plus en plus à la technique. Passe à la réalisation (Man of Tai Chi). Keanue Reeves mûrit. Il revient sur le grand écran avec 47 Ronin et John Wick. deux films de genre. le premier est un fiasco mais le deuxième réussit sa sortie. L'ancienne star revient modestement sur les plateaux.Comme s'il redevenait tendance. Les studios lui font de nouveau confiance et lui continue d'alterner thriller, comédie, horreur, science fiction.
A 50 ans, Reeves n'a plus le physique de beau gosse de ses débuts. Il n'est toujours pas le grand comédien façon McConaughey. On le verrait plutôt à l'aise chez les Expandables. Mais sa soif de cinéma et son amour pour les films d'auteur le poussent à refuser certains projets.
De toute manière, Keanu est à jamais l'image cinétique d'un monde en mutation technologique. Un acteur venu du 35mm voire du cinémascope qui s'est métamorphosé en avatar numérique.

vincy


 
 
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