David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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LE MYTHE





Marlon Brando n'est pas qu'un acteur c'est un mythe. Une icône du septième art à l'instar de Marylin, Louise Brooks et James Dean. Son extraordinaire présence, sa voix grave, son regard hypnotique donnent à ses dialogues des parfums d'incantations, à ses films des allures de testaments bibliques. Son look, son allure, sa beauté ont été des standards d'une époque. Il est un exemplaire unique, un comédien à la gueule de Commandeur,rolex montre replique qui n'a jamais fait du cinéma en jouant des rôles, en faisant semblant d'être un autre mais en incarnant des personnages, physiquement et mentalement.
Marlon Brando est né en 1924 à Omaha, Nebraska, parmi les ploucs du Midwest. Son père est producteur, sa mère actrice, il s'oriente donc naturellement dans une carrière artistique. Viré de l'Académie militaire, il débarque à New York. Il suit les cours de l'Actor's Studio et en deviendra le symbole : il mettra en application la méthode en totale symbiose avec son talent. Dans ses cours, en suivant les indications de Stella Adler et la méthode de Stanislavski, Marlon Brando développe une nouvelle façon d'interpréter les rôles, basée sur l'improvisation et l'oubli du scénario originel pour un approfondissement psychologique du personnage jusqu'à l'excès. Il en souffrira, écrasé par cette pression où le comédien doit extérioriser la moindre émotion. Il y rencontre Elia Kazan, un jeune dramaturge qui va devenir son mentor.
Il triomphe sur les planches de Broadway dans "I Remember Mama" et surtout "Un Tramway Nommé désir" écrit et dirigé par Kazan; son incroyable charisme lui ouvre tout naturellement les portes d'Hollywood et du monde du cinéma. En 1950, il tient son premier rôle dans C'était des hommes de Fred Zimmerman puis enchaîne avec la version cinéma d'Un Tramway Nommé désir. Il affronte l'immense Vivien Leigh. Le duo fait des étincelles. Brando est sacré star. Mais on nom n'est pas encore une marque... Les fifties seront ses plus belles années.
L'Equipée Sauvage, Sur les Quais ( premier Oscar en 1954), Jules César, Viva Zapata, autant de films devenus cultes qu'il illumine de sa présence presque animale. C'est une bête de l'écran comme d'autres sont des bêtes de scène. En cuir et à moto (L'Equipée Sauvage), en tee-shirt souillé de docker (Sur les Quais) ou en toge romaine (Jules César), sa présence électrise la pellicule, dégage une puissance émotionnelle rare. Il est l'archétype du mâle sexy, créé les modes, et devient objet de fantasme (pour les femmes comme pour les gays). Il est impossible de séparer Brando, de ses personnages, et ses personnages de leur costume. Plus que jamais, c'est la perception de Brando qui se superpose, et s'impose, à sa personnalité réelle.
Il tourne avec les plus grands metteurs en scènes Joseph L. Mankiewicz, Sidney Lumet, Charlie Chaplin, donne la réplique aux autres stars du moment, Montgomery Clift, Glenn Ford, Anthony Quinn, Frank Sinatra, Dean Martin, séduit les plus belles femmes, Sophia Loren, Elizabeth Taylor, Anna Magnani, Tippi Hedren ; enfin, il met en scène son unique film en tant que réalisateur - La Vengeance aux deux visages - un western désespéré et crépusculaire remarquablement interprété, qui en dit long sur les tourments et les réflexions de l'homme. On y retrouve Karl Maiden, un ami avec qui il avait tourné ses plus grands films.
Pourtant son aura pâlit dès le début des années 60. Il joue plus souvent les seconds rôles ou ses films échouent au Box Office. Lassé par le miroir déformant d'Hollywood qui lui créé ce double visage de plus en plus insupportable, Marlon Brando ne s'implique plus autant dans les projets qu'on lui propose. Sa vie privée défraie la chronique plus que ses films; il épouse la cause indienne, à la fois avec exagération comme un Travolta et sa scientologie, mais aussi avec une sincérité à la manière d'un Redford et l'environnement. Pour l'un de ses derniers rôles, il se fait leader d'une mutinerie sur le Bounty, film humaniste où il incarne la sagesse et la liberté. Dans son amour infini pour les minorités, il craque pour une île polynésienne française. Il s'y installe.
Pause.

Mais tel un Phoenix, Marlon Brando renaît des cendres de l'oubli. Contrairement à l'impression laissée par les encyclopédies, il ne s'écoule que 3 ans entre Queimada et Le Parrain. Ce n'est pas le come-back qui est fracassant, c'est la métamorphose.
L'homme a mué, comme un serpent. Les années 60 avait fait faner sa beauté, l'avait un peu fait grossir. Comme pour mieux se libérer de son image, grimé, avec du coton dans la bouche, il se présente devant les producteurs du Parrain que doit tourner un jeune et talentueux réalisateur Francis Ford Coppola. Ils ignorent qui se cache derrière le maquillage, ce n'est pas Marlon Brando devant eux mais Le Parrain. Provocation mêlée de plaisir, celui qu'on avait enterré trop vite prouve à la face du monde son génie, et sa modestie de passer des auditions. Deuxième Oscar qu'il daigne recevoir, laissant une indienne expliquer les malheurs de son peuple et la discrimination subie dans les films hollywoodiens par celui-ci, devant une Académie médusée. 20 ans avant Danse avec les loups. Tout comme pour ses grands films, Le Parrain devient un rôle en totale osmose physique. Son travail (gestuel et vocal surtout) deviendra un exemple pour l'ensemble de la génération qui vient : De Niro, Pacino...
Il s'inscrit en père géniteur, en patriarche du cinéma de demain. Il sera aussi parodié, objet de satyre, intégré dans la culture populaire mondiale. Là le physique légendaire de L'équipée sauvage est loin. L'icône visuelle s'est muée en idole cinématographique.
Marlon Brando enchaîne immédiatement avec un nouveau film choc : Le Dernier Tango à Paris du sulfureux Bernardo Bertolucci. Il donne tout dans ce film extrême, sexuel et philosophique. La légende attribue à l'acteur la paternité des répliques. Rien de surprenant tant Marlon Brando et son personnage Paul semblent se fondre dans ce film sous forme de thérapie mentale et de testament.

Marqué par ce rôle, définitivement "out" pour Hollywood, il se retire, ne sortant de son île du Pacifique que par intermittence pour quelques spectacles.
On l'aperçoit chez Arthur Penn, pour des réalisateurs amis comme Francis Ford Coppola (dément dans la folie Apocalypse Now) ou acceptant de se compromettre à des âneries pour des cachets énormes - 4 millions de dollars (à l'époque!) pour une voix dans Superman.
De 1980 à 1989, il se retire définitivement des plateaux de cinéma. Son absence à la Garbo construit sa légende.
Avec Marlon Brando tout est démesure. Les problèmes familiaux - homicide, suicide, obésité - minent l'homme qui est contraint d'accepter des rôles indignes de son talent, de son passé, de son intelligence.

Pourtant, il accepte de reprendre du service. D'abord avec un rôle qui ne se refuse pas : l'avocat de la cause noire, une minorité opprimée qu'il ne peut que défendre, dans Une saison blanche et sèche. Ce mysogine qu'on dit macho revient sur les plateaux avec une réalisatrice. Il enchaîne avec une comédie (!) où il incarne un Parrain de pacotille qui initie le jeune Broderick. Il se permet ainsi de clouer le bec à tous ses "parodieurs" en devenant son propre imitateur. Il continue d'accepter des séries Z, indigestes, pour des valises de dollars : Christophe Colomb, L'Ile du Docteur Moreau... Franchement, et avec ostentation, il se fout de la gueule des producteurs, en faisant croire à son génie avec deux fois rien. Car Brando est un comédien dans le sang, et donc un allumeur, un joueur. Il se moque d'Hollywood, à sa façon, avec sa méthode. Ses excès ne sont que le reflet des extrêmes d'un Art qui l'a bouffé, d'un système qui l'a détruit.
Ainsi il aime la ruse, les gags, les paniques qu'il créé sciemment aux producteurs et réalisateurs. Andrew Bergman a eu le droit à un faux bruit de jet, et a cru que Brando s'était échappé à Tahiti avec l'avion de Sinatra. Sur le tournage de Don Juan di Marco, il a volontairement bouffé des tortillas et du guacamole comme un goret, tachant son costume de scène, infestant l'ail, puis il a offert 160 margaritas à toute l'équipe (au frais de la prod') avant de tourner la scène avec Dunaway. Pour le Docteur Moreau, il a créé son look en dix secondes en se renversant un bol de sauce tomate sur la tête. Il a même été plus loin en faisant croire au studio qu'il était prêt à faire une fausse pub pour ses plantes servant la promotion du film.
A une époque, il piquait tous les rendez-vous galants de ses collègues...

Des années 90, on retiendra donc un papy comique dans The Freshman et un psy coloré dans Don Juan di Marco. Il s'assagit, devient philosophe, s'octroie quelques moments de grâce dans des films modestes et frais. Il accepte par amitié de jouer dans le premier film de Johnny Depp, en faveur de la cause indienne. Tout cela reste cohérent : la loyauté est essentielle à Brando, comme elle est inexistante à Hollywood.
Il accepte finalement 3 millions de $, un tournage à Montréal, quelques lignes en français (son pays d'adoption É), et des scènes anthologiques avec De Niro pour The Score. Ce thriller plutôt de bonne qualité lui permet de boucler la boucle de ses 30 dernières années de cinéma. De Niro incarnait le jeune Don Corleone de Coppola, tandis que Brando jouait le personnage vieux. Il éprouve un réel plaisir, une vraie décontraction. Le plateau de cinéma reste son aquarium.
Là encore, il n'a pas perdu de vue qu'il fait un métier qui n'a rien à voir avec l'entraînement à la Actor's studio. Juste avant la scène où Norton explique son plan à De Niro, Brando,replique montre iwc en s'installant dans son fauteuil, pête un bon coup et décontenance le jeune comédien sou les rires de Bobby. Seuls Mel Gibson ou Depardieu auraient osé...
Atteint par une pneumonie, il n'a pu faire une apparition dans Scary Movie 2 malgré l'énormité du cachet proposé (2 millions de $ la scène). Un mal pour un bien. Le héros de Sur Les Quais, cette légende du septième art vomissant et chiant (il devait tenir le rôle de l'exorciste qu'interprète James Woods) pour gagner sa vie, cela aurait été un coup de poignard dans le coeur les cinéphiles qui préféreront un requiem post-mortem en revoyant ses derniers éclats dans The Score, face à De Niro (logique), dans un territoire francophone.
Car comment l'interpréter : Brando serait-il devenu une simple image s'auto-caricaturant? Ou est-ce un hommage de tous les jeunes de la culture blockbuster à un patrimoine qu'on regrette déjà d'avoir gâché?

yannick, vincy


 
 
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