David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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SIMONE, TOUT SIMPLEMENT





Pour mieux l'approcher, la lecture de "La nostalgie" est recommandée. Ce livre - dont la paternité lui fut imprudemment contestée par la bouillante Anne Gaillard, laquelle perdit le procès - écrit par celle qui avait éprouvé le besoin de "tout dire", est révélateur. On est habitué depuis longtemps, à voir paraître en masse des bouquins où comédiens et comédiennes confiant leurs pensées intimes et parfois même, on peut le supposer, à enjoliver leur vie passée. Ce n'est pas nécessairement passionnant bien qu'il soit parfois instructif de savoir comment les auteurs se jugent avec lucidité ou avec complaisance. Le livre de Simone Signoret, c'est autre chose: on y trouve une brutale franchise, un manque de contrainte plutôt surprenant, et une pudeur libre. On a bien l'impression qu'elle s'y est livrée tout entière, qu'elle s'est déchargée d'un fardeau quitte à pousser un grand ouf de soulagement en posant le point final après avoir dit tout ce qu'elle pensait et, qui plus est, n'avoir pas triché. Son livre est une preuve de totale intégrité et de fidélité envers soi-même. La vie derrière soi.

Actrice, elle a travaillé un peu partout. Et a beaucoup voyagé. Elle a glané de grandes récompenses: le Grand Prix d'interprétation à Cannes en 1959 pour Les Chemins de Haute Ville ; l'Oscar de la meilleure actrice pour le même film à Hollywood, l'année suivante; le trophée de la British Film Academy pour Casque d'or; un César pour La Vie devant soi. Bardée de gloire, voici ce qui aurait pu lui donner de la suffisance, même à la morgue. Mais Simone n'est tout simplement pas "comme ça": elle poursuit son chemin dans la normalité la plus stricte, d'une approche peut-être un peu plus difficile que jadis. Mais on peut supposer que c'est son luxe après tant d'années passées à combattre dans l'arène des joutes cinématographiques et politiques. Femme de tous les défis, d'ailleurs, elle a même osé, ce qui ne s'était jamais vu (et ce fut une cuisante défaite), jouer à Londres MacBeth - au tarif syndical de sept livres sterling par jour! - dans ce fief réservé aux grands de la tradition shakespearienne, ceci aux côtés d'Alec Guinness. Autre geste spectaculaire: en plein tournage de Barabbas, elle renonça à son rôle lequel fut alors confié à Silvana Mangano. Elle rejeta aussi celui de Bouboulina dans Zorba le Grec, pour la simple raison qu'elle ne "sentait" pas ces personnages, persuadée qu'elle ne pourrait pas, de ce fait, tout leur donner. Elle n'en fait qu'à sa tête, d'où un standing nullement usurpé. Elle est authentiquement une des grandes de sa profession. A la fois légende sans frontières en Casque d'or et citoyenne française en femme politique, romantique, authentique.

Simone Kaminker, né à Wiesbaden, le 25 mars 1921, est arrivée dans le cinéma par l'entrée de service: pendant la guerre et, comme elledit, "afin de ne pas crever de faim". Elle était sténo-dactylo, donnait des leçons d'anglais. Elle imagina faire de la figuration, ce qui ne rapportait pas bien gros non plus. Mais, la chance aidant, cela permettait au moins de manger à sa faim. La vocation?
Ce n'était pas exactement ce qui la poussait, irrésistiblement du moins. Elle fut reconnaissante à Jean Boyer qui lui donna une petite chance dans Le Prince charmant, en 1942. Avec sa franchise habituelle, elle avoue: "J'étais sans aucun doute la plus grande des gourdes, ne connaissant absolument rien du métier...". Mais, lucide et intelligente, elle apprit vite. Son premier vrai film, quatre ans après, fut Les Démons de l'aube. Réalisateur: Yves Allégret, son mari, père de sa fille Catherine.

A partir de là, tout allait de mieux en mieux. Elle eut progressivement des rôles convenant à son tempérament dramatique. Les Anglais firent une première fois appel à elle pour les Guerriers dans l'ombre. Son premier vrai grand rôle fut néanmoins sous les traits de Dédée d'Anvers.
En 1951 vient Casque d'Or, son film symbole, son film préféré aussi avec le rôle d'Alice dans Les Chemins de Haute Ville. Casque d'Or aussi mythique soit-il fut un flop complet en France. C'est sa carrière britannique qui sauva le film. En revanche, le Clouzot, Les Diaboliques battit des records de recettes. Elle a d'ailleurs une faiblesse avouée pour certains de ses films qui n'ont pas tellement bien marché, La Mouette par exemple.
Non que ceci soit contradictoire: c'est plutôt dans l'ordre normal des choses en ce qui la concerne. Elle a connu des périodes d'éclipses, choisissant ses cinéastes et ses rôles de manière exigeante (juqu'à un Chéreau débutant vers la fin de sa carrière). Elle est de celles qui méritent des rôles spécialement écrits pour elle, dont les répliques épousent le style de son franc-parler, partie intégrante de sa forte personnalité.
Physiquement, elle a beaucoup changé aussi, assumant son âge, ses rides, son poids. Beaucoup lui reprochent de s'être "laissée aller". Elle tient à ce qu'on sache qu'elle ne se vieillit nullement pour certains de certains de ses rôles: elle hait les artifices et, ayant accepté de vieillir, s'y sent très bien.
La bagarre? Elle aime ça! Ayant eu des rêves de star quand elle était jeune, par la suite, cela la faisait rire. Comme elle pouffa en apprenant que la critique lui avait décerné un Prix Citron. Elle n'alla pas en prendre possession, mettant tous les rieurs de son côté à cette occasion en décrochant aux membres du jury une de ces flèches acérées dont son carquois était bien fourni. Elle n'avait que faire des prix de popularité. Cruelle, elle pouvait l'être parfois, en restant humaine et cela faisait un très bon équilibre: celui dans lequel elle fut longtemps douillettement installée.

Mais au delà de la Star, de la femme politiquement engagée, il y avait d'abord une amoureuse. Et sa carrière eut souvent influencée par ses hommes.
Elle fut d'abord la femme d'Yves Allégret qui lui donna de très bons rôles durant la première phase de sa carrière. Un autre Yves a remplacé le premier et ce roman d'amour-là a duré plus d'un quart de siècle. A plusieurs reprises, Simone a mis sa carrière en veilleuse pour mieux être dans l'ombre de Montand. Un couple parfait pour les Unes de magazine, le pendant cinématographique de Renaud/Barrault. Même l'épisode Marilyn Monroe, si ostensiblement monté en épingle par la presse, n'a pas réussi à faire osciller ce bonheur. Si Simone a souffert de cet intermède, elle n'en laissa rien paraître et la vie continua comme avant. Car ces époux éprouvaient l'un pour l'autre, outre l'amour, une totale admiration. Leur couple était un acte de foi inébranlable.
Elle fut de celles qui confirment qu'en vieillissant, on devient bien meilleur comédien. On gagne en métier, en autorité. Lâge rend un visage plus émouvant.
En 1986, au festival de Cannes, on lui dédia un film-hommage de Chris Marker où l'on retrouve toutes les phases de cet itinéraire sans concessions. Selon Didier Sandre: "Graine de battante, elle s'est toujours efforcée de mener à bien toutes ses entreprises, qu'elles soient cinématographiques, politiques ou bien humanitaires, avec un sens profond de la lutte et du combat".
Duras, qui s'y connaissait, a tout compris. Tout: "C'était une reine. Elle a sorti la France de ses gonds, elle l'a faite internationale."
Au jour de sa mort, Libération avait titré simplement, mais sur toute sa Une: Simone.


CT / 03.99


 
 
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