David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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LETTRES D'AMOUR (L.A.)





Ne pas confondre avec Wes. Même si Paul Thomas Anderson partage aussi le titre de cinéaste « scorsesien » (plus justement, on peut les englober dans une avant-garde d’un cinéma américain qui renvoie à la génération des années 70). Sans doute parce que ses œuvres épiques mêlent la foi et le sang, la rédemption et la culpabilité, la transgression et le fric. Moteurs liés à de bas instincts qui font avancer quelques destinées vers leur fatalité. Parfois le cinéma « andersonnien » s’accompagne d’allégories inventives et de trames musicales éclectiques. Mais s’il y a du Scorsese chez lui, ce n’est que dans la forme et une vision très américaine (pour ne pas dire biblique) de l’Amérique). Quand le réalisateur de Taxi Driver immortalise New York, celui de Magnolia déclare sa flamme à la Californie (du Sud), et notamment Los Angeles, et ses annexes : Las Vegas (Hard Eight) ou Hawaï (Punch-Drunk Love). Que ce soit la vallée de San Fernando, les collines d’Hollywood ou les champs pétrolifère de la San Joaquin Valley, il plante son décor dans une Californie peu glamour, et assez industrielle : même le porno (Boogie Nights) est une industrie. Il y agrandit, s’y est construit. Il est un peu à l’image de son personnage de Punch-Drunk Love : un résident doté de millions de « miles » lui permettant de faire le tour du monde et qui ne se résigne pas à quitter son bureau. Il n’ya rien de mieux que la maison. Dans cette vallée encastrée dans la métropole étoilée (Beverly Hills, Hollywood, Malibu, les studios Universal et Disney), délimitée par la fameuse Mulholland Drive. De longues lignes droites ponctuées par des alignements de feux de croisement, où les centres commerciaux font office de centre-ville. Cette terre est une matrice, un personnage maternel, compensant l’absence ou les failles des mères, élémént récurrent de tous ses films.

Sin city
Il mettra plus de dix ans à réaliser son premier long métrage. Mais entre le documentaire parodique The Dirk Diggler Story et Boogie Nights, il y a un point commun qui les relie : une star du porno dotée d’un énorme engin entre les jambes. A sa manière, Boogie Nights, nommé à l’Oscar du meilleur scénario, provoque l’Amérique. Pas forcément avec ce plan ultime sur ce tuyau épais et pendant –une prothèse évidemment – mais pour sa manière d’aborder un sujet tabou sans y toucher. Ses personnages déchus ou élus permettent à trois comédiens de devenir incontournables à Hollywood – Julianne Moore, Mark Wahlberg, William H. Macy – à Philip Seymour Hoffman de se révéler et à Burt Reynolds de renaître. Il fait pleurer les femmes, hurler les hommes, mélange le sang, le sperme et la sueur, et se délecte de la malédiction qui abat toujours ses créatures.

Los Angeles brille sous un soleil éclatant, écrasant. Tout est vif. Dans le film qui suivra, l’un des chefs d’œuvre des années 90, Magnolia, la ville sera plutôt nocturne, presque apocalyptique. La mort d’un vieil homme est au cœur d’un tourbillon de la vie, où chacun doit se confronter à ses vérités. Film de virtuose, où l’empathie et la compassion gagne sur le pathétique et la complaisance, Magnolia est le film urbain par excellence, faisant interagir les itinéraires de chacun comme les routes se croisent et proposent différents chemins. Là encore Julianne Moore livre un grand numéro. Mais, plus étonnant, Tom Cruise y trouve son meilleur rôle et livre sa meilleure prestation. Même en slip, le scientologue joue à la perfection le prêcheur prédateur et pourtant pécheur. Anderson éclate son récit à travers plusieurs personnages presque représentatifs d’un panel angelinos. Il approfondit ses thèmes récurrents, et notamment cet impossible lien entre le dogme religieux et la liberté individuelle, mais aussi entre l’individualisme irresponsable et la nécessité d’être relier aux autres. Ours d’or à Berlin, il reçoit une seconde nomination aux Oscars pour le meilleur scénario, généralement celle réservée aux plus grands : Orson Welles, Jacques Prévert, Federico Fellini, Ingmar Bergman, Jean-Paul Rappeneau, Stanley Kubrick, Luis Bunuel et Jean-Claude Carrière, Steven Soderbergh, Quentin Tarantino, les frères Coen, Jean-Pierre Jeunet, Pedro Almodovar, Wes Anderson... On revient toujours à l’autre.

No country for those men
Et d’ailleurs Wes n’aurait pas renié le film qui succédera à Magnolia dans la filmographie de Paul Thomas. Le « pop » Punch-Drunk Love, hommage flagrant à Tati, repose sur un personnage idéaliste, monomaniaque et quasi dépressif. La comédie romantique douce et amère, enrobant sa critique du consumérisme dans du pastel, marque une rupture dans l’écriture du cinéaste. Il se concentre sur un personnage et cherche un ton qui définira le film, davantage que le montage n’impose le style. Il écrit ce film décalé pour Adam Sandler, plus connu pour ses comédies un peu vulgaires et ses personnages benêts. Fan du comique, Anderson lui offre un rôle qui casse son image, comme en son temps Jim Carrey dans The Truman Show. Excellent directeur d’acteur, cadreur hors-pair, se nourrissant dans tous les cinémas vus en VHS, de Renoir à Truffaut, il en sort un film sensible et drôle, qui lui vaudra un prix de la mise en scène à Cannes. Prodige ? Là encore Los Angeles est filmé hors-champs : hangars, pavillon de banlieue, colonie de vacances (dans un palace hawaïen). L’absurde n’est jamais loin, comme toujours finalement dans les sujets qu’il choisit. Ses hommes et ses femmes, fragiles et mystérieux, solitaires (terriblement seuls même) et rêveurs, fiévreux et drogués (par le succès, l’amour, Dieu ou le pouvoir), sont des portes ouvertes aux névroses humaines et à la folie qui régit ce monde. Que ce soit un long plan séquence ou un découpage très serré, il n’obéit qu’à une règle : le rythme. Le personnage secondaire le plus efficace de ses films est la musique. Lui-même marié à une musicienne, il y a une obsession du juste son pour épouser l’émotion entraînée par le mouvement de la caméra et le jeu des acteurs. Dans There Will Be Blood, il mixe les sons inquiétant de Jonny Greenwood avec les airs subtils de Arvo Pärt et de Brahms. Les mélodies sont rarement harmonieuses, préférant les cassures, à l’image de ses personnages subissant un hasard, contrariant leurs espérances.

In the Name of the Father
Peu disert et donnant peu d’interviews, ses rares confessions dévoilent un artiste perfectionniste, monomaniaque (comme ses personnages), se documentant à l’excès pour chacun de ses scénarii, obsédé par le détail et qui, pourtant, sur le plateau, s’avère surtout intuitif. Et s’il refuse que le spectateur puisse décrypter ses intentions, il ne peut se cacher derrière son propre « pétrole », cette énergie qui régie son cinéma. Burt Reynolds, Jason Robards, Daniel Day-Lewis incarnent le père, toujours ambivalent, entre un déclin et une générosité, un égoïsme et une déception. Le père est monstrueux mais primordial. Net ce père n’est pas aux cieux. Grand fan de Baseball, Paul Thomas Anderson devrait être fan des Dodgers, l’équipe de Los Angeles. Il est un inconditionnel des Red Sox, cette équipe de Boston. La ville de son père. Little Boston est la petite ville où le pétrolier joué par Daniel Day-Lewis dans There Will Be Blood s’installe et fait fortune...

vincy


 
 
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