David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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DE L'AMOUR ET AUTRES DEMONS





Enfant prodigue et enfant de la balle, Gael Garcia Bernal, petit bonhomme de Guadalajaja, polyglotte et artiste sans frontières, est devenu en moins de cinq ans le comédien Mexicain le plus sollicité de la planète. Chronique d'un triomphe annoncé. Après quelques rôles à la télévision, dans ces feuilletons qui remplissent les vies de millions de sud américains, il part étudier à Londres. Voyage à travers l'Europe. De là naît sa vision de la vie : il croit en l'éducation, à la nature, à l'imagination, prend son rôle de citoyen très au sérieux.
A 21 ans, il croise la route de Alejandro Gonzalez Inarritu, le cinéaste le plus prometteur du pays. www.reeftiger.fr Octavio, son personnage, cause le premier accident de parcours de sa jeune carrière. Il y entraîne son chien dans le but de gagner un combat, du fric, sa liberté. Amores Perros (Amours chiennes), chef d'oeuvre méconnu, film puzzle sur les misères de l'existence, est un triomphe critique. Il récolte de nombreux prix à travers le monde, inclus le Grand Prix de la semaine de la critique à Cannes. Le film est un hit au niveau local. Il est à la fois l'amorce de l'envol du comédien et le début de l'élan du réalisateur.
Gael Garcia Bernal ne se met pas en berne pour autant. L'année suivante, car tout va aller très vite, Alfonso Cuaron l'enrôle pour Y tu Mama tambien (qu'on peut traduire par "Et ta mère elle suce?"), road movie à trois, deux gars, une femme, tant de possibilités. Amitié, sexe, vie, tant d'apprentissage.Le film de celui qui réalisera le troisième épisode d'Harry Potter est un triomphe public tant au Mexique qu'aux USA (14 millions de $ pour un film sous titré c'est un gros score). Bernal s'y fait remarquer, au côté de son pote Diego Luna, avec une scène de branle juteuse dans une piscine. Le sexe semble être une obsession. Amour, Gloire et pêchés.
Fort de ses deux films populaires, il commence à être demandé à l'extérieur de son Mexique natal. Il partagera l'affiche avec Cecilia Roth (Tout sur ma mère) dans un film argentin, puis affrontera Victoria Abril (Talons Aiguilles) et Pénélope Cruz (En chair et en os) dans l'espagnol et déjanté Sans nouvelles de Dieu. De fait, il y incarne le Diable, en limo noire, climatisée et lustrée. Et cela lui sied bien, un brin de méchanceté. En affrontant ces actrices "almodovariennes", on se dit que la rencontre est inévitable. Lorsqu'il choisit le rôle de Che Guevara pour la mini série "Fidel" sur le dictateur de Cuba, il ne sait pas encore qu'il touche là un personnage qui fera de lui une star internationale. Car, après quelques cours métrages, l'acteur est choisit pour être le Père Amaro. Cela devient un rituel. Chaque année, le Mexique produit un film événement : prix Ariel (leurs Oscars), Box Office explosant les précédents records... Et à chaque fois, Gabriel Garcia Bernal en a le rôle principal. Dans cette adaptation du classique portugais de Eça de Quieroz, il devient un prêtre combattant la corruption financnière du Clergé, mais ne résistant pas à la tentation des chairs d'une fidèle allumeuse. Le crime du Père Amaro devient le plus gros succès de tous les temps en son pays. Si le film est bien plus classique que ses précédents films, Gael Garcia Bernal confirme, sans avoir eu à s'exiler à Hollywood, qu'il est la star latino-américaine tant attendue. Les magazines de mode commencent à s'intéresser à sa jolie gueule. La critique branchée essaie de prendre de l'avance en le portant aux nues. Outre son physique, sexy, latino (ce qui signifie chaud pour la plupart des chroniqueurs/chroniqueuses en mal de mâles), il impose déjà ce qui fera sa force, son talent. "Le talent survit et reste alors que la beauté se dilue."
Il semble habité par des tourments, exprime relativement peu ses sentiments, se délivre à travers les autres : combat de chiens, amour interdit, vengeance par procuration, altruisme généreux. Il aime se désincarner. Paradoxe qui trouve sa traduction dans des personnages au bord de leurs contradictions, sur le fil du rasoir, introvertis, prêts à exploser, ou se révéler. Le déguisement - soutane, médecin, souvenir d'enfance - ne dure pas longtemps. Bernal est à la fois l'hologramme de ce que nous projetons dans un personnage et quelqu'un d'autre : quelqu'un qui aime se travestir, pour ne pas trop se divulguer. Un Général dans son labyrinthe. En quête d'exils. Qui cherche la sortie. Il n'est jamais lui-même et, simultanément, il nous semble, à chaque fois, familier. Comme si Octavio, Julio, Davenport, Amaro, Gabriel, Guevara et Angel étaient bien le même homme, face à ses pulsions démoniaques et ses désirs de rédemption.
Dans I'm with Lucy, comédie romantique américaine, il joue les amants opulents, bio, un zest zen, et pro du Kama-sutra. Hollywood utilise ainsi Hayek, Santoro et autres comédiens du Sud Américain comme des sexe-symboles. Loin d'être l'archange, son personnage Gabriel montre surtout l'intérêt croissant de l'industrie pour ce jeune prodige. Et l'envie de Gael d'aller dans d'autres univers, parlant d'autres langages. L'incroyable et pas triste histoire de ce Candide et ses inspirations diaboliques le conduira donc naturellement aux portes du paradis.
Le Brésilien Walter Salles en fait son Ernesto Guevara. Deuxième fois qu'il devient le Che. Diaros de Motocicleta (Carnets de Voyage) fait le tour du monde, de Cannes à Hollywood. Succès international, ce road movie entre Buenos Aires et l'Amazonie péruvienne dépayse et brave la critique blasée. Le public s'emballe pour ces décors Andins et ce personnage sanctifié : il oublie son grand amour, ses origines bourgeoises et même ses habitudes urbaines. Il devient le médecin des lépreux, des oubliés, des rejetés. Bernal, entre tremblements fiévreux et regards de compassion, se fait aimer des magazines grand public. Tout le monde s'intéresse à lui. Mûr pour une consécration bienvenue.
Parce qu'il choisit les bons auteurs, parce qu'il est élu des grands films populaires hispanophones de ces dernières années, il peut-être considéré comme un acteur respectable et adulé. Mais si son Amour eu temps du choléra lui apporte tant de louanges, il le doit à son autre film présenté à Cannes. C'est l'opposition des styles, des personnages, des morales qui façonnent notre fascination pour Bernal. Au delà de son allure sexy. Parce que tous ces films transgressent la moralité chrétienne, parce que ses rôles flirtent avec les tabous d'un continent encore sous l'emprise de Jésus, lui, ante-christ à sa manière, symbolise la liberté, à la fois celle de penser et celle de bouger. Il ne semble pas avoir de limites.
Aussi, ne doit-on pas s'étonner qu'il devienne le héros d'un film d'Almodovar. La Mala educacion (La mauvaise éducation) fait lui-même un détour par Cannes. Doublé rare pour un acteur. Doublé d'autant plus exceptionnel que les deux films sont bons et trouveront leur public dans le monde. L'ironie ira jusqu'à les disqualifier pour les Oscars, pour des raisons différentes, alors que les deux faisaient office de favoris.
Là Gael Garcia Bernal devient Angel et Juan et Zahara. Acteur mytho, frère revanchard, travelo mal dans sa peau, hétéro mais pas trop, homo mais pas top. Il s'exhibe une fois de plus dans une piscine. Diablotin en slip, il devient le narrateur de ce Récit d'un Naufragé, son frère, déchu. L'ange a les ailes coupées. Bernal dévoile sa sainte trinité : homme femme, homme acteur et homme frère. Dans ce film noir, il est la femme fatale.
Entre fantasmes et schizophrénie, perdue dans sa propre folie. Tandis que ses deux films accèdent au nirvana, il rompt avec Natalie Portman. Les magazines people se jettent tels de sales chiens sur le comédien, devenu bête de foire. Avec quelques années de décalage sur des cinéphiles avertis, les médias découvrent une nouvelle pépite. Prêt à servir dans des films Américains ou s'investir dans le prochain Michel Gondry. Prêt à souffrir, larmes à l'oeil, ou à sourire, mélancoliquement. Bernal n'est pas le genre à jouer la comédie. C'est un métier trop sérieux pour lui. Sa raison de vivre. Quitte à y perdre la raison.

vincy


 
 
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