David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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PRETTY WOMAN





L'allure d'une "girl next door". En pute de luxe, Richard Gere transforme alors sa vie en conte de fée. Cendrillon est née au cinéma sous la silhouette de Julia Roberts. Avec de longues jambes (mais sont-ce les siennes?), une sourire carnassier, une tignasse de lionne et des yeux embués : impossible de ne pas craquer!
Mais au delà du rire vorace et de sa crinière, elle devient, très jeune, très vite, une star mondiale grâce à ses talents de comédienne. Une étoile qui brille haut. Avec toujours ce risque d'être filante. Pourtant, en dix ans, avec se shauts et ses bas, ses risques et son flair, Miss Roberts est devenue la seule star féminine à être aussi bien payée que les Hanks, Pitt et autres gros calibres d'Hollywood.

Dans Pretty Woman, elle incarne donc la pûte qui réveille un quadra en sommeil et se pique du démon de midi. Classe et cool. La miss bouffe l'écran. Le triomphe est planétaire. Les nominations pleuvent. On se souvient de sa façon de manger des huitres, de siffler à une victoire ou encore du regard du groom devant de telles jambes (qui n'étaient pas les siennes, finalement).
Julia Roberts, démocrate et sudiste, impose ses deux marques de fabrique : les cheveux longs, ondulés et roux et sa dentition plus large qu'un clavier de piano. Bref un cheval de course, un champion plus qu'un pur race.
On l'avait aperçue dans un film pour ados, Mystic Pizza. Navet culte. Mais c'est surtout en fille de Sally Field dans un bled paumé où toutes les mégères se connaissent ancestralement, qu'elle se fait remarquée et nominée aux Oscars pour la première fois. La jeune fille est celle qui fait arracher les larmes en mourant. Steel Magnolias la révèle sous son angle naturel, le drame. C'est pourtant la comédie qui fera son succès. Sa composition lui vaut d'etre enrôlée dans une "petite" production nommée Pretty Woman.
Ses choix suivants ont des airs de citrouille. Et ses nerfs seront mis à rude épreuve (mort clinique, harcèlement marital, maladie fatale, amant assassiné politiquement, patron serial killer et schizo). Les fans suivent. Mais...
Même si son seul nom suffit à lancer un projet, beaucoup, cependant, croieront à son chant du cygne avec le hit The Pelican Brief, en 1993! Elle a enchaîné des séries B mélodramatiques, a joué Clochette chez Spielberg, un caméo dans l'épilogue de The Player (elle aime beaucoup s'amuser de sa propre image)... Le polar où elle cotoie Denzel Washington est un hit. Il s'inscrit dans les thrillers paranoïaques qu'elle affectionne tant : I Love trouble, Conspiracy theory. Nolte, Gibson, Leeson... Elle choisit aussi des partenaires de caractère. Sa vie privée est tout aussi tumultueuse, fascinant les tabloïds... Harcelée par la presse de poubelles, sa vie sentimentale devient plus populaire que ses rôles. Elle aligne les boyfriends. Mais elle se risque aussi à vouloir privilégier de grands metteurs en scènes.La plupart des films échoue.
Altman dans le raté Prêt à Porter, Frears et le sombre Mary Reilly, Allen et son romantisme musical dans le mélancolique Everyone says I love You... Elle acquiert ses lettres de noblesses, varie les rôles (y compris chez Jordan dans un très bon film politico-historique, Michael Collins), et alterne avec des comédies romantiques mal écrites par les scribouillards d'Hollywood. Face à Nolte ou Quaid, elle n'obtient aucune magie. Les films sont déjà oubliés lorsqu'ils sortent. C'est en fait là que pêche sa carrière : dans son registre, elle déçoit, à cause de scripts médiocres. Dans les films d'auteur, elle rayonne, déjà consciente de son statut.
L'enfer est atteint avec Mary Reilly en 96, désastre orchestré par des médias filmovores. Tout le monde dit je t'aime à Sandra Bullock. La même Bullock qu'elle éjectera du rôle de Runaway Bride. Roberts refuse le futur oscarisé Shakespeare in Love dans le même temps. Son destin sera ailleurs...
Car la Roberts a acquis un certain respect qui manque à ses concurrentes montantes. C'est en choisissant un scénario de comédie romantique - son genre porte bonheur - qu'elle touche de nouveau le jack-pot, aux bras d'un homosexuel!

En 97, Julia revient au sommet. Elle fait toutes les couvertures. Le Mariage de mon meilleur ami renoue avec les comédies américaines style années 40-50 et offre à l'actrice un rôle de "bitch" adorable dans un succès digne de Pretty Woman. Un brin cynique la miss. Roberts tourne de hits en hits, et son salaire s'envole: elle devient l'actrice la mieux payée (et la première à franchir les 20 millions de $). C'est aussi la femme la plus puissante d'Hollywood. Désormais elle peut tout s'autoriser : drame, mélo, comédie, art et essai...
Julia fait craquer tout le monde : d'allure naturelle, elle est une star de nature, faisant rêver les jeunes filles et séduisant les garçons. On la voit face à son amie Sarandon, en mère successeuse dans Stepmom, dans un registre plus tragique. Sans efforts, elle glisse dans ses personnages entre rires francs et larmes à flots.
A l'été 99, elle cumule deux succès en quelques semaines : avec le romantique et charmant Hugh Grant dans Notting Hill et avec le plus énergique Runaway bride où elle boucle sa décennie là où elle l'avait commencée, avec Richard Gere. La magie n'y est plus : Pretty Woman aujourd'hui est plus puissante que l'American Gigolo.
En 10 ans, elle a su explorer toutes les nuances d'un jeu critiqué mono-"game", de la tristesse la plus sincère aux fous rires les plus communicatifs. Mais c'est bien dans la comédie dîte romantique qu'elle excelle. Notting Hill, où Julia joue une star de ciné nommée Anna Scott (on vous l'a dit? elle aime se moquer d'elle-même) est la synthèse parfaite de ce qu'elle sait faire. Riche, belle, puissante, elle incarne la méga-star et devient objet de fantasme, dominant toutes les autres. Mais il lui manquait une chose...
Après un parcours déjà sublime, contestable parfois, elle attend le mentor qui la laissera mûrir, grandir et étoffer son jeu. Steven Soderbergh lui offre cette possibilité, la perche sur des hauts talons, nous donne le vertige avec ses balconnets et la rend prolo dans un combat de type David et Goliath. Julia Roberts est Erin Brockovich. Admirablement dirigée par le réalisateur de Sexe Mensonges et Vidéo, la star fait mouche face à Albert Finney, en mère américaine moyenne avec mioches, avocate d'une cause perdue (mais gagnée en happy end). Le film est une réussite inattendue, critique et publique. L'actrice obtient enfin son Oscar. Crinière tenue, mais sourire rayonnant. Le sacre éclipse tout le reste.
On pouvait donc s'attendre assez logiquement à une baisse de régime après 4 ans de triomphe ininterrompu et autant de "grands chelems". Le rêve peut un peu se reposer, surtout quand une femme veut autant un bébé. Après sa rupture avec son énième fiancé (de 4 ans d'âge celui-ci), The Mexican comme American's Sweetheart (Couple de stars) n'ont pas convaincu les critiques et le public ne semble pas captiver par ces rôles trop convenus pour une telle actrice. Elle y est pourtant très bien, mais les scénarii ne sont pas à la hauteur. Elle a tendance, pour ne pas se lasser, à jouer avec les copains (Pitt, Soderbergh). Dans Full Frontal, elle joue démaquillée. Elle cherche à casser son image de mégastar, à ne pas se laisser enfermer dans le glamour. Elle a trouvé l'amour avec un technicien de cinéma. Réside dans le lointain Nouveau Mexique.

Contre toute attente, il faudra la naissance de ses jumeaux pour que Julia lève le pieds, fin 2004. Une année off au minimum (même si elle signe pour faire des voix de films d'animation, nouvelle maman oblige). Mais elle ne pouvait pas mieux tomber cette année. Car "JR", brune, blonde, rousse, cheveux tirés, frisés, lissés, a appris à ne plus simplement sourire pour séduire. On oubliera le rôle consensuel (mais féministe, libéré, érudit malgré tout) dans Mona Lisa Smile. L'actrice n'a rien d'une plouc. Anti-Bush même. L'actrice la plus populaire des Etats Unis est, elle aussi, en rupture avec ses concitoyens... Espionne fantasmée et femme fatale en second rôle chez son pote Clooney (Confessions of a Dangerous Mind), elle joue de son charme pour draguer Jude Law et rendre fou Clive Owen dans le cérébral et glacial Closer. Le film de Mike Nicholas lui permet d'explorer un langage nouveau, plus théâtral, plus cru aussi, plus moderne et même en partie européen, bref du haut de gamme. Le film cartonne en Europe. D'ailleurs, hormis Mona Lisa, tous ses films depuis quelques années font l'essentiel de leur succès à l'international. L'Amérique la préfère en Runaway Bride plutôt qu'en photographe infidèle et baiseuse. Nous c'est exactement l'inverse.
Il y a bien un genre où elle rassemble tout le monde. Avec Soderberg, Clooney et Pitt, bref une bande de joyeux drilles milliardaires, elle est l'élément féminin vedette de Ocean's 11, énorme hit. Femme sublimée, en robe rouge descendant l'escalier ou épouse à reconquérir sous la lumière des chandeliers. Elle remet le couvert avec Ocean's 12, rivalisant avec Zeta-Jones (sa soeur dans American's Sweetheart), autre star "soderberghienne". Et là, enceinte (de Danny Molder) elle s'offre des "vacances romaines" pour libérer ses compagnons, en simulant une grossesse (de Danny Ocean). Elle ne trouve pas mieux que d'y croiser Bruce Willis (seule star présente à son mariage dans la vie réelle) et de prétendre jouer ... Julia Roberts. C'est définitif : elle aime se foutre de sa propre gueule. L'auto-dérision comme seule soupape à la pression hollywoodienne?
Tout lui est dû et pardonné depuis quelques temps... Gibson la définit très bien : "le mélange d'une fantastique énergie et d'une hyper-féminité". C'est peut-être ça l'alchimie secrètre qui est à l'origine de la transformation d'une jeune gamine de Géorgie en princesse du 7ème Art. Rendez-vous dans deux ans, après son congé maternité.

vincy


 
 
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