David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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© Jean-Luc Benazet   







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DANDY COOL





Adrien Brody a un nez remarquable. C’est un roc, c’est un cap, que dis-je, c’est un cap ? C’est une péninsule ! Mais c’est surtout un nez creux. Depuis qu’il est dans le business, Adrien a tracé son chemin, lentement mais sûrement, tournant avec des grands réalisateurs, jusqu’à la consécration ultime des deux côtés de l’Atlantique, en 2003, pour son époustouflante performance dans Le Pianiste de Polanski. Les envieux diront que c’est normal, parce qu’il est tombé dans la marmite étant petit. Sa mère, photographe pour la presse (The Village Voice), l’habitue à l’objectif et surtout, l’inscrit à des cours de théâtre alors qu’il n’est encore qu’un mioche. A 15 ans, le petit Brody obtient ses premiers rôles dans un téléfilm (Home at Last de David Devries) et une série télé (Annie McGuire). A 16 ans, il a sa place dans le générique de New York Stories de Woody Allen, Francis Ford Coppola et Martin Scorsese (il participe au sketch « Le Complot d’Œdipe » de Woody Allen). On fait régulièrement appel à lui à partir de 1993, année où il interprète un délinquant dans Kings of the Hill de Steven Soderbergh.
Adrien n’est pas un super-héros. Il n’a pas le physique d’un Brad Pitt. Lui, c’est plutôt l’échalas au teint pâlichon, aux oreilles écartées et au nez plus qu’impressionnant. Mais il a la classe. Le style. Avec lui, tout est dans l’attitude, comme l’a compris la marque de vêtement chics Ermenegildo Zegna, qui l’a habillé pour les Oscars et pour qui il a fait une campagne de pub. Pour la peine, celui qui en un sourire devient le bel Adrien a été couronné « Homme le mieux sapé d’Amérique » par le magazine Esquire en 2004.
Mais c’est surtout un acteur hors pair, capable d’interpréter à la perfection un punk bisexuel en pleine période disco (Summer of Sam de Spike Lee) un étudiant juif éperdument amoureux d’une belle goy (Liberty Heights de Barry Levinson), un leader syndicaliste charismatique (Bread and Roses de Ken Loach), un journaliste de guerre échevelé (Harrison’s Flowers d’Elie Chouraqui), un pianiste juif tentant de survivre seul en plein guerre, un simple d’esprit (The Village de Night Shyamalan) ou encore un cobaye en HP (The Jacket, de John Maybury). Impossible de trouver quoi que ce soit à redire sur la moindre de ses interprétations, toujours justes, toujours inspirées, toujours subtiles. Son secret réside peut-être dans l’acharnement avec lequel il applique des méthodes inspirées de l’Actor’s Studio. Le moins qu’on puisse dire c’est que Brody ne se ménage pas quand il s’agit d’entrer dans la peau d’un personnage. Pour Bread and Roses, il infiltre incognito une organisation syndicale. Un jeu d’enfant comparé à son implication dans The Jacket, pour lequel il demande à rester enfermé dans son casier de morgue même quand la caméra ne tourne pas. Juste histoire de péter les plombs pour de bon. Mais c’est surtout avec ses six semaines de préparation pour Le pianiste qu’il bluffe tout le monde, quittant définitivement son appartement New Yorkais, vendant sa voiture, se débarrassant de ses téléphones. Mais cela ne suffit pas, une fois sur le tournage, Brody, seul la plupart du temps, passe trois à quatre heures par jour à apprendre la Ballade n°1 de Chopin, se nourrissant essentiellement de protéines (très peu, un régime cauchemardesque même pour les pros du vite-plus-que-trois-jours-pour-être-présentable-en-bikini). De quoi perdre très rapidement plus de 13 kilos… Bouleversant Wladyslaw Szpilman, il conquiert les Américains, qui font de lui le plus jeune acteur à remporter un Oscar. Il est aussi le premier Américain à obtenir la Palme du Meilleur Rôle Masculin à Cannes. Probablement parce qu’aux yeux des Français, Brody est comme New York, la ville où il est né, où il a grandi et où il passe beaucoup de temps: si Européen ! Il y a du dandy en lui, cette façon de porter ses vêtements, et d’avoir toujours un sourire en coin, une sorte de recul quelle que soit la situation. Dans Bread and Roses, on l’invite à danser, il refuse : « non, je ne sais pas ». Il se gratte la tête, l’air gêné. Mais il a toujours ce petit sourire. Et puis finalement, au diable les complexes, il se lâche, il y va. C’est du n’importe quoi, mais impossible d’y résister. Un vrai séducteur. Halle Berry en sait quelque chose, ayant publiquement subi les assauts du Don Juan après lui avoir remis son Oscar. Mais Adrien est aussi un Angelino : fan de rap au point de vouloir se lancer dans la production, il se balade en grosse cylindrée - un accident de moto a failli lui coûter la vie - et aime tout ce qui fait bling-bling (il ne sort jamais dans avoir enfilé une de ses nombreuses bagues). Voilà un homme qui ne sera coupé d’aucun public…
Toujours aussi cool même après le succès phénoménal du Pianiste, Adrien continue à choisir ses films avec la même exigence de qualité et de variété, passant récemment d’un thriller existentiel, The Jacket, à une grosse grosse production signée Peter Jackson. Bizarrement, on n’a pas trop peur pour le reste de la carrière, ce type sait tout jouer. Il pourrait même devenir un super héros tout à fait crédible, malgré ce côté trop « urbain » ou trop « ethnique » que lui reprochent certains producteurs. Reste un grand défi, peut-être : verra-t-on un jour Adrien jouer le beauf de base, avec sa chemise canadienne, sa casquette de traviole, sa panse gonflée de bière et ses yeux rivés sur le poste de télé ?

Asha


 
 
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