David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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ETERNEL DANDY DE LA NOUVELLE VAGUE





Homme de théâtre par passion, d’écriture par désir, mondain par envie, Jean-Claude Brialy était surtout une Mémoire. Un de ces patriarches qui avaient souvenir de tout : les potins et les tourments, les confidences et les anecdotes du cinéma depuis la Nouvelle Vague, qui l’a vu naître, jusqu’à nos jours, où il était surtout l’une des Grosses têtes (de RTL).
Il tutoyait ainsi les anges (Romy, Simone) ou les icônes (Alain, Jean-Paul). Devenu second-rôle, dilettante et bon vivant, il incarnait une égérie métrosexuelle (avant l’heure) chez Chabrol, Rivette, Rohmer, Malle, Truffaut, Godard, Varda, Rozier... A l’étranger il croisera Scola, Benigni, Bunuel, Thiele, Costa-Gavras... Il était le beau gosse depuis Le beau Serge, il y a près de 50 ans, ambigüe à souhait, ambivalent avec la noirceur et le romantisme.

Apparu pour la première fois au cinéma en 1956 dans Elena et les hommes de Jean Renoir, on retient surtout ses rôles dans les mythiques films du jeune cinéma français de l’époque : Ascenseur pour l'échafaud, Les amants, Les cousins, Les quatre cents coups, Le genou de Claire... Acteur prolifique, ce natif de la France coloniale (à Aumale, en Algérie), fils de Colonel, perpétuellement muté et déplacé, ne se départira pas de ce goût pour le voyage.
C’est à Strasbourg qu’il fait son conservatoire, avec un premier prix de comédie à la clef. Il fera son service de l’autre côté de la frontière, à Baden Baden où il est affecté au service cinéma. Sa nouvelle famille sera définitivement celle des arts. Sympathisant avec Jean Marais et Edwige Feuillère lors de leurs tournées théâtrales, il attend ses 21 ans (la majorité d’alors) pour débarquer à Paris. Il fréquente alors la « bande des Cahiers du cinéma ». La plupart des critiques font leurs débuts dans le cinéma, et l’engage.

C’est Chabrol qui le rend célèbre. Godard révèle Belmondo, Visconti met en lumière Delon, Truffaut se double en Léaud. Chacun a son jeu. Son je. Celui de Brialy est désinvolte et nonchalant, élégant et racé, un peu snob mais assez simple, séduisant et féminin. A la vie comme à l’écran, il est boulimique. Enchaînant les tournages, il se mettra même à réaliser pour le cinéma (Eglantine, 1971, Les volets clos, l’année suivante) et pour la télévision (Les malheurs de Sophie, Un bon petit diable). Ce sont des évocations douces et mélancoliques de l’enfance, de son enfance.

Le temps passe et l’homme devient insatiable. Créant des festivals, dirigeant un théâtre, se mettant en scène sur les planches, écrivant en solo ou amusant en bande (radiophonique ou cathodique). Il se transforme en Jean-Claude qui rit, Jean-Claude qui pleure. Le grand public le voit en troubadour drôle tandis que les cinéphiles le reconnaissent dans des personnages souvent dramatiques, un peu patelins. Il est tour à tour l’ami, le dragueur, le confesseur, le témoin, l’homme dans l’ombre trop heureux d’être dans la lumière.

Mal aimé de la profession (sans doute excédée par ses sarcasmes, lassée de ses élégies pour Romy, tel un amant impuissant), il n’a eu le droit qu’à une récompense dans toute sa carrière, un modeste César pour un second rôle chez Téchiné. Car, l’homme vieillissant, devenant bedonnant et barbu ; continue d’intéresser les cinéastes de divers genres et diverses générations. On le voit ainsi chez Bertarnd Tavernier, Patrice Chéreau, Claire Denis, Régis Wargnier, Jeanne Labrune. C’est surtout Claude Miller, avec Mortelle Randonnée et L’Effrontée, qui lui donnera ses derniers beaux personnages, entre gris clairs et gris foncés, généreux et abîmés. Grave et léger.
Car il apprécie la retenue dans le jeu, à défaut de se l’appliquer dans la vie. Tendre au cinéma, patriarche parfois, il est loin de l’image qu’il renvoie dans la réalité : vieille folle un peu acerbe et mordante. Comme si son amertume, à la Delon, les disparitions de ses proches, ne pouvaient pas se contenir. Il en écrira des livres de souvenirs ("Le ruisseau des singes", "J’ai oublié de vous dire").

Toujours à regarder le passé, à le raconter. Prisonnier de ces années de gloire. Fan et midinette autant que célébrité et vedette, Brialy, assombri par les ombres de Cocteau et Trenet, enfant du bled, pitre et imitateur, préfère raconter la photo dédicacée reçue de Jouvet ou la lettre de Danielle Darrieux que de narrer ses propres faits et gestes de cinéma. "Tous mes films ne furent pas des chefs-d'oeuvre, loin de là, mais le plus raté d'entre eux a donné lieu à de superbes souvenirs. Sur cent quatre-vingt-cinq films, je peux dire que je me suis amusé cent quatre-vingts fois. Les tournages offrent toujours des moments privilégiés. Le cinéma a cette vertu de combler votre curiosité par toutes sortes de rencontres qui peuvent transformer votre vie" confiait-il alors que le Cancer le rongeait déjà.

vincy


 
 
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