David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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L'HOMME DE RIO

Le livre Bye Bye Bahia



Il appartient à cette élite brésilienne, toujours nomade, polyglotte, cultivée, prospère. Fils d’ambassadeur, Walter Salles est devenu en une décennie le plus respecté des représentants du 7e Art de son pays. Sa figure de proue. Et lorsqu’il ne réalise par deux des films latino-américains majeurs de ces quinze dernières années, il les produit (La cité de Dieu). Pourtant quelque chose d’imperceptible met le cinéaste en dehors de la caste des grands réalisateurs contemporains. Sans doute la sensibilité qui émane de chacune de ses histoires déplaise aux amateurs de radicalisme. Ou alors la mélancolie séduisante et mélodramatique fait croire à une œuvre romanesque plus que dramatique. Pourtant, documentariste et conteur, Salles n’oublie jamais d’insérer le social, le passé, la religion, bref tous les symptômes de son pays dans chacun de ses drames. Il aime évoquer l’exil et la fatalité, l’entraide et le désir individuel. On retrouve ses thèmes dans son segment de Paris je t’aime, où il suit une jeune immigrée passant de la banlieue aux beaux quartiers, abandonnant son enfant pour s’occuper de ceux de sa patronne.

Walter Salles a d’abord posé sa caméra dans les grandes villes de son continent. Mais ses personnages voulaient toujours s’en échapper : à Lisbonne ou au centre du pays et même jusqu’aux Andes. Il aime suivre les destins de personnages solitaires, en marge de leur famille ou de leur monde. Comme Van Sant et son Mala Noche, le premier film de Salles, Terra Estrangeira est en noir et blanc, et véhicule ce formalisme un peu brut, très sauvage, où la liberté s’imprègne de chaque plan, alors que le héros est à bout de souffle.
Il suffira du deuxième film, trois ans plus tard, pour que la consécration ait lieu. La barre est presque trop haute, trop tôt. Quand Central do Brasil reçoit l’Ours d’or à Berlin, il ne se doute pas du chemin pavé d’or qui l’attend. Un succès, public et critique, qui émeut le monde entier. Dépaysant et familier, humaniste et touchant, le film dialogue entre les races, les croyances et les générations et offre un visage inquiet et apaisé de ce Brésil à la fois idyllique et cauchemardesque.

Salles, contrairement à de nombreux réalisateurs de son pays, opte pour un cinéma poétique. L’allégorie n’est jamais loin dans ce miroir d’une société courant après sa propre vitesse d’accélération. Il entretient ainsi le temps, qu’il suspens, l’espace, qui enferme malgré son horizon illimité. Dans Avril brisé, entre cirque bohème et traditions familiales, le héros est piégé par les ordres qu’il reçoit, sans être capable de conjurer son sort et d’assouvir ses désirs. Parabole de la violence brésilienne qui n’a plus d’autres explications que sa propre démence, le film prouve définitivement la singularité et le talent de cet auteur. Surtout il s’avère être un remarquable directeur d’acteur. Et après avoir fait renaître la grande Fernanda Montenegro, après avoir révélé le très beau Rodrigo Santoro, il va sacraliser Gael Garcia Bernal.

En 2004, il présente à Cannes, Diarios de Moticicleta, traduit en Carnets de voyages. La jeunesse du Che à travers son périple andin qui le conduira jusque dans une léproserie. Le film emporte une fois de plus le public, avide de liberté et de paysage décoiffant. Subtils fragments de vie qu’il réassemble pour mieux nous donner envie de défier nos vies.
D’ailleurs, dès qu’il s’aventure en dehors de ses fables, ses chroniques, ses courts amusants coréalisés avec Daniela Thomas, Salles perd de son style. Le remake hollywoodien de Dark Water en est la meilleure preuve, oubliable. Hors de son territoire, il se perd. Il nous bluffe davantage avec son segment de Chacun son cinéma, pour le 60e festival de Cannes, où il enchante le public. J’écrivais alors : « Un plan fixe, deux brésiliens. Les 400 coups, film peut-être porno vu le titre, au fronton du cinéma. Il s’agit d’un moment de grâce gai et optimiste, où l’on apprend tout ça par Internet. Un rêve inaccessible, mais la plus belle salle de cinéma du monde, avec un certain Gil (mais pas Gilberto) à la Présidence. Un slam redoutable qui définit le Festival. Festif, fidèle, cosmopolite, superficiel, cinéphilique. »

Capable avec un événement triste de nous réconcilier avec la vie. Pour lui son pays, son continent sont en construction. Il observe ce qui l’entoure, le raconte et trouve toujours les images oniriques imprimant nos mémoires.

vincy


 
 
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