David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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LA FIN D'UNE PROMESSE FRAGILE





"Il rassurait tout le monde, sauf lui." Elisabeth Depardieu

Difficile de parler de la carrière d’acteur de Guillaume Depardieu sans évoquer également sa vie privée émaillée de drames qui, parfois, ont pu faire passer son talent au second plan. C’est que le jeune homme a longtemps souffert d’être né dans une famille de comédiens (fils aîné de Gérard et Elizabeth Depardieu, frère de Julie), voire de rester dans l’ombre d’un père titanesque et écrasant. D’où, sans doute, sa présence répétée dans les rubriques de faits divers : alcool, drogue, violence, prison… Guillaume est un enfant terrible qui multiplie les incartades, comme pour prouver au monde son existence.

C’est pourtant un accident parfaitement anodin qui fera le plus brutalement vaciller sa vie : en 1995, à moto sous le tunnel de Saint Cloud, il heurte un bagage tombé de voiture et chute violemment. Gravement blessé au genou, il subit de nombreux traitements et interventions chirurgicales, mais rien n’y fait. Il a attrapé une infection nosocomiale qui ne cessera plus de lui gâcher la vie, jusqu’à l’amputation partielle de sa jambe droite en 2003. La souffrance morale, omniprésente, se combine avec une souffrance physique que rien ne soulage.

Et pourtant, celui que son père emmenait très jeune sur les plateaux de tournage (il apparaît dans Pas si méchant que ça de Claude Goretta en 1974, Jean de Florette de Claude Berri en 1986 et même Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau en 1990), avait fini par se faire un prénom en 1991 dans Tous les matins du monde d’Alain Corneau. En interprétant Marin Marais jeune, il révèle ce mélange de force agressive et de sensibilité fragile qui caractérise son jeu. Le rôle lui vaut une nomination à l’espoir du jeune acteur masculin, mais l’Académie lui préfère Manuel Blanc pour J’embrasse pas d’André Téchiné. L’histoire se répète en 1994 : nommé pour Cible émouvante de Pierre Salvadori, il perd au profit d’Olivier Martinez (Un deux trois soleil de Bertrand Blier). Comme si, pour être le fils de, il lui fallait forcément en baver, et prouver deux fois plus que quiconque un talent pourtant assez incontestable.

Mais Guillaume Depardieu s’accroche, et sait notamment choisir les projets dans lesquels il s’engage. La télévision, et Josée Dayan en particulier, lui permet d’endosser des rôles populaires touchant un large public : il est ainsi Edmond Dantès jeune dans Le comte de Monte Christo, Athos dans , Louis le Hutin dans Les rois maudits… Mais c’est bien au cinéma, et pour des réalisateurs ambitieux, qu’il crève littéralement l’écran. Pierre Salvadori lui offre le rôle de Fred, trentenaire glandeur et désabusé qui n’attend rien de la vie dans , et c’est comme le manifeste de toute une génération. Cette fois, le César ne lui échappe pas (il l’emporte même devant Vincent Cassel cité pour La haine), et dans la foulée il reçoit le Prix Jean Gabin.

Dans la décennie qui suit, il tourne beaucoup, notamment pour Jean-Loup Hubert (Marthe), François Dupeyron (L’@mour est à réinventer) ou Jean-Pierre Mocky ( Alliance cherche doigt). Mais c’est surtout dans un cinéma d'auteur exigeant que sa nature attachante, tantôt dramatique, tantôt légère trouve toute son ampleur. On le voit ainsi chez Leos Carax (pola X), Jacques Rivette (ne touchez pas la hache), Serge Bozon (La France), et bien sûr Pierre salvadori, qui en fait un temps son acteur fétiche (Comme elle respire, Le détour, Les marchands de sable…).

Récemment, il était à l'affiche de De la guerre de Bertrand Bonello et de Versailles de Pierre Schoeller, tous deux présentés au dernier festival de Cannes. Sur cette croisette ensoleillée et joyeuse, il était apparu amaigri, flottant dans des vêtements trop larges et trop sombres, mi-agressif, mi-désespéré, comme partageant la souffrance de son personnage de SDF torturé et fragile se faisant violence pour aider un jeune enfant. On l'a vu également dans Stella de Sylvie Verheyde, projeté à Venise, où il incarne une fois encore un homme paumé n'attendant plus grand chose de la vie.

Ces derniers temps, sa carrière avait pris un nouveau tournant, résolument tournée vers des films ambitieux et de nouveaux réalisateurs susceptibles de lui offrir des rôles atypiques, mais également à la recherche de nouveaux chemins à parcourir : on devrait ainsi le retrouver prochainement dans Les inséparables de Christine Dory et Au voleur de Sarah Petit. Il tournait également en Roumanie L'enfance d'Icare, une co-production franco-roumaine réalisée par Alexandre Iordachescu. Enfin, il s’apprêtait à sortir un album de chansons au printemps prochain.

Sa mort, si brutale, si inattendue, en ce début d’automne 2008, suite à une pneumonie foudroyante, fait l’effet d’un ultime coup du sort, qui aura cruellement joué pendant 37 ans avec le destin de Guillaume Depardieu. L’heure, bien sûr, est à l’apologie. Alain Corneau, par exemple, le décrit comme "un jeune homme vraiment rayonnant". "C’est un gros choc", déclare-t-il. "Pour moi, Guillaume, ça a été un moment merveilleux de ma vie, de ma vie professionnelle. Il était solaire, il était radieux. Il m’a amené énormément de choses sur le tournage." De l’avis de tous, l’acteur était un "écorché vif, un "être digne, farouche, fiévreux, attachant, révolté, ingérable"… Au-delà du cliché, il laisse l’image d’un comédien accompli, à la présence évidente et au physique ambivalent, capable d’être ce jeune homme plein de vie et de charme à la silhouette dégingandée admiré chez Salvadori, comme cet homme brisé et couvert de cicatrices qui apporte une densité impérieuse à l’amant torturé de Ne touchez pas la hache et surtout au marginal à fleur de peau de Versailles. Animal blessé, homme fragile, il s'était confié dans un livre d'entretien avec Marc-Olivier Fogiel. Tout donner. Mais quoi recevoir? Le destin le pulvérise.

MpM


 
 
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