David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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CROZE COUNTRY





Depuis Geneviève Bujold, aucune comédienne canadienne (francophone) n’a connu une si belle carrière cinématgraphique. Marie-Josée Croze n’a pas 40 ans qu’elle a déjà tourné avec Steven Spielberg, obtenu un prix d’interprétation à Cannes, avant de jouer les idéaux féminins de Auteuil et Cluzet. Tourmentée et généreuse, elle en est d’autant plus attachante. On la croyait bonne tragédienne – ce que Chéreau a décelé en lui donnant son prix cannois alors qu’elle n’avait qu’un second rôle dans Les invasions barbares – elle est en fait rayonnante, ultra-sensible, empathique.

Dès sa naissance, ses racines forment des nœuds. Elle déteste son nom. « Ma mère biologique s’appelait Marie Soleil La Plante, elle devait fumer un peu trop de joints pour m’avoir appelée Marie Josée. Marie pour la vierge, Josée qui peut vouloir dire Jésus ou Joseph… » Croze, elle en héritera plus tard. C’est nom de sa famille d’accueil. « Croze ça veut dire croix. J’avais la totale. » Un jour elle en changea. Marie Croze. « Ce fut une horrible année de cauchemar. En numérologie, ça me donnait un destin à la Adolf Hitler. J’ai repris mon nom et depuis tout a roulé. »

Montréalaise, de la Rive Sud, MJC croit beaucoup au destin. Elle ne cherche plus à le contrarier. Elle est passé à côté de Solaris (Soderbergh) et Match Point (Allen) mais n’en fait pas un drame. Pour Munich elle a longtemps attendu entre son casting et le tournage. Jouer une tueuse hollandaise, assassinée nue sur sa péniche : quelques jours dans une année. « Je n’attendais que ça, comme si ma vie allait tourner autour de ce film. Puis ne pouvant plus attendre, j’ai laché prise, et les propositions se sont enchainées. Et quand on m’a rappelée pour Munich, les dates de tournage ont coincidé avec ma seule période qui restait libre. » Entre temps elle tourne quatre films, hollywoodiens, canadiens, français.

Croze a commencé à être filmée dans les années 90, après ses années punk. Son enfance était tout sauf lumineuse : un père alcoolique, une mère dépressive… elle se sentait victime, subissant les vies des autres. Aujourd’hui elle choisit ses vies. Elle fut sauvée par sa mère adoptive, « une sainte ». Celle-ci est morte pendant le tournage du film de Tony Gatlif. Elle encaissera comme a enduré ce tournage difficile. « Il y a une façon de travailler avec Tony qui est différente. Il écrit le texte au fur et à mesure des jours. On ne lit pas de scénario, il nous raconte juste une histoire. J’ai une nature peu robuste, il faisait très froid, … »

C’est en 2000 que Marie-Josée Croze est révélée, avec Maelström. Ce film d’un des plus emblématiques jeunes cinéastes québécois lui offre deux prix pour son rôle de femme au tempérament chaotique et dévasté par un hasard malencontreux : meilleure comédienne québécoise et meilleure comédienne canadienne. Elle renouvellera le doublé avec Les Invasions barbares. Outre son rôle de junkie chez Arcand, on la voit en idéaliste chez Egoyan, en experte médicale dans une production hollywoodiennne, en jeune fille sage face à un écrivain paumé (Cornillac, qu’elle retrouvera dans Le nouveau protocole) dans Mesonges et trahisons… Elle change d’univers comme de coupes et de couleurs de cheveux, passant d’auteurs rigoureux à des films grands publics. Préférant les rôles expressionnistes. En jeune française révoltée dans le très joli Les oiseaux du ciel, elle brille au contact de l’Afrique. Puis elle aborde de nouveaux personnages, plus lumineux. Souvenir hantant du grand amour de François Cluzet, dans le très bon thriller de Canet, Ne le dis à personne. Infirmière suave soignant Mathieu Amalric dans Le scaphandre et le papillon. Epouse désemparée et jalouse d’Albert Dupontel dans Deux jours à tuer. Et puis amante fabuleuse dans Je l’aimais, de Zabou Breitman.

Elle a accepté le film pour trois raisons : Zabou. « J’ai joué au théâtre avec un metteur en scène tyrannique et ma maquilleuse m’a conseillée de travailler avec Zabou Breitman, par contraste.» Daniel. « Je pense que c’est le plus grand. Je suis fan. J’aime jouer avec les grands acteurs, on joue mieux. Ma mère me disait qu’elle était mauvaise danseuse. Alors elle trouvait les bons danseurs pour faire croire qu’elle dansait bien.» Et enfin, le rôle. « J’ai tendance à être bouleversé en tant que spectatrice, lectrice, par ce qui est sombre, douloureux, noir. Quand je choisis des films, j’ai tendance à choisir ce genre de rôle. Pour une fois, le personnage était solaire, il amenait l’espoir, dans la geité. Je ne savais pas si j’en étais capable. Je n’ai pas une haute estime de moi.»
Dans ce film, elle s’est abandonnée, faisant confiance à la cinéaste. « J’ai été volée avec consentement. »

Cette amoureuse de L’idiot de Dostoievsky refuse de se laisser enfermer dans des cases, préfère relire ses classiques, sa culture, que de se soucier de littérature moderne. Loin d’être une star, elle reste une valeur sûre pour les producteurs, une comédienne recherchée par des cinéastes pointus. Son physique « passe-partout » ni glamour, mais sexy, ni banal, mais transformable peut nuire pour sa notoriété, mais elle s’en fout. Marie-Josée Croze n’aime que son travail, se lancer des défis, chercher le regard rassurant, la parole apaisante de son interlocuteur. Besoin de séduire. Mais surtout, elle a envie d’être surprise. Comme l’héroïne de Maelström, son destin n’est pas entre ses mains, elle se laisse porter par lui. Le croit long, l’espère serein. Elle aime les rôles troubles sans doute pour y voir plus clair.

vincy


 
 
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