Cannes 2014 : qui est Jessica Hausner ?

Posté par MpM, le 16 mai 2014, dans Cannes, Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

jessica hausnerRISE LIKE A PHOENIX

Est-ce le fait d'avoir suivi des études de psychologie avant d'intégrer l'académie du Film de Vienne ? Est-ce parce qu'elle a eu un certain Michael Haneke comme professeur, avant de travailler auprès de lui comme scripte sur Funny games en 1997 ? Ou est-ce encore d'avoir grandi en Autriche, dans une société qu'elle qualifie "du trompe-l'oeil et de l'à-plat permanent" et dont elle veut "montrer les abimes" ? Toujours est-il que le cinéma de Jessica Hausner porte en lui la volonté de montrer l'envers des choses et des êtres, de capter les moments où l'on croit saisir le monde avant qu'il ne nous échappe.

Dès 1996, la jeune réalisatrice se fait remarquer avec son court métrage Flora primé à Locarno. Puis c'est le moyen métrage Inter-view (portrait d'êtres décalés et solitaires) qui lui vaut une mention de la Cinéfondation à Cannes. Jessica Hausner affirme son ambition de "décrire le déséquilibre et l'arbitraire", qu'elle poursuit avec son premier long métrage, Lovely Rita. Avec une précision chirurgicale, le film suit une adolescente à la dérive, solitaire et paumée, qui s’enfonce peu à peu dans le drame. Sélectionné à Cannes en section Un Certain Regard, il marque les esprits avec son montage aux ruptures marquées et sa vision sans fard d’une société malade de son incommunicabilité et de sa violence diffuse.

En parallèle, Jessica Hausner fonde la maison de production Coop 99 avec d’autres jeunes talents du cinéma autrichien comme Barbara Albert, Antonin Svoboda et Martin Gschlacht. Devenir productrice lui permet de "dépasser le clivage entre les aspects artistiques et financiers", explique-t-elle, revendiquant une véritable "économie du cinéma" tout au long du processus de production.

En 2004, la jeune réalisatrice est de retour sur la croisette avec Hôtel, un thriller paranoïaque et claustrophobe qui réjouit la critique. Toujours précise dans sa mise en scène, Jessica Hausner confirme son sens du cadre (au cordeau) et son regard acéré sur la nature humaine. Son troisième long métrage, Lourdes (prix FIPRESCI à Venise en 2009), a en commun avec les précédents de mettre en scène un personnage féminin ambigu dans une société oppressante. Sylvie Testud campe une jeune femme paralysée qui prend part à un pèlerinage et guérit miraculeusement. Jessica Hausner observe froidement le microcosme des pèlerins et les réactions de chacun face à un événement d’ordre inexpliqué. Non dénué d’humour noir, le film poursuit le portrait peu amène de sociétés étonnamment rigides où règnent en maître l’inquiétude, la complaisance et la solitude.

Trop rare, la cinéaste met cinq ans à monter son projet suivant, Amour fou, à nouveau sélectionné à Cannes en section Un Certain regard. Sur le papier, le sujet laisse quelque peu perplexe, puisqu’il s’agit du double suicide de l’écrivain von Kleist et de son amie Henriette Vogel. Mais avec Jessica Hausner aux manettes, plus que du mélodrame ou des paillettes, c'est la promesse de retrouver un peu de la noirceur romantique, de la soif d’absolu et de l’essence tragique de Kleist qui nous attend.

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