SEAN CONNERY

Un rock insubmersible

Une lŽgende. A rŽsumer en une vingtaine de lignes. Un acteur Žcossais et shakespearien qui aura sŽduit toutes les gŽnŽrations de cinŽphiles depuis 1962. Sauf la Reine d'Angleterre qui refuse de l'anoblir pour cause de nationalisme scottish fervent.
Monstre sacrŽ, la star (dans toute sa splendeur) est ˆ la fois le plus adulŽ des comŽdiens britanniques et l'un des acteurs les mieux payŽs d'Hollywood. Et ce aprs 40 ans de carrire constante.
Car Sean - redoutable businessman, artiste exigeant et tyrannique, charmeur et professionnel, gentleman idŽal et mysogine notoire - a su traverser les Žpoques, transcender les genres, Žpater les publics et s'inviter involontairement comme guest-star de Trainspotting.
Connery a l'allure, la nonchalence, le sourire coquin et la prunelle allumeuse de ces stars charismatiques qui dŽvorent l'Žcran sans effets spŽciaux, tels Cary Grant ou Harrison Ford.
Il Žtait donc parfait pour crŽer, incarner, tre James Bond. Au service de sa majestŽ - ironiquement! - durant une dŽcennie (62-71), il sera le hŽros aussi chanceux au jeu qu'en amour, ferme dans l'action et maniant avec dextŽritŽ la dŽrision.
Goldfinger sera le meilleur film de la sŽrie. Thunderball, le 007 le plus populaire. Et avec Diamond's are forever, Connery Žtabliera un record d'Žpoque avec son cachet. Il est alors une vedette planŽtaire, remplaant John Wayne en pleine britishmania.
Cependant James Bond le piŽgera en faisant de l'ombre ˆ sa carrire. Durant les annŽes 60, hormis Marnie d'Alfred Hitchcock, il ne sera d'aucun film vraiment marquant (malgrŽ de grands noms derrire la camŽra, et les plus belles actrices dans ses bras).

C'est ˆ compter des annŽes 70 que sa carrire prend un autre virage. de 74 ˆ 87, il interprŽtera ses plus grands personnages, imposant son style de jeu. Gr‰ce ˆ des films "haut de gamme" (The wind and the lion, La grande attaque..., L'Homme qui voulu tre roi, Le Nom de la Rose, Les Incorruptibles...), il enrichira ses prestations, Žlargira son public et restera en haut du B.O. Son pic se situera en 86-87.
Quelques prix. Quelques grands cinŽastes. Quelques partenaires fabuleux. Il deviendra un des emblmes du cinŽma, alternant les genres (grands spectacles, drames, policier, science-fiction). Son nom devient synonime de qualitŽ. Mieux, l'acteur, toujours trs populaire, redevient un sex-symbol ˆ 60 ans !
Toujours en qute de justice et de vŽritŽ, ses r™les s'adaptent ˆ lui. Sans transformation, sans performance exhibitionniste. Il n'est pas du genre ˆ choisir des personnages contraires ˆ sa personnalitŽ.

En 89, il aborde la 3me phase de son parcours. Une re hollywoodienne o il a droit de regard sur ses projets, o il fonde Foutainbridge, sa maison de production.
Il vole la vedette ˆ Indiana Jones, il crve l'Žcran dans A la poursuite d'Octobre Rouge, puis se produit dans quelques grosses machines afin d'assurer son statut (en attendant une statue).
Les films ne sont plus aussi mŽmorables. Les r™les semblent photocopiŽs. Seul le hit The Rock Žmergera. Aprs, Connery s'octroiera une pause. Il avorte de nombreux projets, refusent de nombreux r™les.
On le sent lassŽ et ˆ la recherche d'une flamme perdue. Aussi se penche-t-il vers des r™les trs diffŽrents: un mŽchant (The Avengers), un voleur romantique (Entrapment), et un mari dans un film d'auteur (Playing by heart). Il alterne les cachets démesurés dans des films indignes comme l'adaptation de Chapeau melon et Bottes de cuir et le minimum syndical pour jouer le vieux mari de Gena Rowlands dans La Carte du coeur. Il retrouve sa flamme et le box office grâce à l'incendiaire Catherine Zeta-Jones dans Haute-Voltige; de quoi donner le vertige.
Le plus puissant des doyens d'Hollywood poursuit donc un itinŽraire magnifique. Il n'y a bien qu'ˆ 007 qu'il a dit "jamais, plus jamais". Mme si tout le monde spŽcule depuis 15 ans sur son come-back dans la franchise qui l'a (qu'il a?) lancŽe... Mais Connery, désormais anobli, revandique l'indépendance de l'Ecosse, réside en Espagne, joue au Golf n'accepte plus n'importe quoi. Il s'offre le luxe de choisir des rôles qu'il estime intéressant. C'est pour cela qu'il y a peu de projets autour de lui ces denriers temps. Mais c'est aussi comme cela qu'il arrive encore à créer la surprise.

- Vincy

    Trainspotting (extrait de script)

    Sick boy: Goldfinger's better than Dr. No. Both of them are a lot better than Diamonds Are Forever, a judgment reflected in its relative poor showing at the box office, in which field, of course, Thunderball was a notable success.

    Sick boy: I would say, in those days, he was a muscular actor, in every sense, with all the presence of someone like Cooper or Lancaster, combined with a sly wit to make him a formidable romantic lead, closer in that respect to Cary Grant.

    Sean Connery / James Bond / Oscars 87 / Portrait

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