Le Festival National du Film d’Animation français de Rennes, organisé par l’AFCA (Association Française du Cinéma d’Animation), s’est tenu du 22 au 27 avril dernier. Rendez-vous incontournable pour les professionnels et les étudiants autant que moment culturel phare pour la région rennaise, le Festival s’est une nouvelle fois imposé comme un pilier de l’animation française. Cette 31e édition mettait particulièrement à l’honneur une production nationale florissante, comme le souhaite l’équipe de programmation dirigée par Jeanne Frommer, la Coordinatrice éditoriale du Festival, qui s’occupe de toute la programmation, de la sélection des films à l’accueil des invités, en passant par l’organisation du volet professionnel du festival.
« Je viens plutôt de la médiation culturelle, de la gestion de projets et du cinéma de manière générale. Ça fait presque trois ans que je suis à l’AFCA (Association Française du Cinéma d’Animation) et c’est ma troisième édition du festival. C’est un plaisir toujours renouvelé, il y a toujours des nouveautés, des nouveaux challenges».

Une programmation à l’image d’un festival à taille humaine, « vitrine du cinéma d’animation français »
L’un des enjeux principaux du Festival était de toucher le grand public. S’inscrivant dans toute la région d’Ille-et-Vilaine au travers des médiations auprès des collectivités et des scolaires, le Festival s’est attaché à « créer un public d’amateur de cinéma d’animation et d’être d’année en année identifié par le public local ». La programmation prêtait une attention particulière à l’enjeu de la tranche d’âge avec des séances destinées aux enfants. La compétition 1 regorgeait de pépites hétéroclites et, très réceptive, la salle résonnait avec les rires et les commentaires des tout petits.
Accueillant chaque année plus de spectateurs, le festival a compté un nombre record d’accrédités et surtout de films reçus. « Cette année, on a visionné pas loin de 450 films pour toutes les compétitions et sélections confondues ». Dans un souci d’exhaustivité afin de « montrer toute la diversité, la richesse et la variété du cinéma d’animation français », plus de films ont été sélectionnés, dans un équilibre volontaire entre courts métrages étudiants et courts métrages professionnels.

En tant que « vitrine du cinéma d’animation français », le Festival a proposé une variété dans la création autant esthétique, narrative que thématique. « On a aussi évidemment une responsabilité dans ce qu’on montre. On fait attention aux sujets des films, aux gens qui les font, à la place qu’on laisse aux femmes, aux minorités. Donc c’est un équilibre entre le fait de ne pas priver le public de certaines choses et en même temps d’avoir un engagement dans le cinéma. L’art en général est politique donc chaque choix de film l’est aussi ».
Des rendez-vous professionnels encourageant des débats sur les enjeux actuels du cinéma d’animation
« Nous avons un volet tout public mais aussi trois jours de rencontres professionnelles. On voit que petit à petit, le festival est devenu un rendez-vous presque incontournable des professionnels du cinéma d’animation français ».
Au travers de rencontres, conférences et autres programmes dédiés aux professionnels, des débats ont surgi. Le Festival est devenu un lieu de discussions, encadrées ou informelles, sur le monde de l’animation et de ses enjeux. La sélection du jury a permis de faire des ponts entre les différents temps et d’enrichir les échanges. « Ce sont ces rencontres qui font notre identité en tant que Festival. C’est un Festival à échelle humaine qui permet d’avoir plus de temps pour se voir et échanger que sur un autre Festival comme Annecy ou Cannes qui ont plus d’enjeux peut-être financiers et commerciaux. Même si notre nombre d’accrédités a encore augmenté cette année, on reste quand même un festival à taille humaine ».
« On a des tables rondes autour de la question de l’avenir du cinéma d’animation, la question de la crise que traversent aujourd’hui les studios, l’explosion des écoles, les enjeux du financement du court métrage, comment est-ce qu’on fait un film aujourd’hui et évidemment la question de l’IA qui est au coeur des débats. Tous ces rendez-vous permettent aux professionnels de discuter entre eux et de se retrouver. Mais aussi de voir les tendances qui préparent l’avenir de l’animation avec les pitchs, des sessions de films en court de fabrication, de voir ce qui nous attend dans les années à suivre, ce qu’on va pouvoir découvrir. »
Mettant également l’accent sur la musique, l’édition 2025 accueillait dans son jury le compositeur Rob et Céline Ronté, supervisant le casting et la direction artistique des voix. Son palmarès reflète cette orientation autant que la grande diversité des techniques et des thèmes proposés.

Le Palmarès
Grands Prix 2025
- Prix André-Martin pour un long métrage : La Plus Précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius
- Prix du public pour un court métrage en compétition : Hurikán de Jan Saska
- Prix SACD pour un court métrage étudiant : Jour de vent de Martin Chailloux, Ai Kim Crespin, Élise Golfouse, Chloé Lab, Hugo Taillez, Camille Truding (École des Nouvelles Images) et Les Lucioles de Loïs Angilella, Léa Faynel, Ambre Fournier, Clémentine Gabard, Hannah Gozlan, Claire Represa, Émilie Richard, Mathieu Staropoli, Maïa Xueref (ESMA)
- Mention spéciale pour un court métrage étudiant : Tête de Linotte de Paul Charff (EMCA)
- Grand prix du court métrage étudiant : Jeanne et Jean-Jean de Thanys Martin (Atelier de Sèvres)
- Prix Alice Guy FNFA 2025 : L’Ourse et l’Oiseau de Marie Caudry (Miyu Productions)
- Prix de la composition originale pour un court métrage professionnel : The one who knows de Egle Davidavice, composition de Lolita Del Pino
- Grand prix du court métrage professionnel : Le Chevreuil de Delphine Priet-Mahéo
Coups de coeur 2025
- Coup de cœur du jury étudiant pour un clip : The Avett Brothers – Love of a Girl de Victor Haegelin
- Coup de cœur des scolaires pour un court métrage jeune public : La légende du colibri de Morgan Devos
- Coup de cœur Benshi pour un court métrage très jeune public : Adieu Gropius de Bertille Rondard (La Poudrière)
- Coup de cœur Les Femmes s’Animent pour une production audiovisuelles : Une guitare à la mer de Sophie Roze
- Coup de coeur AGrAF pour une série originale jeunesse : Sexotrucs de Pauline Brunner, Maxime Gridelet, Marion Verlé
- Prix spécial de l’AGrAF pour une série originale jeunesse : Petite Casbah de Antoine Colomb
- Prix Maison du Film pour un court métrage autoproduit : Craque Ganache de Étienne Bonnet
- Prix Ciclic Centre-Val de Loire pour un projet de court métrage en développement ou préproduction : Notre Arbre de Emmanuelle Tieu
- Prix AGrAF pour un projet en concept : La Parenthèse de Rozenn Busson et Copains comme requins de Lys Dai et Judith Dumez
- Prix Cartoon Springboard pour un projet de série de jeune auteur⸱ice : Where is my fucking horn ?! de Mathieu Novoselec et Selma Maillard
- Prix Transperfect pour un projet de série en développement ou préproduction : Tulip de Julia Tudisco