Jean Dujardin est devenu un acteur populaire. On se souvient de la série de pastilles humoristiques sur la vie de couple Un gars, une fille (438 épisodes d’environ 6 minutes, pendant 4 ans, sur France 2) qui l’a fait connaître. Saviez-vous que c’était déjà un remake, celui d’une série canadienne? Le format a été adapté dans une trentaine de pays.
Avant cela, il avait commencé à jouer (et à écrire) des sketchs avec d’autres comédiens de la bande Nous Ç Nous pour le théâtre puis la télévision. De là est né le personnage de surfeur Brice de Nice. En 2005, Jean Dujardin en fait un film de cinéma, réalisé par James Huth, qui rencontrera un très large succès avec plus de 4 millions de spectateurs. Soit le plus gros succès français en salles de l’année, et le 4ème au box-office derrière les franchises Harry Potter et la Coupe de feu, Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith, Le Monde de Narnia : Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique ! Une performance qui donnera lieu à une suite en 2016 Brice 3 (… parce que le 2, je l’ai cassé !) encore co-écrit par Dujardin et James Huth (et presque 2 millions de spectateurs). Comme quoi recycler une ancienne idée pour en faire quelque chose de mieux, ça marche.
Et il n’en est pas resté là. On le voit aussi dans Un homme à la hauteur (2016), remake du film éponyme argentin de Corazón de León (2013). Sans oublier les OSS 117 (2006, 2009, 2021), reboots d’une vieille franchise des années 50–60.

L’intérêt d’un remake est, normalement, d’apporter un plus ou une nouvelle vision plus moderne à une histoire déjà racontée. Aussi Jean Dujardin récidive et devient à son tour L’Homme qui rétrécit, dans les salles de cinéma à partir de ce 22 octobre.
L’homme qui rétrécit, réalisé par Jan Kounen (2025)
L’Homme qui rétrécit est d’abord un roman de Richard Matheson, qui va l’adapter en scénario de film. Jack Arnold le réalise en 1957. Le film en noir et blanc est réussi, il montre quelques effets spéciaux de l’époque qui sont devenus obsolètes comme ces inscrustations du personnage sur une autre image ou l’acteur filmé devant un grand écran pour créer l’illusion de sa petite taille…
C’est d’ailleurs étonnant qu’Hollywood ne se soit pas lancé dans un remake, même si le concept a été en quelques sorte plagié pour le film familial culte Chérie, j’ai rétréci les gosses de Joe Johnston en 1989. Le remake français de L’Homme qui rétrécit version Dujardin et Kounen offre une nouvelle ampleur à cette histoire : dans la version de 1957 le héros est simplement marié, dans cette nouveau film il est aussi en plus père d’un enfant…
OSS 117: Le Caire, nid d’espions; réalisé par Michel Hazanavicius (2006)
C’est improbable mais vrai : avant les romans d’espionage avec James Bond matricule 007 à partir de 1953, il y avait eu en France dès 1949 la série de romans avec l’espion Hubert Bonisseur de La Bath matricule OSS 117. Le premier film adapté de cet univers arrive en 1957 OSS 117 n’est pas mort réalisé par Jean Sacha. Les films suivants vont être bien plus populaires : en 1963 OSS 117 se déchaîne, en 1964 Banco à Bangkok pour OSS 117, en 1965 Furia à Bahia pour OSS 117… avant de retomber un peu dans l’oubli. Michel Hazanavicius a eu le talent de refaire vivre ce personnage avec une comédie qui relève à la fois du pastiche et de l’hommage, tout en s’amusant avec ironie d’un esprit franchouillard de l’époque (autant pour la politique que pour le machisme).
OSS 117: Le Caire, nid d’espions en 2006 puis la suite OSS 117: Rio ne répond plus font depuis office de référence en matière de film de comédie (et sources de memes sur les réseaux sociaux). Il arrive souvent que l’on demande à Jean Dujardin comment est sa blanquette (elle est bonne). Chacun a été occupé ensuite par d’autres projets de films qui repousse un éventuel troisième film souhaité par les producteurs. Celui-ci se fera en 2021 avec le fidèle Jean-François Halin en tant que scénariste. Jean Dujardin reprend son rôle dans OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire, cette fois-ci réalisé par Nicolas Bedos. Et c’était sans doute le recyclage de trop.
Lucky Luke, réalisé par James Huth (2009)
Les bandes dessinées des aventures de Astérix et Obélix sont devenus des grosses productions triomphantes au box office (en version animée comme en prises de vues réelles, à l’exception du dernier opus, complètement raté, par Guillaume Canet). Pour Lucky Luke, il a fallu attendre. Jean Dujardin a un profil qui correspond et OSS 117 a fait de lui une star bankable (avant son Oscar) pour ce projet coûteux.
Il avait déjà tenu un tout petit rôle dans le film transposant la BD de Morris et Goscinny dans Les Dalton en 2004, porté par le duo Eric Judor et Ramzy Bédia et réalisé par Philippe Haïm (et avec au scénario le renfort de Michel Hazanavicius). A l’époque les vedettes étaient donc les bandits de la fraterie des Dalton, le personnage de Lucky Luke étant joué par l’acteur allemand Til Schweiger : la voie était libre pour un film cette fois bien centré sur l’homme qui tire plus vite que son ombre.
The Artist, réalisé par Michel Hazanavicius (2011)
Le projet était un pari risqué et un peu fou : un film muet sans aucun dialogue, en noir et blanc, rendant hommage aux comédies musicales d’antan, juste avant l’apparition du cinéma parlant, et filmé de la même manière… Le grand atout de Michel Hazanavicius est d’avoir réussi avec un certain succès (critique et commercial) la comédie/pastiche de OSS 117. Jean Dujardin hésite un peu car il lui faut prendre des cours de danse.
La suite est connue de tous : prix d’interprétation pour lui à Cannes, 6 César, 5 Oscars à Hollywwod (dont meilleur acteur pour lui). Ce film français est devenu un succès mondial, permettant à Jean Dujardin de jouer quelques seconds rôles ensuite face à Leonardo Di Caprio (dans Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese) et George Clooney (dans Monuments Men, de George Clooney).
Les Infidèles, co-réalisé par Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Alexandre Courtes, Jean Dujardin, Michel Hazanavicius, Éric Lartigau et Gilles Lellouche, et Jan Kounen coupé au montage (2012)
La comédie sur les diverses situations de tromperies sentimentales et sexuelles adopte la structure du ‘film à sketch’ avec 7 segments ayant chacun leur metteur en scène et dans presque tous Jean Dujardin et/ou Gilles Lellouche dans divers rôles. C’est un film choral avec un large casting d’acteurs populaires : Alexandra Lamy, Melanie Doutey, Guillaume Canet, Sandrine Kiberlain, Géraldine Nakache, Isabelle Nanty, Manu Payet… Le segment réalisé par Jan Kounen a été coupé au montage lors de la sortie au cinéma (il figure dans l’édition dvd), entraînant une certaine brouille entre Dujardin et Kounen : la réconciliation a eu lieu donc avec leur nouveau film L’homme qui rétrécit.
Ce rassemblement de petites histoires sur les infidélités des hommes racontent aussi en creux leur bêtise, leur lâcheté, et aussi leur côté macho. C’est avant #metoo et c’est parfois gênant. Mais Les infidèles est une façon pour Jean Dujardin (et Gilles Lellouche) de reprendre les rôles de la comédie italienne où on se moque justement des hommes. On pense alors au film culte Les monstres de Dino Risi, un autre ‘film à sketch’ autour de deux acteurs – Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman – et de sa suite Les Nouveaux Monstres avec en plus Alberto Sordi et Ornella Muti.
Un homme à la hauteur, réalisé par Laurent Tirard (2016)
Ici il s’agit ni plus ni moins d’un remake du film argentin Corazón de León réalisé par Marcos Carnevale avec Guillermo Francella et Julieta Diaz de 2013. Dans l’original tout commence lorsqu’une avocate divorcée jette son téléphone portable après une violente dispute avec son ex-mari et qu’un architecte de petite taille décide de le récupérer et de la rappeler… Le film a fait l’objet de plusieurs remakes en Amérique latine : au Mexique (Mi pequeño gran hombre), au Brésil (Amor Sem Medida), au Pérou (El gran León).
La proposition d’un remake français est forcément attractive. Jean Dujardin est vite séduit par cette comédie romantique originale, et sans doute aussi par le défi de jouer un homme de petite taille, d’environ 40 centimètres de moins que lui. Il a fallu trouver plusieurs astuces pour cette illusion d’optique de décalage de taille entre lui et l’actrice Virginie Efira (qui devait apparaître vraiment bien plus grande que lui) et entre lui et son environnement. Il a du jouer à genoux face à elle, entourés de meubles plus grands que d’habitude… De quoi glisser naturellement vers L’homme qui rétrécit de Jan Kounen !
Zorro, la série (2024)
Pour beaucoup le personnage de Zorro, c’est avant tout celui de l’acteur Guy Williams dans la longue série (presque 80 épisodes) Disney de la fin des années 1950, en noir et blanc. En fait, Zorro est un pulp fiction créé en 1919 par Johnston McCulley. Zorro est ensuite devenu un héros de cinéma, du muet The Mark of Zorro (Douglas Fairbanks, 1920) à son remake parlant (avec Tyrone Power, 1940). Plus récemment, Antonio Banderas a repris le masque dans les deux blockbusters de Martin Campbell (Le Masque de Zorro en 1998, et la suite La légende de Zorro en 2005).
Le Zorro de Jean Dujardin revient au mode sériel. Réalisée par Emilie Noblet et Jean-Baptiste Saurel, et scénarisée par Benjamin Charbit et Noé Debré, la série tente l’équilibre entre humour et spectaculaire. Le rôle du célèbre justicier qui signe son nom de la pointe de son épée mûrit dans l’esprit de l’acteur depuis plusieurs années.
En fait bien avant cette série il avait déjà joué ce rôle de Zorro en 2013 avec une apparition dans la série Platane de Eric Judor (où plus précisément Dujardin jouait son propre rôle travaillant sur le tournage du projet de film Zorro avec Judor). Avec sa série à lui (et produite par lui), Jean Dujardin reprend donc le personnage tel qu’il en rêvait, avec de la comédie, de la romance, et bien entendu quelques bagarres. A noter qu’un autre acteur français célèbre aavait incarné le justicier : Alain Delon dans un film de 1975.