Des livres sur le cinéma à offrir pour Noël

Des livres sur le cinéma à offrir pour Noël

Une sélection de livres de cinéma pour des idées cadeaux à destination de tous les cinéphiles à l’approche de Noël. Du Japon rebelle aux studios hollywoodiens, des frères Lumière aux enjeux contemporains, ces ouvrages explorent la cinéphilie sous toutes ses formes : entretiens avec des créateurs, biographies de stars, essais sur l’ère des plateformes, monographies d’auteurs, récits de tournages, bandes dessinées de coulisses et guides pratiques. Qu’on recherche une lecture plaisir à dévorer ou un ouvrage plus exigeant pour réfléchir aux mythes, aux fabriques et aux combats du cinéma, voilà quoi alimenter les passions et raviver l’envie de (re)voir des films.

Thierry Frémaux

L’Aventure Lumière
Éditeur : Actes Sud / Institut Lumière

Ici, pas de nostalgie en vitrine : Frémaux raconte les Lumière comme une aventure toujours vivante. À partir des vues restaurées, il détaille ce qu’on oublie souvent : l’invention ne tient pas seulement à la technique, mais au regard. Le cadre, l’entrée et la sortie des personnages, l’art du “petit événement” dans le plan, l’humour, la surprise du réel…

C’est un (beau) livre qui donne envie de revenir aux origines non pas pour “réviser”, mais pour reprendre une leçon de cinéma — simple, directe, réjouissante.

Gersende Bollut

Entretiens avec les grands maîtres de l’animation française
Éditeur : Popcorn

Recueil d’entretiens avec plusieurs grandes figures de l’animation française. Gersende Bollut les fait parler de leurs débuts, de leurs influences, de la fabrication des films, de la réalité des studios et des écoles, des chaînes et des plateformes.

On y voit se dessiner une carte assez riche de l’animation « à la française », entre auteur, télé, long métrage et série. C’est à la fois très concret (conditions de travail, techniques) et très sensible (doutes, désirs, manières de raconter aux images).

Michael Feeney Callan

Robert Redford : 1936-2025, une légende du cinéma
Éditeur : La Trace

Biographie-fleuve et très accessible de Robert Redford, publiée en français à la suite de sa disparition en septembre dernier. L’auteur s’appuie sur des années d’entretiens et des archives pour raconter l’enfance, les années de galère, les grands rôles d’acteur, le passage à la réalisation, la création du festival de Sundance, l’engagement politique et écologique.

C’est un vrai roman de vie hollywoodien, avec un mélange d’anecdotes, de coulisses et de regard sur l’Amérique qu’il a incarnée.

Adrien Gombeaud

Géant. Vie et mort de Rock Hudson
Éditeur : Capricci

Biographie courte mais dense de Rock Hudson, star idéale du Hollywood classique, figure de virilité fabriquée par le système, et homosexuel obligé de vivre caché.

Le critique des Echos raconte l’ascension de l’acteur, son image publique, ses films, puis le choc de l’annonce de sa séropositivité et de sa mort dans les années 1980, qui bouleverse mondialement la perception du sida.

Le livre croise histoire du cinéma, des représentations et de la maladie sans jamais perdre le fil romanesque de la vie d’Hudson.

Christophe Chabert & Frédéric Mercier

Steven Soderbergh, volume 1. Les années analogiques
Éditeur : Marest

Monographie critique consacrée à la première partie de la carrière de Soderbergh, de Sexe, mensonges et vidéo (Palme d’or à Cannes) jusqu’à Che. Les auteurs reprennent chaque film un par un, en mêlant analyse de mise en scène, contexte d’écriture ou de production, et portrait du cinéaste au travail.

On voit comment Soderbergh navigue entre cinéma indépendant et studios, comment il expérimente les genres et les formats et invente sa propre économie. Un livre sérieux sans être aride et, en creux, une analyse pointue du cinéma.

Nicolas Rapold

Les Mondes de Hayao Miyazaki
Éditeur : Ynnis Éditions

Beau livre largement illustré qui traverse toute la filmographie de Miyazaki : de Nausicaä à Le Vent se lève, en passant par Totoro, Princesse Mononoké ou Le Voyage de Chihiro.

L’auteur s’intéresse autant aux récits qu’aux paysages, aux figures d’enfants, à l’écologie, aux machines, aux dieux et créatures qui peuplent ces univers. On y parle animation, mise en scène, thèmes récurrents et réception. C’est autant un objet à admirer qu’un vrai livre sur le cinéma d’animation.

Angélique Delorme

La bataille des images. Exception ou extinction du cinéma français ?
Éditeur : Flammarion

Essai engagé sur la situation du cinéma français dans un monde dominé par les plateformes, les grandes manœuvres industrielles et les crises des salles. Delorme questionne ce qu’on défend vraiment quand on parle « d’exception culturelle » : un système de financement (remis en question par une partie des élus), une diversité de films, un rapport au public, un certain type de récit ?

Le livre pose un diagnostic lucide sur les forces et les faiblesses actuelles et propose des pistes pour que le cinéma français reste vivant plutôt que muséifié.

Thibault Vermot & Alex W. Inker

Krimi
Éditeur : Sarbacane

Roman graphique en noir et blanc qui suit Fritz Lang dans le Berlin de la fin des années 1920 au début des abbées 1930, sur les traces d’une affaire criminelle qui va nourrir la genèse de M le Maudit.

Vermot et Inker mêlent polar, portrait d’artiste et réflexion sur la manière dont l’horreur du réel se transforme en film. Le dessin très contrasté fait écho à l’esthétique expressionniste, et le découpage joue comme un montage.

C’est une vraie BD sur le cinéma : sur la création, le regard et le pouvoir des images.

Stéphane Du Mesnildot

Soleil rouge. Une histoire du cinéma rebelle japonais
Éditeur : Façonnage

Plongée dans le Japon des années 1960–1970 à travers ses films « rebelles » : œuvres expérimentales, films de yakuzas, érotiques, pamphlets politiques… Du Mesnildot relie la crise des studios, les mouvements étudiants, les mutations sociales et l’explosion de nouvelles formes cinématographiques.

C’est très documenté mais écrit comme un récit, par portraits de cinéastes et de films, et ça donne furieusement envie d’explorer ce pan moins connu que les classiques du cinéma japonais de cette époque.

Fabrice Gabriel

Au cinéma Central. Une éducation sentimentale
Éditeur : Mercure de France

Récit autobiographique d’une vie façonnée par un cinéma de quartier de Sarreguemines en Moselle, le « Central ». Gabriel y raconte les séances, les spectateurs, les films découverts trop tôt ou trop tard, et la façon dont tout cela fabrique une sensibilité.

C’est une sorte de roman d’apprentissage cinéphile, mêlant souvenirs, évocations de films et réflexion sur ce que les images font à nos vies.

Le ton est littéraire, tendre, mélancolique, parfait pour qui aime la cinéphilie racontée à la première personne.

Jérôme Wybon & Toni Cittadini

Les mâchoires de la peur, les coulisses d’un tournage mythique
Éditeur : Huginn & Muninn

BD documentaire consacrée au tournage de Jaws (Les Dents de la mer), dont on fêtait les 50 ans cette année.

Wybon raconte les castings, les galères techniques, le requin mécanique capricieux, les tensions avec le studio et le jeune Spielberg débordé, tandis que Cittadini met en scène tout ça dans un dessin très lisible, saturé de détails 70’s.

C’est à la fois un making-of, une petite histoire du blockbuster moderne et un récit de survie d’équipe de tournage. Ultra plaisant à lire, très cinéphile sans être excluant. Et l’envie de revoir ce film mythique.

Mehdi Omaïs

Le cinéma, c’est la vie. 300 films pour se faire du bien !
Éditeur : Hugo Image

Grand guide de recommandations composé de 300 films choisis pour leur pouvoir réconfortant, émouvant, galvanisant ou simplement réjouissant. Chaque notice va à l’essentiel : ce que raconte le film, ce qu’il produit comme émotion, dans quel état d’esprit le voir.

Le ton est complice, à l’image du créateur de contenu célèbre pour sa franchise et sa passion, comme une discussion entre ami·es cinéphiles. C’est une boîte à idées idéale pour trouver un film sans savoir lequel. Feel good.

Érik Bullot – Cinéma vivant
Éditeur : Éditions Macula

Court essai très conceptuel où Bullot interroge ce qu’est encore le cinéma à l’époque des dispositifs multiples, des performances et de l’IA (dont on a pu voir son travail dans une exposition au Jeu de Paume cet été).

Il part de l’idée d’un « cinéma sans caméra » pour explorer performances-projections, conférences-film, dispositifs d’images mentales ou générées.

Le livre bouscule la définition du film et amuse à décaler les frontières entre art conceptuel, conférence, projection et fiction. « Qu’est-ce qu’un film, exactement ? ».

Mélanie Boissonneau

Il y a un silence : La Leçon de piano de Jane Campion
Éditeur : Carlotta

Un livre qui prend La Leçon de piano comme film-événement, mais aussi comme objet de cinéma très concret : un décor, des corps, un son, une caméra, des choix de découpage.

L’autrice raconte ce qui fait la singularité Campion — son sens du désir, de la contrainte, de la violence parfois invisible — et explique pourquoi ce film continue de diviser, d’émouvoir, de travailler notre époque.

On lit ça comme un reportage en profondeur sur un tournage et une œuvre, avec une vraie attention à ce que le film fait au spectateur.

Jean-Paul Rappeneau & Kéthévane Davrichewy

Vive allure. Autobiographie
Éditeur : Grasset

Autobiographie dialoguée où Jean-Paul Rappeneau revient sur sa carrière de cinéaste, de ses premiers pas (La vie de château) à ses grands succès (Le Sauvage, Cyrano de Bergerac).

Un scénariste et réalisateur rare (8 films en 50 ans) qui raconte les combats pour monter des films ambitieux, ses collaborations avec scénaristes, acteurs et producteurs, mais aussi ses acteurs (stars).

Il confie aussi sa manière de travailler le rythme, l’aventure, la comédie. Le livre est à la fois un portrait d’artiste et un voyage dans plusieurs décennies de cinéma français, où l’on croise Deneuve, L’homme de Rio, et Louis Malle.

Frédéric Sojcher

Anatomie du cinéma. Ce qu’il faut savoir avant de se lancer
Éditeur : Nouveau Monde

Guide général qui parcourt toutes les étapes de la fabrication d’un film : écrire un scénario, trouver des producteurs, tourner, diriger les acteurs, monter, montrer le film, gérer festivals et critiques, etc.

Sojcher parle en cinéaste et en pédagogue, en croisant conseils pratiques, exemples concrets et réflexion sur la place du cinéma aujourd’hui.

C’est une très bonne « vue d’ensemble » pour quelqu’un qui veut comprendre comment l’industrie et l’art s’emboîtent.

Thierry Jousse & Marcos Uzal

Pedro Almodóvar
Éditeur : Cahiers du cinéma

Un hors-série conçu comme une traversée guidée : des textes critiques, des entretiens, des repères, et surtout une manière de suivre Almodóvar film après film sans le réduire à ses “couleurs” ou à son folklore. En attendant le prochain, prévu en 2026.

On y voit comment le maître madrilène fabrique son mélange unique de mélodrame, de comédie et de tragédie, comment il dirige les acteurs, comment il pense la mise en scène comme une mécanique d’émotions.

C’est parfait pour (re)mettre de l’ordre dans une filmographie immense — et se donner un itinéraire de visionnage, des classiques aux titres plus secrets.

Hélène Fiche

Ce que le féminisme fait au cinéma
Éditeur : Agone

Un essai qui ne se contente pas d’un slogan (“plus de femmes à l’écran”) : il cherche comment, concrètement, le féminisme déplace les récits, les rôles, les points de vue — et comment le cinéma résiste, contourne, récupère.

À travers un corpus solide, l’autrice montre les avancées, les ambiguïtés, les retours de bâton, et la façon dont les représentations se transforment parfois à bas bruit.

C’est une lecture très utile pour parler de cinéma au féminin avec des faits, des exemples, alors que le nombre de réalisatrices reste toujours très minoritaire.

Jérôme Pacouret

Qu’est-ce qu’un auteur de cinéma ? Art, pouvoirs et division du travail
Éditeur : CNRS Éditions

Ouvrage de sociologie qui démonte le mythe de l’« auteur » unique au cinéma.

Pacouret rappelle que le film est un travail collectif, et montre comment le réalisateur a été progressivement placé au sommet de la pyramide symbolique via les festivals, la critique, l’université, les dispositifs de reconnaissance.

Il analyse aussi l’effet des mouvements récents (comme #MeToo) sur la répartition du prestige et des responsabilités. La politique des auteurs est-elle en train de disparaître?