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Voilà quelques années que les Américains recyclent au cinéma, plus ou moins intelligemment, les séries télévisées àsuccès des années 60 / 70. De Mission Impossible à Chapeau Melon et Bottes de Cuir, ou dernièrement Drôles deDames, ce concept Hollywoodien a largement fait ses preuves, du moins au sens économique. C’est ce qui a décidéAlain Sarde, le producteur de Belphégor à investir dans ce projet coûteux (100 millions de francs de budget).Belphégor est un feuilleton mythique, particulièrement ancré aujourd’hui encore dans l’imaginaire des Français. Laparticularité contextuelle qui facilitait la tâche de cette adaptation réside dans l’intemporalité même du sujet deBelphégor. On imaginerait de manière tout aussi plausible le sujet de l’histoire en 1900 qu’au début de ce nouveaumillénaire.

Le travail collectif d’Alain Sarde et du réalisateur Jean Pierre Salomé ( Restons Groupés) résulte d’une coïncidence,puisque les deux hommes cherchaient à racheter les droits de Belphégor parallèlement. Prenant conscience de cela, ilsont décidé de s’allier pour venir à bout de ce rêve de gosse. Jean-Pierre Salomé a néanmoins annoncé clairement sesconditions et ses choix scénaristiques, qui consistaient à se réapproprier le mythe de Belphégor sans réaliser un simpleremake de la série de Claude Barma. Il avait comme ambition de faire de Belphégor un véritable film fantastique, avecune explication surnaturelle au mystère du fantôme, contrairement à la série initiale qui dissimulait Juliette Gréco sous lemasque du revenant pour détourner l’attention des gardiens et laisser libre champ à ses complices malfaiteurs auxprises avec un trésor. Jean Pierre Salomé s’est donc entouré du scénariste Jérôme Tonnerre (Chouans, Le Bossu) etde Daniele Thompson pour entamer cette délicate phase d’écriture. Il fallait que l’histoire soit efficace, palpitante, maisaussi que son déroulement se prête parfaitement à notre époque. Or, une dame cachée sous un drap noir pour effrayerles gardiens dans un but malhonnête ne correspond plus aux attentes actuelles du public, la véracité du fantôme étaitfondamentale. La construction de la pyramide du Louvre depuis l’époque du tournage de la série de Claude Barmaprojette le musée dans un environnement proprement égyptien, qui s’ajuste parfaitement à l’origine du fantôme, or çan’a jamais été le cas au préalable. C’est ce détail qui a permis à l’équipe d’écriture d’envisager d’aborder le culte desmorts et les rites funéraires primordiaux à l’histoire, justifiant l’errance de Belphégor à la recherche d’objets rituels luipermettant de rejoindre le royaume de ses ancêtres et de trouver la paix.

Les choix des acteurs s’est établi progressivement au cours de l’écriture, Sophie Marceau d’abord, pour sa popularitéet son talent, Jean François Diebenthal ensuite pour son énergie et son naturel, et Michel Serrault enfin pour son génie,tout simplement. Accordant une place tout aussi primordiale aux seconds rôles, Jean-Pierre Salomé a fait appel à desacteurs charismatiques comme Jean François Balmer, Lionel Abélanski ou Julie Christi.

Outre la chance de travailler avec cette catégorie d’acteur, le réalisateur a également eu l’opportunité d’obtenirl’autorisation de tourner au sein du Louvre. Sans celle-ci, Belphégor n’aurait pas vu le jour puisque le budget nepermettait pas de reconstituer les salles du musée en studio.

Les effets spéciaux qui donnent vie au fantôme hors de son costume sombre ont été réalisés par la société Duboï,dirigée par Alain Carsoux (responsable des effets visuels sur Taxi 2).

Le travail de l’équipe d’infographistes a débuté à l’amont du projet, alors que les auteurs venaient de terminer ladeuxième version du script. Alain Carsoux a poussé Jean Pierre Salomé à lui exprimer les scènes du film telles qu’il lesimaginait, même s’il croyait qu’elles n’étaient pas réalisables. Parmi les 160 plans truqués du film, 50 représentent lespectre qui devait être le plus véridique possible (transparence, légèreté des mouvements et expressions du visage). Ildevait devenir un personnage à part entière. La réalisation de ces effets a duré plus de quatre mois, réunissant unevingtaine d’animateurs et de graphistes.

Le costume de Belphégor a été entièrement redessiné par Pierre Yves Gayraud, le créateur des costumes, qui voulaitque le public reconnaisse mentalement le personnage tout en lui donnant un aspect plus grandiose et plus inquiétantencore. Il a donc sculpté un masque d’inspiration égyptienne pour « coller » avec le passé de la momie. Sa vraieréussite surgit du sentiment d’intemporalité du personnage.

Pour finir, saluons le clin d’œil de Jean Pierre Salomé envers Juliette Gréco, qui croise le regard de Sophie Marceaudans une séquence du film, comme un passage de flambeaux entre deux générations.

Romain