Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mon ange


France / 2005

19.01.05
 



BILLY THE KID





"- Non mais regardez moi franchement, j'ai l'air de quelqu'un de responsable?"

Sacrés maladresses. On les aime autant qu'on les honnit. Comme la phrase que vous venez de lire, jolie mais mal foutue. Mon ange, premier film d'un scénariste estimable, a les défauts de son héros : attachant mais bouillonnant intérieurement, au point de trop vouloir en faire, en dire.
Mais que ça ne gâche pas votre plaisir! "J'ai encore 3 minutes pour être en retard." Question de timing. Déjà arriver à l'heure pour voir ce film. Manquer les premiers mots, les premières images vous empêcheraient de vivre pleinement de ce voyage onirique et romantique. Car, ça reste notre interprétation, il s'agit peut-être, tout simplement, d'un rêve en couleurs. Celui d'un gamin, un peu simplet, qui vit dans un internat pour cas sociaux. Il ferme les yeux, met la musique, et l'image apparaît...
Dans cette lucarne magique, une vitrine, une boutique, une femme. Prostituée (intérimaire). Forcément, nous sommes dans un monde où les garçons, sous la pression des bulles de coca, pensent à des filles qui ont, parfois, les glaçons qui fondent. Chronique d'un dépucelage annoncé, à moins qu'il ne s'agisse tout simplement de la première branlette du jeune homme. Le mec sent la puberté le perturber quand la fille, avec ses règles, ne pensent qu'à ovuler. Les premiers émois érotiques se dérouleront dans une église, au nom de la culpabilité chrétienne qui nous détruit bien notre plaisir, et la fusion charnelle aura lieu dans une chambre de motel. Le ballon de foot, métaphore du gros ovule, reçoit une belle averse...
Et l'amour, c'est connu, c'est comme une ovulation : une question de timing (bis). C'est un moment fragile et éphémère, un instant où tout est possible, même l'immense défi de se multiplier par deux. Mon ange est donc l'histoire d'un amour qui passe. Et pas d'une passe. Mais c'est aussi un amour passé. Et un autre dépassé par les événements. Et enfin, celui, évident, à l'écran, mais rencontré trop tôt...
Alors nous aurions envie de croire que tout cela est aussi réel. Que la Paradis - "brave fille limite un peu conne" - existe vraiment. C'est de l'ordre du désir. Car, de paradoxes en absurde, la réalité trouve, bizarrement, son chemin à travers des rencontres, a priori banales, mais pour le moins insolites. Et là, Frydman nous offre un autre film. Il y est question de parentalité.
Face aux incertitudes de la vie, à cet avenir brumeux , le cinéaste oppose l'indécision de sa muse, scindée entre son égoïsme et son instinct maternel, à un rythme frénétique. Ca tourne, ça virevolte, ça court, ça crie, ça parle vite. Tout semble inéluctable, avec quelques cognements pour nous dévier de la ligne droite. Mais ici comme ailleurs, personne ne peut fuir ses responsabilités. A-t-on vraiment envie de faire un gosse quand on voit : 1) ce qu'ils deviennent adolescents, 2) la folie irresponsable des adultes? D'ailleurs personne ne sait s'occuper d'un gamin. Mais "on se débrouille." Elle, femme enfant, lui ado au QI faiblard. Où sont les adultes? Enfermés! En prison, à la morgue, dans les bordels, dans un bengalow... Alors que notre duo, extra, saisissant, intense, un duo "à qui on ne le fait pas", est libre, gambade, s'envole, fuit...
En quittant la ville, le film ralentit. La rupture est rude. Mais indispensable. On décompresse. Ils voient leur vie, observent leur geste, décryptent leur verbe. C'est clinique. Ils se voient vivre, tout en passant à côté du réel. Pour mieux évacuer la souffrance. Il y a une forme de schizophrénie. Les gens deviennent des objets fragiles, avec leurs hauts et leurs bas. Nous comprenons ce qu'ils encaissent, ce qu'ils ressentent, ce qu'ils éprouvent. Tout est épreuve. Et si le film se perd un peu dans son onirisme, s'il nous captive moins par son allure buccolique, nous restons accrochés à l'idée que tout ce maniérisme aura un sens. Que la violence des sentiments, la poésie des images, la beauté des mots trouveront leur harmonie dans une ultime image, apaisante. Car il faut bien souffler. Et s'il y a des larmes, "y a qu'à renifler pour qu'elles s'en aillent".
La fable de la chieuse aveuglée et du benêt amoureux, c'est peut-être pas si loin de notre définition primaire du couple hétéro : une matrice à bébé et un mâle incapable d'être seul. Belle notion de l'amour, sans psychanalyse : "moi ce que j'sais c'est que j'ai que toi."
Frydman n'a pas oublié son sens des belles formules, des bonnes répliques. Il y a joute un univers burlesque et des situations surréalistes (très belge justement). Ici on sort de taule, pas de polytechnique. Ca flirte avec Henri Jeanson, on pense à Almodovar (la scène du bordel est exubérante et bavarde à souhait), tout cela fait écho à Blier bonne période (Mon homme, évidemment). Merci la vie? Question de timing (ter).
 
vincy

 
 
 
 

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