Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Quand la mer monte...


France / 2004


 



BELLE AFFAIRE





"- Tu n'aurais pas du me présenter à tes parents comme si j'étais ta femme.
- Ce ne sont pas mes parents.
"

Petit film sincère, fait avec des bouts de ficelles, Quand la mer monte est un mélange de plusieurs désirs : le souvenir d'une tournée dans une province désoeuvrée, une histoire d'amour et le portrait d'un monde de solitaires marginaux et colorés. Malgré l'absence de moyens, on est presque surpris, à la fin, d'avoir été si touché avec si peu d'artifices et tant de naturel.
Pourtant il n'y a rien de joyeux dans cette fiction réaliste. Un spectacle dans une région grisâtre et morne comme ses plaines, des buveurs de bières gagnant à peine plus que le RMI, des chambres d'hôtels au papier peint cauchemardesque et fleurit, rien ne pouvait, a priori, nous séduire. Pourtant, entre des séquences de son spectacle décalé Sale Affaire, Yolande Moreau, actrice et co-réalisatrice, insuffle une poésie un peu tragique. Quand la mer monte... est une fable. Il n'y a pas de complaisance sociale, juste un cumul de solitudes. La solitude l'artiste en tournée, celles des individus exclus de la société. Dans ce monde où les maisons culturelles sont ignorées des consommateurs et peu indiquées sur les routes, où une artiste essaie de construire une relation éphémère avec son public (et ses chaussures) comme avec son admirateur, il n'est pas facile de sourire. Pourtant, nous sourions. Aucun pathos entre les allées d'arbres, dans ces paysages industriels presque magnifiés. Juste l'illumination d'un amour improbable et évident, essentiel et fragile, insistant et obligé. Alors, le sable des dunes, le vent qui caresse les herbes, le ciels bleu tacheté de nuages blancs deviennent un décor surréaliste et magnifique, où la mise en scène prend tout son sens et nous raconte, comme un rêve, cette liaison alchimique entre Irène et Dries. La clown et le porteur de géants. Bonjour tristesse, les protagonistes essaient de s'échapper de leur réel et de voyager à leur vitesse. Entre un mari qui la harcèle pour un choix de carrelage et une région où elle se sent bien, malgré la misère culturelle, dans son rôle de propagatrice des masses, Yolande Moreau se fout à poil, au propre et au figuré, et se laisse vivre, sentiments inclus. Le décalage avec ce type, gentil mais aveuglé, humilié par la vie et cherchant sa revanche, est d'autant plus saisissant qu'il devient possessif alors qu'elle cherche la liberté.
Road movie émouvant, Quand la mer monte... n'hésite pas à confronter une culture plouc et popu avec le spectacle de l'ancienne Deschiens, aux antipodes. Voire Moreau croiser les Miss régionales provoque le malaise. Et l'incitera à comprendre jusqu'où elle peut aller (ou ne pas aller). Il y a un juste milieu entre l'odeur de frite et entendre un journaliste inculte. Un univers prolo et bourge, curieux et rêveur.
Car au coeur de ces décors sordides, l'amour parvient à être beau. Cette femme arrive à nous draguer. Par sa générosité, sa dérision, son emphase, elle nous transmet une humanité qui rayonne sur l'ensemble du film. Dans cette terre de solidarité et de chaleur humaine, la sale affaire, devenue affaire de salles, se transforme en belle aventure, où chaque clown se démaquille pour mieux comprendre si c'est du rire, des larmes ou du cochon.
 
vincy

 
 
 
 

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