Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Broken Flowers


USA / 2005

07.09.05
 



LA MAMAN, LA PUTAIN ET MOI, ET MOI, ET MOI !





"On se sent seul ici !"

Coup de foudre. On aura longuement pressenti une Palme d'Or ! Un manifeste poétique de grande beauté. Grandiose, humainement parlant. Un bouquet débordant de tendresse, assurément hilarant dans sa première partie. Le binôme Jarmusch / Muray promettait de vraies surprises après ce segment de Coffee and Cigarettes dans lequel le comédien campait son propre rôle. Le film va concrètement au-delà. Imaginez toute la sensibilité de Jarmusch mariée à la force d'expression de Bill Muray. Le comédien nous enthousiasme dès les premières séquences dans la peau de ce quinquagénaire casanier, coupé du monde et en proie à l’extraordinaire. Son voyage initiatique sera riche en surréalisme. La caméra de Jarmusch tire littéralement ses personnages vers le haut. Murray alias Don Johnstson, quinquagénaire délicieusement " lost in transmutation "… Un homme fragile et décalé, embarqué sur un étrange bateau à la recherche de ce qui manque viscéralement à sa vie : la filiation. De douces floraisons seront à prévoir. Broken Flowers compose sur le temps et ses traces toujours fertiles ; sur la transmission des sentiments, sur le fait de donner et de recevoir. Un doux portrait d'une Amérique à la dérive, en quête de racines mais aussi très simplement de buts et sphères humaines. Ode à la femme, requiem sur la féminité. Jim Jarmusch enchaîne concrètement les déclarations d’amour. Le cinéaste sublime littéralement ses actrices, révélant dans la beauté, toute la force et la fragilité de ses héroïnes brisées. Don était parti à la recherche de ses ex ; il sortira grandit de ses rencontres avec ces femmes, mères, amantes, tantôt fatales, tantôt enfants, assurément déesses et voluptueusement déchues.

Expressivité du détail, langage référencé, sens de la dérision, volubilité chromatique : fond et forme oeuvrent ici en une synergie des plus complète. Jarmusch use d’un certain réalisme lyrique pour faire imploser ses objets, accordant une place avérément privilégiée aux regards et émotions transmises. De l’errance à la quête d’amour, de l’incompréhension au dénie, le temps d’une seconde comme le temps d’une séquence Jarmusch vole ci et là de délicats sentiments. Son film est une course à l’onirisme, contre l’individualisme et la platitude. « Tu es un gangster ? demande-t-on à Don. « Non, mais j’aimerais bien rétorque notre héros casanier. Héros voué à recevoir notre entière affection, efficacité comique et force émotionnelle obligent. Broken Flowers nous emporte. Une tendre mélodie qui hélas perdra une part de sa magie au dernier tiers du film. Le rythme s’amoindri, les reliefs se sont plus rares. L’aventure s’effiloche aux travers d’une écriture moins relevée, soudainement distancée. Qu’on se rassure, il n’y a pas ici de quoi gâcher notre plaisir. Rappelons juste que ce film nous aura envoutés en deux temps trois mouvements. Un tour magistral dont on aurait tort de se priver.
 
Sabrina

 
 
 
 

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