Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 34

 
20 centimetros (20 centimètres)


Espagne / 2005

12.10.05
 



FINAL CUT





"- La blonde, là-bas, mérite une bonne baise.
- Personne n'en mérite une mauvaise!
"

Si le cinéma anglais s'est fait une spécialité de la comédie sur fond de contexte social, le cinéma ibérique a préféré le fantastique, mélangeant des personnages ordinaires (ou banalisés) à des univers extraordinaires (ou fantasmés). En bon élève d'Almodovar (mais pas seulement comme nous allons le voir), Ramon Salazar a trouvé sa Carmen Maura (l'excellente Monica Cervera) et un sujet incitant à l'aliénation des individus : un homme, qui se rêve en femme, ou une femme encore anatomiquement masculine, qui tombe amoureux (amoureuse) d'un apollon fan de son appendice viril.
20 centimètres s'avère en fait un beau morceau cinématographique. Au repos, le film suit les dilemmes d'un prostituée qui attend l'opération de sa vie pour se transformer irrémédiablement en femme et quitter le trottoir. Dans son ghetto à marginaux - nains, travelos, pûtes... - environnement chaleureux, criard et précaire, Adolfo / Marieta rêve. Ses crises de narcolepsie lui facilitent ces évasions chimériques. De quoi faire bander le film. Pour agrémenter l'érection, le spectateur a le droit de feuilleter un magazine porno plus qu'excitant : des vidéos clips ou séquences musicales. De "Parole Parole" à "Boys Boys Boys", de Madonna à Queen, le choix est incontestablement "gay" friendly. Et en guise d'images, Almodovar n'est pas le seul à être cité : ne pas oublier en vrac John Waters, Jacques Demy (les parapluies compris), Fassbinder, Marilyn Monroe (côté Billy Wilder), Gus Van Sant, West Side Story, Fred Astaire, Paul J. Hogan ou plus récemment Ducastel et Martineau... Et tant d'autres. Si, comptablement, deux numéros apparaissent superflus (celui de Bunny et l'autre simili Marilyn Manson), allongeant inutilement le film, et nous détournant du sujet principal sans amener quoique ce soit aux personnages, l'ensemble s'avère jouissif. Mention spéciale pour le très bon coup : "True Blue". L'une des chansons les plus niaises de Madonna est transformée en moment culte, résumant la vie de trois couples hétéros sous une forme satirique. Les trois femmes deviennent de grosses bonbonnes frustrées tandis que leurs maris, entretenus par le sport, préfèrent s'envoyer en l'air, entre eux. Un film dans le film qui démontre la stérilité des rêves formatés, et qui s'amuse du fatalisme de nos ambitions.
Critiquant les conventions bourgeoises, 20 centimètres essaie de trouver une harmonie entre ces intermèdes enchantés et allégoriques, à l'esthétique homoérotique, et une réalité plus sordide, plus conflictuelle, moins idéale. "La vie est une tombola." Une loterie bien branchée cul, certes, délicieusement excentrique, jamais perverse, à peine subversive. Mais pas très joyeuse en grattant les couleurs chatoyantes. Pas facile d'être pute, on le sait depuis que le cinéma existe. Pas facile d'être entre deux sexes non plus. Et quand un trav' qui a envie de se la couper, un nain qui aimerait jouer du violoncelle, un gosse métis chouchouté par l'immeuble partagent le même lit, la vision est touchante et généreuse, mais presque plus utopiste qu'une séquence musicale. Le film défoule. Et séduira les foules.
Car Salvarez est habile. Que ce soit un sommeil de narcoleptique ou une séance de masturbation (et 20 cms, c'est forcément plus long à coulisser), le cinéaste en profite pour nous faire connaître les personnages, leurs aspirations, leurs désirs.
"- Il est bien foutu. Et il a une bite aussi grosse que la tienne." Mais voilà ça ne suffit pas. Et les tourments de cette Marieta sont bien au delà d'un bout de chair. Avant les femmes portaient éventuellement la culotte, maintenant elles peuvent prendre leur mari par derrière. Mais, et c'est la force du film, la castration s'avère plus puissante que l'amour d'un mec qui aime la queue. Et si nous avions peur que ce script ne parvienne pas à se régénérer aux deux tiers de l'histoire, s'éparpillant entre une histoire d'amour trop faible et des deux chorégraphies inutiles, se diluant dans des scènes moins intéressantes, si nous avions craint d'avoir déjà fait le tour des personnages, ce dilemme de physionomie (et donc d'identité) amène notre travesti au bord de la crise de nerfs.
Et contrairement aux contes de fée dans lesquels elle baignait, elle cherchera la liberté individuelle. C'en est finit des princes charmants. Même bien montés.
 
vincy

 
 
 
 

haut