Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Bac films  



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Riviera


France / 2005


 



FILLES A SEC





"- On va pas se faire emmerder par des marchands de pizza, non?"

Anne Villacèque n'a pas su entraîner ses personnages dans la fiction. Son regard documentariste mérite les louanges. Hélas, l'écriture de son scénario est piégée par un rocambolesque rebondissement qui rend la dernière partie du film grotesque et sans intérêt.
C'est regrettable car durant une heure, la cinéaste nous avait séduit avec ce portrait croisé de deux "losers", une mère et sa fille dans un décor de miroir aux alouettes, la Côte d'Azur. Lieu idéal pour tous les mirages. Le premier d'entre eux est parfois de confondre la mère avec la fille, de voir l'une se refléter dans l'autre. Celle qui a perdu ses illusions, femme de chambre dans un hôtel de luxe, incapable de se taper un mec, vivant par procuration les espoirs de sa fille. L'autre qui n'a aucune carapace, exploitant sa jeunesse, son corps, flirtant avec la prostitution, désarmée face aux hommes. Poupée qui dit oui et va se prendre quelques coups avant de pouvoir "mûrir". Riviera repose sur ce duo, bien vu, bien filmé, fascinant double "je". Le bleu Méditerranée omniprésent cache difficilement le blues permanent de ces "prolétaires" du luxe. Sans concession, que ce soit pour la mère ou la fille, le film dépeint une réalité sociale peu glorieuse : émissions de télévision débiles, solitudes pesantes, fausses lumières (néons et spots), discussions creuses, baises pathétiques. Les relations humaines sont d'une telle pauvreté que leur incommunicabilité fait peine à voir. Sans juger, la cinéaste constate la vacuité d'une vie sous le soleil et pleine de paillettes. Pétasses, pouffiasses, bimbos : tout est dans l'apparence, il n'y a aucune essence. Riviera illustre très bien cette superficialité, ce consumérisme, cette amoralité.
Les deux comédiennes - Miou-Miou et Vahina Giocante - sont parfaites dans leur rôle respectif de blondes déchues ou déçues. Négation de soi, soumission à des chimériques ambitions (célébrité, jeunesse, argent) : le scénario aurait pu se contenter de cet héritage troublant où la fille suit les pas de le mère, sans se préserver davantage. L'intrusion d'Elie Seimoun n'était pas une mauvaise idée. D'autant que le personnage n'est pas à l'aise dans ce monde faussement glamour : il ne sait jamais quelle pose prendre, comment bouger, quelle attitude avoir, un peu coincé, "les yeux tristes". Il ne trouve pas d'intérêt ni au porno ni à la messe télévisée. On pourrait le croire sensible, différent des machos peuplant cette Riviera. Hélas il s'avérera tout aussi dangereux. Tous les mêmes. Et du coup le film plonge dans un faux polar, une dénonciation simpliste presque anti-masculine (même le livreur de pizza n'est pas sauvé).
De l'esprit de midinette - j'ai encore rêvé d'elle en point d'orgue - au drame, nous sommes entraînés dans un mauvais feuilleton. L'oeuvre perd de sa vitesse, de son intérêt. L'observation est remplacée par l'imagination, hélas très faible, peu cohérente, mal aboutit. Les dernières scènes gâchent l'ensemble. Trop floues, trop mal justifiées, trop éloignées du propos initial.
Sans espoir, le film verse dans une forme de dramaturgie qui démontre le manque d'inspiration. Un grave défaut du cinéma français, incapable de faire rire ou jouir, de nous entraîner dans l'onirisme ou le délire. Du drame pour faire sérieux. Pas drôle le drame. Pas d'espoir, pas de joie. Pourquoi pas. Dommage qu'il faille en passer dans ce cas par un épisode à deux balles et brutal. Si encore il y avait eu une fluidité... La vie est quand même plus riche et plus légère qu'un fait divers. C'est peut-être ce qui manque au film de Villacèque : de la vie dans ce monde glacé, pornographique et morbide. De quoi sauver cette vision triste du monde à laquelle nous ne sommes pas obligés d'adhérer. Car finalement, c'est elle qui juge, à la fin, de la pathologie de ces êtres brûlés de s'être approchés du soleil.
 
vincy

 
 
 
 

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