Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Seven Swords (Qi Jian)


Hong Kong / 2005

30.11.05
 








VAGUE A LAMES

"Seuls les puissants connaissent leur destinée"

Alors que résonnent encore en nous les chorégraphies antigravitationnelles des « Il était une fois en Chine » ou les combats stroboscopiques filmés caméra à l’épaule de « The Blade », il est normal d’attendre d’un nouvel wu xia pian de Tsui Hark qu’il nous surprenne par on ne sait quelle forme inédite et à contre courant, confirmant le statut de cinéaste précurseur et expérimental qu’il s’est constitué en un quart de siècle et plus de trente films. S’il y a surprise, et bel et bien forme inédite, c’est celle qu’il n’a jamais employé jusqu’alors, à savoir poser plus souvent la caméra pour capter ses personnages au cœur d’un paysage, flirtant avec une joliesse complaisante ; allez, disons épique à la David Lean… Hark se serait-il assagi ou, considérant les succès remportés dans sa catégorie par d’autres plus enclins au compromis international – Zhang Yimou, Ang Lee – les aurait-il imité après le retentissant échec de son inclassable et définitif « La légende de Zu » ? Au bénéfice du doute, préférons y confronter ce qui reste en définitive à l’écran : une épopée flamboyante, parfois longuette, à l’intrigue tronquée d’une heure et trente cinq minutes qui n’est pas sans retentissement sur l’équilibre et la compréhension de l’intrigue et ses enjeux. Et en premier lieu l’origine des lames proprement dites qui est au cœur même du sujet... et du titre.
Dans l’ombre du grand Kurosawa ( « Les sept samouraïs » date de 1954, la même année où fut écrit le roman qu’adapte Hark dont on ne saura jamais qui a influencé l’autre), l’auteur de « The Lovers » semble s’être ici aussi plus intéressé aux turpitudes et à la vertu distincte et intellectuelle de ses héros, chaque caractère aillant par ailleurs un surnom symbolique : »Rédemption », « Firmament », « Infini » ou « Transcendance », faisant foi en la différence et leur symbiotique au combat pour faire fit à l’intolérance et l’oppression. Passée la cinquantaine, Hark pose après sa saga des « Il était une fois en Chine » un nouveau regard désespéré et nostalgique sur les valeurs éteintes de la tradition, accusant autrefois le colonialisme, aujourd’hui le mondialisme et son nivelage culturel par le bas. Il prône la préservation de ce qui nous distingue, le slogan sans doute hélas utopique que la force est l’union parfaite des différences, vérifiant la phrase d’Aristote arguant que « La somme des éléments séparés a moins de valeur que son ensemble ».
Dès lors, s’il traîne un peu la patte durant le long exode des villageois et les différents aller-retours de ses combattants (qu’illumine une splendide et émouvante séquence de remise à l’état sauvage d’un cheval par son chevalier), les séquences de combats qui ouvrent et closent le film font figure d’écrin. La première doit autant à « Mad Max » qu’au patrimoine martial et cinématographique asiatique alors que la seconde offre une occasion de prouver combien Tsui Hark est constamment en quête d’innovation formelle et chorégraphique. Loin des pixels survoltés de son précédent métrage, « La légende de Zu », corps et métal s’agencent ici dans d’ahurissants ballets qui ne répondent qu’à la grâce de leurs exécutants, les duels se relayant et morcelant l’espace sans jamais en perdre la cohérence. Véritable pied de nez à ses pairs, celui qui leur influa ses visions et ses méthodes de travail fait un majestueux volte-face en renouant avec le savoir faire des Chang Che, Chu Yuan et autres King Hu dans un film qui clame justement un retour à ces valeurs. Quelle réponse à nos doutes ! Quelle plus belle leçon à donner à ceux qu’il a vu occidentaliser le wu xia à la quête d’un Oscar ?
Quelle plus belle aigreur aussi de la part de celui dont l’expérience hollywoodienne fut un purgatoire ?…
 
Arnaud

 
 
 
 

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