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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mary
USA, Italie, France / 2005
21.12.05
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MYSTIC DREAMERS
"Pourquoi cherches-tu les vivants parmi les morts ?"
Ferrara en croisades ? Ferrara tourmenté ? Ferrara apaisé ? Le cinéaste, haut fascinateur en matière de traverses mystiques, méandres des coulisses cinématographiques, calvaires et autres urgences pour rédemption signe incontestablement ici un de ses films les plus personnels. L'après Passion du Christ de Gibson imbibé d'intimes et pacifiques réflexions en patchwork : Mary ou de ces choses qui gangrènent notre monde…
Idéologies, théologie, politique : de ces nuits new-yorkaises à la belle Jérusalem, Ferrara use de flashs et flammes pour nous offrir une sainte trinité vendue sous la coupe d'une révélation : celui d'un film qui nous offrirait le regard féminin originel. Le combat de Marie Madeleine, bien sûr, dite première chrétienne ; laquelle aura fécondément hanté notre Mary. Une actrice/spectatrice restée entre deux mondes parmi les apôtres ; tantôt apôtres du Christ, tantôt apôtre d'un metteur en scène jusqu'au-boutiste (Matthew Modine). Elle repartira en terre sainte pour nourrir son voyage intérieur. Point final : prologue de ce nouveau Ferrara avec lequel, nous l'aurons compris, Juliette Binoche trouve un rôle certes riche en beaux sentiments mais moindrement performant. Et ce ne sont pas les récurrents aller-retour du cinéaste entre son film et son soit disant objet - l'Evangile filmé - qui réaffirmera la présence de Binoche. Loin de tenir la vedette, l'actrice incarnera au moins LA nouvelle féminité du réalisateur. La divine, ici quasi-narratrice omnisciente, qui donne à méditer. Le classique chez Ferrara. Au final, le cinéaste ne fait que composer sur une énième histoire de calvaire(s), excès de notre bas monde obligent : crise personnelle du journaliste Ted (incarné par un impeccable Forest Whitaker), fin du modèle américain, déclin d'un empire idéologique comme médiatique, menace terroriste post 11 septembre de NY à Jérusalem, conflit israélo-arabe... Le tout sous la coupe d'une poigné de questions (dé)centrées sur le doute et la Foi. Qu'est-ce que la foi ? En quoi et pourquoi avoir Foi ? Icône statufiée de la liberté retrouvée Mary inspirera bien d'ouvertes méditations. Ferrara prédicateur ? Le cinéaste éclairci quelques peu sa vision de l'Amérique. Son film n'en demeure pas moins noir, catalysant en chaîne ces images d'un New York, d'une société, irréversiblement post trauma. Chaotique, cacophonique, angoissante, scintillante parce que sous les néons, projecteurs et caméras. Le microcosme où la mort fauche dès la naissance, sauf repentirs et prières, au hasard des déclins individuels et collectifs. Un brin démagogique. Ferrara filera en ligne droite jusqu'à Jérusalem sous les feux d'un attentat à la voiture piégée. La boucle est bouclée ? Question ouverte, déployée à souhait via d'enveloppantes performances esthétiques. Parfait pour se désengager et esquiver tout propos d'actualité. Du Ferrara, du beau, des couleurs, des textures, des lumières ; envoûtantes, de la Big Apple au lac de Tibériade. Une fresque tant enchanteresse qu'alarmiste. Tissage qui, à trop se jouer de collisions et autres jeux ionisés, s'appauvrira de lui-même. Force est de constater que Ferrara ne maîtrise qu'un temps son sujet. Epineuses accumulations, clashs annoncés, résolutions furtives : le cinéaste s'en sortira en posant l'évidente nécessité de croire. Croire ? En soi, certes, puis graduellement en dieu. Et après ? Un traitement ô combien naïf et fragile qui nous laisse sur ce sentiment d'avoir observé une fresque romanesque à l'abri de toute polémique. On connaissait Abel Ferrara plus affirmé.
Sabrina
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