|
|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
The Late Show (A Prairie Home Companion)
USA / 2006
06.12.2006
|
|
 |
|
|
|
THE LAST FILM
"- Si quelqu'un savait et n'a rien dit, il faut que je le sache."
Difficile de tirer sur une ambulance. Altman est mort après avoir vu le film, avant qu'il ne sorte en salles (en France). Devant ce cruel dilemme du critique, partagé entre l'éloge d'un cinéaste singulier et l'ennui réel que provoque son dernier film, il faudrait faire court.
A Prairie Home Companion est une forme d'oeuvre expérimentale (ou Lelouchienne, selon). Pas loin de The Company. Un scénario en guise de prétexte, histoire sans queue ni tête, sans intérêt réel. On ne la suit du regard que pour les comédiens : Streep (parfaite midinette et donc énervante), Tomlin, Kline, Harrelson, Reilly... Chacun dans le registre parvient à toucher la corde sensible et la note juste, que ce soit dans la fantaisie ou de drame.
Altman se laisse, hélas, embourber dans cette fascination du "making of". Plutôt que de construire un film aussi ambitieux que ses grandes réussites (Short Cuts, Gosford Park, MASH, Nashville) autour de cette magie qui transforme l'amateurisme des répétitions en spectacles bien rodés, il s'enlise dans un script invertébré où l'on ne s'attache à rien. Même l'ange Madsen ne réussit pas à nous appater/épater.
L'anachronisme nostalgique, la mélancolie faussement légère ne permet pas de donner au film une couleur autre qu'une forme d'hommage au film noir mixé à un reportage. Auquel il convient d'ajouter les numéros, intermèdes musicaux qui ne sera pas au goût de tout le monde... (pour un européen ça semblera un peu ringard). Et quand ils ne chantent pas, ils bavardent.
Requiem? Le film évoque ce qu'il montre : ils vivent tous dans leurs souvenirs et leurs fantasmes. "Une porte se ferme, une porte s'ouvre" (et aucune porte ne claque). Voilà une morale étrange et optimiste pour ce film ténébreux et fantomatique. L'époque révolue regrettée de la part de ce grand cinéaste doit faire place à une autre génération, mais ne doit pas oublier les traditions, la beauté des rituels, l'utilité du désordre... Une dernière ovation de la part du maître pour son univers (le spectacle) en dédiant ce film aux talents des artistes les plus humbles. Cette modestie et cette valorisation du travail est peut-être ce qui a toujours rendu le cinéma d'Altman moins banal que d'apparence. En explorant les mystères des muses, de l'amour, de l'humour et de la mort, en faisant un film sur les transitions, il passe le relais et fait sa révérence. Eteint les lumières. Il s'agissait de son dernier numéro.
v.
|
|
|
