Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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rko  



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La charge héroïque (She Wore a Yellow Ribbon)


USA / 1949

22.10.1949
 



LE VISAGE HEROIQUE





"a ne relève pas de mon service, monsieur."

John Ford père du cinéma américain, père de son sang et de ses racines est en général connu pour être la figure emblématique du genre westernien. Lorsqu’il tourne La Charge héroïque en 1950, il est au sommet de son art. Le film est le second volet d’une trilogie sur la cavalerie commencée par Massacre de Fort Apacheachevée par Rio Grande. Pour La Charge héroïque, John Ford retrouve son double à l'écran, John Wayne.

La Charge héroïque est un des plus beaux westerns de l’Histoire du cinéma car l'homme possédait une vision artistique unique et souvent grandiose. Il y a une mise en scène "fordiste" comme il y a une méthode de productivité en automobile.
Ici nous y retrouvons tous les éléments qui composent le cinéma de Ford et qui enracinent son oeuvre dans le mythe du cinéma hollywoodien et une forme de fantasme américain. La Charge héroïque est un film patriotique qui a pour origine toutes les traditions étasuniennes jusqu'à cette incarnation légendaire nommée John Wayne. Comme le glamour se nomme Marilyn ou la classe Cary Grant.
Wayne qui interprète le Capitaine Nathan Brittles, symbolise les valeurs américaines.Il s'agit d'un officier vieillissant plein de sagesse et d'honneur, n'utilisant que desmoyens pacifiques. Le charisme de Wayne - et sa devise « S’excuser est un signe de faiblesse. » représentent cette détermination et cette foi qui ont poussé les pionniers à aller jusqu'à la dernière frontière. C’est la tête haute et la poitrine en avant qu’un homme accompli son devoir. Il se doit également d’être éduqué, d’être gentleman et d’être prêt à sacrifier sa vie pour sa patrie. Un soldat, un vrai, dans le sens le plus noble du terme. D’ailleurs Brittles ne peut vivre en dehors de l’armée, il est attaché à elle aussi solidement qu’à la vie. La quitter c’est se donner la mort. Il est jusqu'au bout cette Amérique droite et juste.

Si John Ford s’inscrit profondément dans un traditionalisme américain avec cette Charge héroïque, il fait également appel à des thèmes plus personnels. C'est avant un film remplis de grands sentiments. Une magnifique épopée au cœur de l’Amérique sauvage (ses paysages coupent le souffle et font naître notre fascination pour ce pays), où l’amour y tient une forte place, forcément démesuré si il veut rivaliser avec la liberté qu'incite ces grands espaces.
Ce sentimentalisme ambiant que Ford affectionne tant... Par exemple, lorsque le personnage de John Wayne va se recueillir sur la tombe de sa femme, arrose les fleurs et lui parle comme si elle était encore là, à ses côtés. L’action se déroule au coucher du soleil et le ciel est d’une couleur orangée très forte qui souligne les fortes émotions qui se dégage de la scène. Et le coeur du gars. Ford a pour habitude d’exagérer les émotions, les pensées intimes éprouvées par ses personnages. Il magnifie ses actions, utilisant des couleurs très chaudes, des costumes aux couleurs vives : le jaune du ruban par exemple, qui donne son titre au film, où le rouge que porte le chef des indiens, allégorie de l'extrême barbarie de cet homme. Sans oublier les décors cinégéniques. Cette passion pour le grandiose, pour l’extraordinaire héroïse tout comportement et permet à John Ford, à partir d'histoires intimes de créer de grandes fresques américaines, grandes épopées où pourtant chacun n'est pas grand chose. La nature semble même les écraser. Comme la volonté de Dieu.

Mais cette bluette amoureuse n’empiète aucunement sur son sens de l’action et ses grandes chevauchées. Les quêtes humaines et les batailles acharnées se croisent et donnent une épaisseur, un relief rarement égalé dans un cinéma aussi épuré. Hormis, peut-être chez Kurosawa... John Ford, grâce au son de la trompette qu’elle soit militaire ou non, impose un rythme à son film qui s’élance alors tel un étalon au galop emmenant avec lui dans son sillage un spectateur transporté. Nous somems dans cette pulsion, ses énergies visuelles, ses impulsions. Tout semble primitif. Mais rien n'est primaire, ni même secondaire. Juste essentiel.
Dans La Charge héroïque nous trouvons tout l’amour que Ford porte pour cette Amérique sauvage et passionnée. Il pourrait certainement filmer pendant des heures des chevaux lancés en pleine course traversant les plaines arides de ces régions de l’Ouest, avec ce ciel immense qui nous noie et nous hypnotise. Oubliant ainsi notre misérable condition humaine de spectateur. Un western de premier ordre, un classique du cinéma américain où deux figures mythiques du 7ème art, John Ford et John Wayne, fusionnent.
Winton C. Hoch est également à saluer car il remporta en 1950 remporta l’Oscar de la meilleur photographie. En revoyant le film, on comprend à quel point cette récompense est justifiée. L'image nous transporte, littéralement.
 
Benjamin (& V.)

 
 
 
 

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