Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Something's Gotta Give (Tout peut arriver)


USA / 2003

04.02.04
 



PERSONNE NE DIT I LOVE YOU





"- Contraceptif?
- Ménopause!
"

Nancy Meyers a un talent certain pour écrire des comédies alertes, aux dialogues qui fusent. Clairement féministe, le point de vue soutient toujours une forme de moquerie à l'égard des hommes, êtres handicapés au niveau des sentiments, et complètement obsédés sexuellement. What women want, sa précédente comédie, n'en disait pas moins. Mais l'originalité tenait, alors, à faire vivre au pire des machos les confessions de ses dames. L'idée, brillante au départ, s'enlisait dans une comédie on ne peut plus standardisée par le formatage hollywoodien. Something's gotta give souffre du même symptôme. De bonnes idées qui se cachent sous le vernis d'un script trop classique. Rien ne heurtera tellement l'ensemble est lisse. Nous serons plus méchants sur ces fins moralisatrices (faut rentrer dans le rang) et très WASP (à hauts revenus). Cette Amérique de Myers n'a pas de soucis d'argent (ça permet un cadre bourgeois haut de gamme idéal) et n'ont qu'à se concentrer sur leurs inquiétudes égocentriques, essentiellement hormonales.
Tout peut arriver, sauf le fait d'être surpris. Nicholson cabotine comme dans toutes ses récentes comédies (ça lasse un peu). Amanda Peet expose son joli minois digne d'une sitcom. Frances McDormand, évidemment excellente, est évincée au bout de dix minutes. Quant à Keanu Reeves, il est davantage crédible en courtisan transi qu'en cardiologue palpitant. Reste Diane Keaton. Lady Diane. Le film n'existe que pour elle, et grâce à elle. Et quelle grâce! Un véritable show. Elle peut tenir 5 minutes entre crise de larmes et crise de rire, tout en nous déridant les zygomatiques. "Alors je suis cinglée", clame-t-elle. Pas faux. Mais tellement réjouissant.
Myers lui sert sur un plateau doré un rôle à sa mesure, une névrosée new yorkaise sortie d'un film de Woody Allen, entre répliques sarcastiques à encaisser et situations comiques à assumer. Face à cette épidémie de vieux loups lubriques dopés au viagra pour sauter la première bimbo née après 1970, Keaton trône, royalement, et transmet le message : mieux vaut avoir de l'esprit qu'un corps de déesse (quoique le sien vaille encore le coup d'oeil). Si tous les autres personnages, de l'Adonis Keanu au misogynes Jack, semblent caricaturaux, c'est bien pour révéler toutes les nuances d'une femme quinquagénaire moderne, de sa sexualité à ses troubles obsessionnels. On ne reprochera pas à la réalisatrice d'être en phase avec son temps, jusque dans cette drague électronique entre les deux monstres sacrés. C'est de l'humour hollywoodien, percutant, avec des mots bien roulés. Le cul est au centre des conversation, mais on n'en voit pas un brin.
Dans une société, puritaine donc, vieillissante, le film rend espoir aux pré-retraités : y a pas d'âge pour séduire, aimer et baiser (ce qui donnera d'ailleurs le seul vrai gag rigolo du film à propos du viagra). Evidemment, cela passe mieux quand il s'agit d'une femme aussi intelligente, originale, drôle et belle que Diane Keaton. Nicholson et elles font un beau couple de vieux schnocks. Mais, on s'interroge sur ce mâle souffrant du coeur (à force de ne pas aimer sans doute), trop ridicule pour nous emballer. Son arrivée à Paris est kitschissime (que les Américains cessent de mettre la Tour Eiffel de manière incongrue dans n'importe quel paysage) et il y est souvent maltraité à l'image.
Nous sommes plongés dans un vrai vaudeville, mec en caleçon et portes qui claquent compris. D'ailleurs, la pièce qu'écrit le personnage de Diane Keaton, ne fait que transcrire le film en transformant les délires de la réalité (fictive on s'entend) en vulgaire comédie de théâtre de boulevard: décors laids, costumes ringards... Comment Myers accepte d'abaisser sa création de la sorte? Le film se voulait élégant et se tire dans le pieds en se résumant ainsi à un sous-Feydeau pour Broadway. Heureusement, comme chez Woody Allen dans une autre comédie du genre, tout cela finira à Paris. Romantique fantasme et invraisemblable final. Le voyage pourtant n'est pas désagréable. Comme quoi tout peut arriver, même apprécier un film dont on connaît d'avance l'épilogue, écrit par le clone de Diane Keaton.
 


 
 
 
 

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