Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 21

 
Une fiancée pas comme les autres (Lars and the real Girl)


USA / 2008

24.12.2008
 



L’EXTRAVAGANCE DE MONSIEUR LARS





«- Le rêve ! Une meuf qui ne parle pas !»

Les névroses d’un homme pas si vieux, l’hostilité climatologique de son environnement, et un élément insolite qui vient perturber tout cela et mettre de la chaleur dans un drame léger et sensible. Mais Une fiancée pas comme les autres n’est pas un film indépendant américain comme les autres. Il n’est ni drôle, ni sordide, ni politique, ni vraiment romantique.
Indéfinissable ? Le film se situe, d’emblée, dans le territoire de la normalité. Le couple est banal, et la jolie Emily Mortimer n’est pas une femme fatale ou une bimbo blonde. Son beauf, héros de ce conte de la solitude ordinaire, est un Ryan Gosling talentueux, mais, pour le rôle, un peu grossi, mal fagoté, moustachu et pas sexy pour un cent. Il confirme qu’il est un des rares comédiens à pouvoir porter un rôle aussi fort, en jouant de subtilités apparentes et de nuances intérieures. Jouer un dépressif sans faire pitié ou pleurer n’est pas donné à tout le monde. Son comportement étrange, malhabile, timide, pour un mec de 27 ans n’inspire, cependant, jamais le mépris. Ni demeuré, ni con, pas même gay. Pas épanoui, il nous trouble. A l’instar de son personnage qui n’arrive pas à être embrassé, enlacé, nous ne savons pas comment le prendre. De ce mystère, naît le désir d’en savoir plus. Est-on dans un mélo où l’adultère surviendra ? Dans un thriller où la folie va s’emparer d’un homme aux allures attardées ?
Aucunement. Dans cette Province glacée, une poupée gonflable qui ressemble à Angelina Jolie va bousculer puis bouleverser une communauté reliée par l’église. Notre protagoniste est lui-même un fervent croyant, un doux allumé. Il souffre de ne pas pouvoir être touché. Aussi, il trouve dans une poupée la représentation de la femme idéale : il lui invente une vie, transforme cet amour virtuel en relation réelle. «Ce n’est pas bon de rester trop longtemps seul». L’illusion a ses vertus : il se sociabilise et retrouve le sourire. Or tout le monde constate ce paradoxe et du coup « rentre dans le jeu ». Après tout, si cela lui fait du bien. Se dessine donc un véritable hymne à la tolérance. Car Lars est un être gentil, sympathique, donc empathique. Un bon gars qui aurait aimé être amoureux mais se sent brulé vif quand on lui frôle la peau. Le scénario se déroule logiquement, joliment, servi par des comédiens doués, une mise en scène appliquée, discrètement efficace. Le rythme est languissant mais s’accélère, heureusement, avec la belle séquence de bowling, où le non dit en évoque plus que bien des images.
Mais derrière cette situation absurde, entre la peur d’aborder un amour réel et la complaisance à être dans une liaison stérile, Une fiancée pas comme les autres réussit le tour de magie qui est de nous rendre Bianca, la poupée, aussi existante qu’un autre personnage. Du coup, son destin provoque les mêmes émotions que s’il s’agissait d’un être humain.
Le temps d’une saison, ce cœur en hiver se réchauffera. La brûlure sera celle de l’amour et plus celle de la peau. Mais entre temps, il aura fallut à Lars d’avoir vécu une expérience étrange, où la solidarité des uns, la compassion des autres et l’ouverture d’esprit de chacun a contribué à rendre cet homme « meilleur ». En la partageant, le spectateur en sort forcément différent. Qui aurait pu deviner qu’on aurait été ému par une poupée en latex ?
 
vincy

 
 
 
 

haut