Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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El nino pez


Argentine / 2008

06.05.2009
 



QUE VIVA LA PASION!





« - Tu vas nager avec moi ?
- oui, jusqu’au fond
»

Le cœur d’une légende. Celle d’el niño pez, littéralement l’enfant-poisson, qui vivrait au fond d’un lac, près de là où Guayi a grandi. Et c’est à travers cette légende que débute et s’achève (si fin il y a) ce Roméo et Juliette des temps modernes, version homosexuelle d'un amour inconditionnel liant deux personnes. Ce conte, qui n’en est pas vraiment un, confère au film un côté presque mystique, hors du temps, et transporte le spectateur dans un tout autre univers, à la lisière entre la réalité et la magie d’un monde qui en est loin.

Dix ans après avoir couché sur le papier l’histoire d’el niño pez, Lucia Puenzo la transpose à l’écran en gardant intacte la trame principale du récit mais en en changeant le point de vue. L’histoire ne se vit (et se voit) désormais plus à travers les yeux de Serafin, le chien, mais à travers ceux de Lala (admirablement bien interprétée par la jeune Inés Efron, déjà aux côtés de la réalisatrice dans XXY), jeune fille issue de la bourgeoisie de Buenos Aires. Le film s’en trouve très poignant, dégageant une grande force et respirant une noirceur qui se mêle merveilleusement au désir charnel.

La relation qu’entretiennent Lala et Guayi est intense et passionnelle, mais également déséquilibrée. L’une (Lala) découvre l’amour tandis que l’autre (Guayi) a déjà été initiée, malgré elle, aux plaisirs charnels. La première voit donc l’amour avec un regard pur et innocent tandis que la seconde en perçoit les désillusions et les blessures. Mais la passion est bien là. Et si le regard de Lala traduit sa jalousie envers les différentes expériences de Guayi, cette dernière, elle, renaît dans les yeux de Lala puisqu’elle se sent alors autre, aimée.
Le récit, non linéaire, dévoile à lui seul les tumultes et les questionnements qui entourent cette passion difficile à vivre ouvertement de par son caractère homosexuel mais aussi (peut-être surtout) par la transgression des classes sociales qui fait qu’une jeune fille de bonne famille ne peut sortir avec la domestique. Il met également en relief l'ambivalence des personnages et le trouble qui les entoure, voire les submerge.

Paradoxalement, Lucia Puenzo, qui réalise ici son deuxième long métrage après XXY, filme très sobrement cette histoire éminemment passionnelle. Les deux jeunes actrices donnent un ton merveilleusement juste à Lala et Guayi, laissant plus transparaître de la force de leurs sentiments dans leurs gestes et leurs regards que par leurs paroles. Les corps se meuvent et s’expriment dans un mélange de sensualité et d'abandon qui ne cèdent rien à la facilité.
Lucia Puenzo entrelace si naturellement l’amour et le drame qu'il devient impossible de distinguer les deux. El niño pez gagne alors en intensité et marque le talent de cette jeune réalisatrice argentine qui, à travers l’œil subtil de sa caméra, sait donner sa place au corps (conquérant ou soumis, joyeux ou blessé) et capter l'éventail d'émotions exprimé dans un seul regard.
 
morgane

 
 
 
 

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