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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les regrets
France / 2009
02.09.2009
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KAHN YOU BE LOVED ?
"-Il faut qu'on arrête avant qu'il soit trop tard.
- Il est déjà trop tard."
Cédric Kahn en a bien conscience : l'amour-passion est un sujet plus que rebattu au cinéma. Il en livre pourtant sa version personnelle, charnelle et palpitante, dans un film certes inégal mais jamais artificiel. Ses personnages, Mathieu et Maya, incarnent à la perfection le célèbre adage : ni avec toi, ni sans toi. Dans un éternel mouvement de balancier, chacun d'eux passe à tour de rôle de l'amour au rejet, de la fusion à la fission.
Le réalisateur filme leurs pulsions quasiment animales comme la répétition d'une scène antérieure, originelle, dont il se refuse à dévoiler quoi que ce soit. Qu'a-t-il bien pu se passer entre ces deux-là, pour qu'ils aient à la fois si peur et si envie de se brûler les ailes ? Peu importe, seul le prolongement de ce passé intéresse Cédric Kahn. Alors il observe ses protagonistes comme un sociologue en immersion. Entre ces deux corps qui se cherchent et se mesurent, on sent un mélange d'abandon absolu et de fantasme de possession, de nécessité vitale et d'assouvissement forcément décevant. Après l'orgasme vient la parole, et avec elle la déconvenue. Mathieu et Maya ne sont heureux que lorsqu'ils font l'amour, leurs deux êtres fusionnant en une troisième entité toute puissante. Dès qu'ils se détachent, dès que la possibilité de se perdre réapparaît, ils se blessent, par crainte de souffrir à nouveau.
C'est là qu'interviennent les fameux "regrets" du titre, douloureux fantômes qui reviennent hanter les deux personnages. Insidieux, le regret est comme un serpent qui s'insinue au plus profond du cœur. Une fois qu'il est là, impossible de s'en débarrasser. Implacablement, il ternit nos meilleurs souvenirs et assombrit nos plus belles histoires. Quoi que l'on choisisse, on ne lui échappe pas : regret d'être resté ou d'être parti, d'avoir dit oui ou d'avoir dit non... Et dans tous les cas : sentiment d'avoir tout gâché. Comme un piège terrifiant auquel il est impossible d'échapper.
On en réchappe pourtant, montre le film. Pour s'y replonger de plus belle, ou alors pour avancer… c'est au spectateur de trancher. Cédric Kahn n'entend pas livrer une réponse toute faite. Essayant de se cantonner dans l'émotionnel, le ressenti, l'intime le plus enfoui, il se garde bien de juger, analyser ou même expliquer le comportement de ses personnages. C'est grâce à cette ligne de conduite que Les regrets, malgré ses longueurs, ses maladresses et son scénario qui, parfois, donne l'impression d'être cousu de fil blanc, parvient à exister au milieu de films au sujet semblable, et même à nous émouvoir.
MpM
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