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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les vies privées de Pippa Lee (The Private Lives of Pippa Lee)
USA / 2009
11.11.2009
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QUAND PASSÉ ET PRÉSENT SE CONJUGUENT EN MÊME TEMPS
« - À vrai dire, j’en ai assez d’être une énigme »
Les vies privées de Pippa Lee est tel un fil d’Ariane que le spectateur déroule faisant de nombreux allers-retours entre un présent à l’image d’une vie trop bien rangée et un passé d’une adolescence à la dérive.
Pippa Sarkissian, devenue Pippa Lee, aborde la cinquantaine aux côtés de son mari Herb, éditeur d’une vingtaine d’années son aîné et qui, pour des raisons de santé, a fui le bouillonement de la ville pour le calme de la banlieue sage. Pippa, sans résistance aucune, l’a suivi. À l’image d’une parfaite desperate housewive, sa vie passe doucement entre un mari vieillissant et un gigot d’agneau cuisant au four. Mais brusquement, cette vie trop parfaite lui apparaît pleine de craquelures, de fissures que de petits riens vont transformer en véritable abîme. La vie de Pippa Lee s’effrondre petit à petit et c’est alors tout son univers qu’elle va chercher à reconstruire.
Pour son nouveau long métrage, Rebecca Miller a fait appel à de grands noms du cinéma pour interpréter les seconds rôles (Julianne Moore, Keanu Reeves, Winona Ryder, Monica Bellucci…). Malheureusement, ils ne font pas véritablement le bonheur du film. Ces personnages semblent beaucoup trop clichés et perdent alors de leur intérêt premier. Mis à part le rôle tenu par Winona Ryder en hystérique toujours au bord de la crise de larmes et de nerfs, les autres n’apportent finalement pas grand chose. Le film se tourne alors vers d’autres personnages et s’appuie essentiellement sur le très interressant duo d’actrices formé par Robin Wright Penn (trop rare sur les écrans) et Blake Lively (révélée par la série Gossip Girl).
À elles deux, elles réussissent à donner une véritable force au personnage de Pippa Lee. Loin d’être simplement binaire, ce personnage se révèle au grand jour avec de nombreuses facettes s’imbriquant les unes dans les autres, apportant ainsi à Pippa Lee un caractère beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît en surface.
De plus, Les vies privées de Pippa Lee reposant sur cette interaction entre passé et présent, Rebecca Miller réussit admirablement bien à amener visuellement les nombreux flashback. Ceux-ci se fondent dans le film, faisant corps avec le récit au présent. Ces incessants passages entre le passé et le présent créent alors une atmosphère envoûtante dans laquelle le specateur se laisse planer et se plaît à se perdre.
La réalisatrice réussit alors une belle mise en scène peignant un émouvant tableau de la crise de la cinquantaine sans basculer dans les clichés et en respectant la complexité de son personnage. Le film se révèle être une image tendre d’une femme qui réalise que vivre pour elle est aujourd’hui plus important que vivre pour les autres. Rebecca Miller aurait cependant pu laisser certains personnages secondaires de côté pour se concentrer presque uniquement sur Pippa Lee et les deux actrices qui la façonnent. Le film en retire quelques moments d’agacement mais n’en ressort pas pour autant entâché, Robin Wright Penn et Blake Llively faisant joliment oublier le reste.
Morgane
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