Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Psychose (Psycho)


USA / 1960

02.11.1960
 



THE SHOWER MUST GO ON





"Le meilleur ami d'un garçon, c'est sa mère"

Quand on commence à s’intéresser un minimum au cinéma, viennent d’abord les titres des films cultes. Ces films à voir à tout prix avant de mourir. Ces films qui ont inspiré mille articles, des ouvrages entiers, mais qui ont aussi révolutionné un genre, une génération voire même le cinéma tout entier. A l’instar de Citizen Kane, Psychose fait parti de ces films qui ont laissé une empreinte indélébile dans le 7ème art. Sorti en 1960, il y a un avant et un après Psychose, un avant et un après la scène de la douche.
Psychose est un film très atypique dans la filmographie d’Alfred Hitchcock. Il survient pendant ce qu’on pourrait appeler l’âge d’or hitchcockien parce qu’il se place juste après Vertigo et La mort aux trousses et juste avant Les Oiseaux. Un enchainement de chefs d'oeuvres visuels, abstraits, surréalistes même. Et tous très psychanalytiques.
La conception de Psychose et tout ce qui entoure le film contribue également à son mythe et nourrit son unicité. En effet, Alfred Hitchcock qui avait également du succès avec sa série « Alfred Hitchcock présente », a exprimé sa volonté de travailler pour une fois sur un projet au budget restreint et avec une équipe réduite. Et bien que la Paramount ait refusé d’écrire un synopsis du roman de Robert Bloch, Hitchcock se lance dans le projet. Il revient également au noir et blanc, il se permet du tuer la seule star du film, Janet Leigh, au bout de 35 minutes de film et, grande nouveauté !, il fait interdire l’entrée à tout spectateur après le début du film.
Hitchcock étant devenu un roi de la publicité, on peut aujourd’hui apprécier dans les bonus du dvd la bande-annonce de l’époque où Hitch, lui-même, sur les lieux de l’action ménage le suspense et déclare que même la reine d’Angleterre ne pourra pas rentrer dans la salle après le début de la projection. Certains ont bien essayé mais la règle ne fut jamais transgresser. Un cinéma américain a même offert à une femme enceinte une chaise pour attendre la séance suivante. Hitchcock voulait en effet palier à cette habitude américaine d’arriver en retard aux séances. Il désirait garder le suspense intact pour plus d’effets sur le spectateur. Kubrick fera de même quelques années plus tard avec chacun de ses films, allant jusqu’à faire repeindre les murs d’une salle de cinéma trop « brillants » pour la projection d’Orange mécanique. Perfectionnisme, quand tu nous tiens…

Psychose est un piège dans lequel chacun se perd. Perdu par la beauté de Janet Leigh (Marion) qui, passant d’un soutien gorge blanc (l'ange) à un soutien gorge noir, tombe dans le Mal, vole 40 000 dollars et fuit dans une direction inconnue. La jeune femme veut échapper à son morne quotidien, elle en rencontre un autre mais qui, si l’on creuse un peu, ne semble pas si normal que cela. Norman Bates (Anthony Perkins), le schizophrène le plus célèbre de l’Histoire du cinéma, mais aussi charmant garçon qui dirige seul (ou presque) le Motel Bates. Bien sur, la belle se fera poignardée de 7 coups de couteau alors qu’elle se prélasse sous la douche. Et cela conduira à une enquête de la part de la sœur de Marion, de son petit ami et du privé qu’ils ont engagé. Il y a des secrets qu’on devine sordides. Il y a aussi une mère qu’on ne voit pas, mais dont la voix criarde est insupportable. Et puis, il y a un meurtre (encore !) perpétré sous cette musique oppressante et stridente de Bernard Herrmann.
Alfred Hitchcock nous manipule d’une telle façon qu’il parvient à créer une sorte d’empathie pour Norman Bates (notamment lorsqu’il tente de couler la voiture dans l’étang, et que celle-ci, un court instant, stoppe sa course vers les profondeurs…). Être chétif, écrasé par sa mère. Homme solitaire (certainement encore vierge), coupé du monde qui vit sous la tyrannie de sa vieille figure maternelle. Enfant encore martyrisé et blessé par ses traumatismes d’antan. Oui, Norman Bates est autant un enfant qui n’a pas réussi à grandir, un homme poli et souriant, qu’un fils dérangé et instable. Et derrière ce sourire si plaisant se cache des choses si noires, avec ses oiseaux empaillés et cette maison, si obscure, si inaccessible… Oui le secret est permanent, dévoilé petit à petit mais jamais complètement pour avoir une vision globale du tableau, le mystère n’est jamais levé. Hitchcock parvient à tenir le spectateur tout du long dans un sentiment qui se partage entre l’inquiétude et la volonté d’en savoir plus.
Mais qui sait ce qui peut se passer dans ce motel délabré, presque abandonné, devenu avec l’âge un lieu de perdition. Car oui, le motel Bates remplit le stéréotype en général attribué à ce symbole purement américain : le motel comme lieu de délabrement. D’un côté c’est le gérant qui utilise l’endroit pour des affaires malfaisantes ou alors ce sont des clients aux mœurs douteuses qui viennent y chercher un coin tranquille. Dans Psychose, ce sont les deux !
C'est un film qui à chaque vision laisse le cœur tremblant.
 
Benjamin

 
 
 
 

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