Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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600 kilos d'or pur


France / 2010

25.08.2010
 



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«- On a commencé ensemble, on va finir ensemble.»

A la suite d’un Ca$h, film agréable plutôt bancal, sortit en 2008, le cinéaste Eric Besnard s’est dit qu’il était préférable de changer de registre. Voire de décor. La Guyane française devient donc la nouvelle destination d’un long-métrage aguichant avec ses mines d’or, sa jungle et ses aventuriers d’un autre temps. Le changement est radical, l’esprit du film aussi, bien que l’idée de départ (une histoire de vol qui tourne mal) n’est pas sans rappeler son dernier long-métrage. La comparaison s’arrête pourtant là et 600 kilos d’or pur, tout en restant un film de commande, lorgne plus du coté du Ruffian (Ventura, Giraudeau, Cardinale, le Canada des Rocheuses) que de l’Africain (Noiret, Deneuve, l'Afrique des grands lacs). Ce qui, en l’état, n’est pas pour nous déplaire.

Mais avant de nous surprendre, le film nous inquiète. Et pas qu’un peu. Que dire de cette première partie si laborieuse qu’elle s’avère presque inutile. Peu crédible elle est évacuée à la va-vite, empile les stéréotypes et manque de créativité narrative. Le résultat, contraire à l’effet escompté, ruine considérablement le développement psychologique d’une deuxième moitié immersive, oppressante, implacable. Non pas que le vol de 600 kilos d’or soit une mauvaise idée en soi, il demeure beaucoup trop factuel pour servir de rampe de lancement à cette bande d’aventuriers attirée par la couleur d’un or hypnotique à en crever. Les personnages principaux, taillés à la serpe (politicien corrompu, aventurier au grand cœur, orpailleurs mafieux armés jusqu’aux dents, veuve en quête de vengeance…), n’arrivent jamais à motiver une narration fonctionnant sur le motif du concours de circonstance. Le cinéaste ne s’attarde pas sur l’organisation du casse de la mine d’or, balance quelques répliques censées légitimer le passage à l’acte puis organise la scénarisation – mauvaise et téléphonée – du grain de sable qui doit faire capoter le braquage. Et c’est précisément là où Eric Besnard veut en venir…

Le réalisateur ne se cache pas derrière une mise en scène tapageuse mais abrège artificiellement la partie du vol pour nous plonger au cœur des ténèbres d’une jungle à la lisière de la folie. Il veut nous prendre de court, réussi à nous surprendre, pas à nous mettre dans l’ambiance. En tout cas pas tout de suite. Ce qui sauve 600 kilos d’or pur de la mécanique scénaristique à l’emporte-pièce est à mettre à l’actif du traitement sans concession de la deuxième partie. Celle-ci ne rigole pas. Jamais. Besnard, tournant ainsi le dos au ton facile de la bonne vieille comédie d’aventure à la française, se libère enfin en laissant la jungle prendre le dessus. Et la caméra s’allège des contraintes narratives pour décortiquer les comportements de nos fuyards tour à tour vulnérables, fragiles, suspicieux, démoniaques, fous, meurtriers. Si le réalisateur à du mal à se renouveler, il nous offre un enfer verdoyant vraiment saisissant : corps meurtris, âmes pliées, certitudes ébranlées. Alors oui, la morale est simpliste (la nature a toujours le dernier mot) et l’héroïsme sacrificiel du héros sans doute un peu trop circonstanciel. Mais cette plongée dans l’absolu d’une promesse de richesse facile mérite, malgré le côté bancal de l’aventure, le coup d’œil.
 
geoffroy

 
 
 
 

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