Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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L'avocat


France / 2011

26.01.2011
 



LA FIRME





«La vie telle que je l’avais envisagée est partie en vrilles.»

Histoire de changer un peu des sempiternelles figures du policier et du voleur, ce film s’intéresse à celle de l’avocat. Pour le flic, la loi doit être respectée et appliquée tandis que pour le bandit, la loi peut être détournée ou contournée. Tout est une question d’interprétation et interpréter la loi c’est justement le métier de l’avocat, qui est lui au service du hors-la-loi. Cela fait déjà des dizaines d’années que le cinéma américain propose des films sur le personnage de l’avocat qui sert les intérêts des voyous, par exemple La firme ou L’avocat du diable. Il était bien temps qu’un film français s’accapare de ce sujet, c’est ce qu’a fait le réalisateur Cédric Anger.

La première scène montre Benoît Magimel avec du sang sur le visage, et c’est parti pour le récit de son histoire dont on savait déjà que les choses tourneront mal. On le découvre jeune avocat qui commence dans la profession avec l’idéal de faire le bien et d’aider les autres. Après quelques petites affaires où son talent pour la plaidoirie est remarqué, il est engagé pour défendre un homme accusé de s’être attaqué à un camion de transport, et il échappe à la condamnation. Cette victoire lui vaut une proposition qu’il espérait depuis longtemps : une grosse affaire à défendre, du genre à lui apporter argent gloire et vanité. Ce client c’est Gilbert Melki, chef d’entreprise à la réputation sulfureuse, et sa mission est de lui éviter des ennuis avec la justice. L’avocat commence à le défendre pour une accusation de contrebande où l’entrepreneur est finalement relaxé. Désormais son contrat est de faire en sorte qu’il ne soit plus jamais inquiété, il s’agit de parer sa société de retraitement de déchets contre tout risque d’accusation. Et c’est déjà trop tard : l’avocat est déjà pris dans un engrenage dont il peut plus s’échapper. Les pratiques commerciales de son patron sont celles du grand banditisme, et désormais l’avocat travaille pour lui comme un complice...

« L’avocat est le soldat de ses clients.»

Curieusement tout le monde sait que son client est un dangereux maffieux mais l’avocat lui va mettre du temps à s’en rendre compte... Si l’intention est louable de raconter ce parcours d’un jeune avocat idéaliste (naïf) grisé par le succès (l’argent facile) qui s’égare dans la compromission de l'illégalité (à l’insu de son plein gré), le scénario réserve peu de surprises. Et pourtant avec une trame finalement assez prévisible le réalisateur réussit à donner forme à un suspens tout de même assez prenant. Le film montre comment ce jeune avocat de 32 ans promis à un bel avenir s’enfonce dans une spirale de trafics. Il va trahir progressivement ses idéaux de moralité et de justice, son cabinet où il exerce son métier, la confiance de sa femme... Il y a une chose que l’avocat ne doit absolument pas faire : trahir son client. Un avocat dort avec sa femme mais il vit avec ses clients. Benoît Magimel devient peu à peu un rouage de l’organisation criminelle de Gilbert Melki. Mais plusieurs menaces se profilent contre l’avocat, et il va se retrouver piéger sans porte de sortie…

« Il y a des clients qu’on ne quitte pas facilement. »

Cédric Anger parvient à ancrer son film dans le contexte d’une réalité qui est dans le domaine du crédible. Son premier film derrière la caméra Le tueur souffrait d’être trop stylisé, comme souvent quand on veut prétendre mettre en scène un polar singulier. L’avocat compte son lot de plans réussis (l’intimidation avec un poulet) et complètement ratés (l’envoi du texto) mais surtout le film montre en quelques scènes l’étendue de la corruption pour le marché très lucratif de retraitement des déchets toxiques où ce qui est le plus contrôlé ce sont des formulaires de papier à remplir. Ce n’est pas tant les actions des différents protagonistes mais plus leurs conséquences qui importent. Le réalisateur se repose sur l’intrigue pour mieux donner du relief à son héros, à ses troubles et à ses doutes. Après avoir interprété des rôles de flics (Les rivières pourpres 2) et de voyous (Truands) où il n’était pas particulièrement convaincant, Benoît Magimel s’en sort à merveille en avocat où son jeu peu expansif sert l’ambivalence de son personnage. L’avocat est d’abord l’histoire d’un homme qui va lui-même provoquer sa perte. Une spirale infernale qui captive autant qu'elle interroge sur notre système.
 
kristofy

 
 
 
 

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