Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le rite


USA / 2011

09.03.2011
 



LE DIABLE SONNE TOUJOURS DEUX FOIS





« Ne pas croire au Diable ne vous protège pas de lui. »

Imaginons qu’une personne gigote dans tout les sens avec des propos incohérents, par exemple une hystérique qui lance même des insultes, de quoi peut-elle bien souffrir ? Peut-être un accès de fièvre ou de folie, un abus d’alcool ou de drogue, la maladie de Parkinson ou de la vache folle… Inutile de chercher plus loin, en fait elle est possédée par le démon ! Et il faut alors l’intervention d’un prêtre exorciste !

Si de nos jours cela peut paraître incroyable, il faut se rappeler qu’il fût un temps où un comportement hérétique pouvait entraîner une condamnation à mort pour sorcellerie. En 1973, le réalisateur William Friedkin met en images un film adapté d’un roman à propos de cette croyance, et L’exorciste devient alors une référence du cinéma fantastique et surtout un immense succès qui se compte en centaines de millions de dollars. Dès lors la tentation est grande de spéculer sur la même recette avec les multiples suites et autres variations plus modernes pour les plus jeunes qui n’ont pas vu l’original, comme L’exorcisme d’Emily Rose ou Le dernier exorcisme… Pourtant aussi imparfait soit-il L’exorciste de William Friedkin est inégalable, et la seule manière de profiter de nouveau au cinéma de ce folklore est de se détacher le plus possible de ce film culte, comme le fait par exemple Jusqu’en enfer de Sam Raimi. De l’originalité, c’est ce qu’on attend, et c’est ce que promettait Le rite avec Anthony Hopkins.

« Ne pas croire au Diable ne vous protège pas de lui. »

Le rite peut en effet se baser sur une nouvelle façon d’aborder la figure de l’exorciste qui intrigue ou fascine à en faire peur. Il est adapté d’un livre à propos d’une décision prisé par le Vatican en 2007 : former de nouveaux prêtres à la pratique de l’exorcisme. Cela donne l’opportunité d’un début de scénario intéressant où un prêtre est envoyé à Rome pour découvrir ce qu’il en est.

Le film commence donc par nous présenter un jeune séminariste qui n’a pas encore prononcé ses vœux, ce n’est d’ailleurs même pas quelqu’un qui a vraiment foi dans la religion. C’est ce personnage de sceptique que l’on va suivre jusqu’à son arrivée à Rome pour la découverte de ce qu’est un exorcisme : comment déterminer si une personne est vraiment possédée par le démon et comment la soulager. Et toute cette première partie est assez documentée pour nous emmener vers une réalité du catholicisme : il y aurait des symptômes de possession et il y a un rite à suivre pour chasser le démon.

Le film évolue comme une forme d’enquête sur la théologie, et ce jeune prêtre qui doute de la réalité de l’exorcisme amène un questionnement inattendu dans ce genre de petit film d’exploitation. Nier l’existence du Diable (dont la possession démoniaque est une manifestation), c’est aussi interroger l’existence même de Dieu : car ‘celui qui ne croit pas au démon ne croit pas à l'évangile’ aurait déclaré le pape Jean-Paul II.

Le jeune prêtre qui doute (le premier grand rôle de l’irlandais Colin O’Donoghue) est alors amené à rencontrer un vieux prêtre (Anthony Hopkins) qui lui a déjà pratiqué de nombreux exorcismes. Le cas d’une jeune fille enceinte qui est victime de phase délirante sème le trouble : elle serait visiblement possédée par un démon…

« Quelle preuve ? Que ferions-nous si nous la trouvions ? »

Après une première partie ancrée dans la réalité qui nous conduit habilement à l’ésotérisme et au fantastique, le spectateur est enfin comblé avec le passage obligé d’une séance d’exorcisme plutôt réussie. Anthony Hopkins est particulièrement convaincant dans son rôle de prêtre exorciste, la victime à délivrer du démon est vraiment surprenante, et le jeune prêtre sceptique doute de plus en plus.

Le film change alors de direction pour prendre alors un virage regrettable vers un fantastique de plus en plus artificiel. Le réalisateur cherche à nous inquiéter avec quelques hallucinations visuelles (un mulet aux yeux rouges sorti de nulle part) et sonores (bruitage d’un grincement quand un ongle racle un carrelage, voix doublée avec plusieurs intonations), des clichés qui tranchent avec l’académisme de la première partie.

En même temps, le personnage de Anthony Hopkins s’empare du premier rôle au détriment de Colin O’Donoghue, et surtout au détriment de l’intérêt de l’histoire qui nous est racontée. Si au début Hopkins est parfait, cabotinant juste ce qu'il faut, ensuite il semble de plus en plus partir en roue libre à la limite de l’auto-caricature. Et on se dirige vers une confrontation mystique aux effets spéciaux visiblement trop numériques.

Les amateurs de surnaturel trouveront tout de même dans Le rite les sensations attendues et prévisibles propres à ce genre de film. Et c’est probablement l’influence d’un démon maléfique qui vous fait lire que débuter un film avec une ambiance qui vise Le nom de la rose et le terminer avec un affrontement proche de Scary Movie 2, c’est tout de même une belle descente aux enfers…
 
Kristofy

 
 
 
 

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